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Les Français peints par eux-mêmes

Les Français peints par eux-mêmes

Publié le par Alexandre Gefen

Le séminaire sur la littérature panoramique va continuer ses travaux l'an prochain sous la forme d'une journée d'études,  à la Maison de Balzac, le samedi 31 janvier 2004, sur
Les Français peints par eux-mêmes
 
à l'occasion de la parution d'une partie de cette oeuvre collective dans la collection "Omnibus"/ la Découverte.
Il nous a paru, en effet, que c'était une bonne occasion de relancer les choses, sur un corpus restreint, mais sans perdre de vue l'idée de départ : faire avancer notre connaissance de la littérature panoramique  (de Sébastien Mercier à la fin du XIXe siècle).
 
Je souhaite que les destinataires du présent message me proposent des sujets d'intervention ou me confirment les propositions déjà faites.
 
Je joins de nouveau en attaché l'exposé des motifs qui avait été formulé pour servir de cadre à une série d'activités de recherche, dont la présente journée d'études serait une sorte de prologue.
 
José-Luis Diaz
 

Université Paris 7 - denis diderot
Équipe XIXe siècle

Groupe de recherche sur la littérature panoramique

Atelier de recherche sur «La littérature panoramique», en collaboration avec la Maison de Balzac, dans la continuité du Séminaire littéraires/historiens sur lidentité.

Le projet est danimer ce séminaire au moyen de diverses journées détude espacées dans le temps, et liées à des expositions à la Maison de Balzac. Le principe serait de faire le travail scientifique avant, et que les expositions, tirant profit de nos avancées, se fassent après, avec publication dans le catalogue de ces expositions de quelques-unes de nos contributions, les plus propres à illustrer le thème de chacune: en particulier les exposés portant sur ce qui est le plus facilement «montrable», les «illustrations». Restera donc, en principe, à trouver un autre débouché pour le reste de nos travaux, ce qui ne devrait pas poser problème.

Pour faire avancer un peu les choses, je propose que nous partions de lhypothèse suivante, à discuter au fil de nos prochaines réunions.

Trois pôles successifs seraient à envisager:

1. La littérature panoramique, de Sébastien Mercier à Charles Virmaître:

Dabord, prendre en considération cette littérature que Walter Benjamin nous propose de rebaptiser «littérature panoramique» (ce qui est un terme générique commode, et manquant jusque là), létudier pour elle-même, en tant que telle, sattacher à définir sa chronologie et ses différentes formes, entre Sébastien Mercier et la fin du XIXe siècle. Car le paradoxe, cest que, hors rares cas, ces «Tableaux de murs», ces «Tableaux de Paris», mais aussi ces «Physiologies», ces «Codes», ces «Guides», ces «Voyages à Paris», etc. nont pas été étudiés en tant que tels, mais en tant que fournissant des informations sur lévolution des murs. On les a beaucoup pillés, et relativement peu étudiés. Il ne sagit pas là dopposer une saisie de «littéraires» à une saisie d«historiens», mais de prendre en compte, de manière objective, le déploiement extraordinaire dans lhistoire littéraire de ce pan de littérature (ou de «para-littérature» si lon veut), dont la Bibliographie parisienne de Paul Lacombe donne un témoignage visant à lexhaustivité.

En partant de deux angles différents mais complémentaires, cest dans ce registre que se sont faits les exposés que nous avons déjà entendus dans le séminaire (Marie-Eve Thérenty et Judith Lyon-Caen/Dinah Ribard); cest sur ce sujet que porte aussi la première moitié du livre de Karlheinz Stierle.

2. Paris, ville-spectacle :

Un second pôle de recherches et aussi le thème dune autre journée détudes (ou dun peu plus) consisterait à sattacher à la problématique urbaine. Contestant en partie la pertinence de lélection du «passage» par Walter Benjamin comme lieu emblématique de la ville (en tout cas pour ce qui concerne lavant 1850), Karlheinz Stierle préfère faire passer laxe (imaginaire) de la ville à lépoque de Balzac au carrefour de ces deux figures diversement modernes: le flâneur et lomnibus. La discussion ce point sannonce passionnante et devrait être élargie. On pourrait peut-être la recentrer autour de la double problématique suivante : lidée que le Paris du XIXe siècle est à la fois un lieu de passage, de mutations, mais aussi un lieu qui se met en scène, qui soffre en spectacle, qui se construit dans une logique de représentation, cela en particulier, sous linfluence des nécessités du déploiement visuel de la marchandise. Ce qui nous inviterait à essayer de comprendre le «Paris en spectacle» selon la double logique du montré et du caché: il y a, dune part, ce quon exhibe, ce que les tableaux de Paris visitent sans cesse (le Palais-Royal, les passages, les Panoramas, les jardins, etc., lieux incontournables dun Paris-de-convention, dont les figures évoluent dailleurs au cours du temps) et le «Paris inconnu» (Privat dAnglemont), celui des égouts, de la morgue, de la nuit, des «filles», des halles, qui accèdent cependant, à mesure le XIXe siècle avance, à une visibilité compensatrice.

3. La littérature panoramique et la transformation des identités:

Enfin, un dernier champ de recherches devrait consister à reprendre le fil conducteur initial du séminaire, celui des mutations identitaires dont ces «Tableaux de murs» et ces «Physiologies» sont, au même titre que le roman contemporain (en particulier balzacien), à la fois des observateurs et des «manipulateurs». Car cest bien de cela quil sagit, en fait, de transformer en catimini le jeu social sous prétexte de lui tendre le miroir. Il sagirait donc détudier cette fois le tableau des identités mouvantes, en crise, que nous présentent ces divers ouvrages le plus souvent collectifs; de voir comment ils sélectionnent des vedettes de la «comédie sociale» (le gamin, la grisette, létudiant, le rapin), «doublonnent» sur des «types» à la mode, quitte à laisser dans lombre dautres pans du tissu social. Il sagirait aussi détudier quelle vision socio-historique densemble anime ces découpages. Et de prendre en considération lhistoire de ces représentations, en partant de Mercier jusquà la fin du XIXe siècle.

Ce qui pourrait donner lieu à des expositions et des réflexions particulières sur divers types particulièrement présents et devenus légendaires (les femmes, les «scènes de la vie de bohème», Sa Majesté le Bourgeois, par exemple).