Questions de société
Les jolies primes des directeurs de Sciences Po (Mediapart)

Les jolies primes des directeurs de Sciences Po (Mediapart)

Publié le par Marc Escola

Sur le site Mediapart, en date du 13/12/11 :

 

C'était il y a quelques mois. Le directeur d'un département de Sciences-Po appelle son assistante : il y a un problème, explique-t-il, Sciences-Po a versé trop d'argent sur son compte bancaire. Vérification faite, rien d'anormal ne s'est produit. L'institution a simplement oublié de prévenir son illustre salarié du versement de sa prime de résultat.

A l'IEP, la question des rémunérations de l'équipe dirigeante est aussi taboue qu'ailleurs. Elle se pose cependant avec plus d'acuité dans l'école d'une partie des futurs dirigeants politiques et économiques : les primes des cadres dirigeants atteignent en effet plusieurs centaines de milliers d'euros par an, selon les informations recueillies par Mediapart. Elles sont attribuées en toute opacité par le directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, Richard Descoings.

Alors qu'il entame son quatrième mandat à la tête de cette institution qu'il dirige depuis 1996, et qu'il vient d'annoncer une réforme complète du concours d'entrée à l'école, Mediapart révèle les coulisses dorées de l'école de la rue Saint-Guillaume.

C'est en effet l'un des secrets les mieux gardés de la rue Saint-Guillaume. Chaque année, le directeur et les grands cadres dirigeants, membres du comité exécutif (le «Comex», qui réunit la douzaine de directeurs de l'école), touchent une prime de résultat en plus de leur salaire.

En 2011, le montant de ces primes annuelles oscille entre 10.000 et plus de 100.000 euros par bénéficiaire, selon les informations rapportées à Mediapart par un cadre dirigeant. Au total, 295.000 euros de primes sont distribués, selon lui, à dix membres du Comex en 2011. Mais l'année précédente, l'enveloppe était encore plus grosse : pas moins de 420.000 euros, presque un demi-million d'euros, ont été partagés entre neuf personnes. L'une d'entre elles a reçu une gratification de 200.000 euros. «Qu'en 2011, en pleine crise économique, les directeurs touchent des primes de résultat, c'est choquant, confie un cadre de l'IEP, cela n'a rien à voir avec une quelconque fonction d'utilité publique

De plus en plus financée par les droits d'inscription qui ne cessent d'augmenter depuis quinze ans (jusqu'à 9.300€ par an pour le collège universitaire, et 13.000€ pour le master, sur l'année 2011-2012) et le mécénat d'entreprises, la rue Saint-Guillaume reste majoritairement abondée par l'Etat. En 2010, 57% de son budget provenait de subventions publiques (contre 58% en 2009 et 59% en 2008). Pourtant, les rémunérations des dirigeants de Sciences-Po dépassent de très loin la grille des salaires des universités françaises. Cet usage très particulier des fonds publics au profit d'une douzaine de personnes bénéficie d'une étonnante tolérance.

Autour de Richard Descoings, on trouve onze autres directeurs, dont son épouse, Nadia Marik (directrice adjointe et directrice de la stratégie et du développement). Ils sont en charge des études et de la scolarité, des ressources humaines, des affaires internationales et des échanges, de la direction scientifique... Ils sont nommés et renvoyés par Richard Descoings lui-même. 

« Ce n’est pas Goldman Sachs »

Qu'en est-il de la rémunération de Richard Descoings, justement ? Son salaire n'apparaît nulle part en tant que tel dans les comptes. Mediapart l'avait publié dans une précédente enquête: son salaire mensuel s'élevait à 17.408,17 € brut en 2005, selon un document comptable que nous avions obtenu.

Selon un cadre dirigeant, il est aujourd'hui d'environ 25.000 € par mois. Sciences-Po ne confirme pas ce chiffre et ne souhaite pas communiquer sur les montants individuels mais reconnaît que son niveau a augmenté depuis 2005. Ces montants très élevés détonnent par rapport aux rémunérations habituelles de l'enseignement supérieur. A titre de comparaison, un président d'université touche entre 4.500 et 6.000 euros par mois environ.

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Et, toujours sur Mediapart, la suite de la suite, soit les remous suscités par la parution du premier article…