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Les fictions du modèle : imitation et inspiration

Les fictions du modèle : imitation et inspiration

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Rodolphe Dalle)

Colloque Les fictions du modèle : imitation et inspiration Université de Nantes

centre de recherche sur les conflits d'interprétation (EA 3824)

(http://www.univ-nantes.fr/91092/0/fiche___laboratoire/&RH=1183620051137) Jacques Gilbert et Rodolphe Dalle

Dates du colloque : 16 et 17 mai 2008

Faut-il entendre les notions d'imitation et d'inspiration comme ces métaphores dont Borges nous dit qu'elles résument à elles seules l'histoire ? Mais de quelle histoire s'agit-il ? Chacun de ces termes n'a cessé de se traduire et se retraduire jusqu'à une profonde transformation. Il n'est pas sûr que l'imitatio soit la mimèsis, que la représentation soit l'imitation. Il n'est pas certain que le furor poeticus soit l'enthousiasme, ni que l'inspiration même soit la création.

Le passage d'un champ à un autre pose la question de sa traduction mais aussi celle d'un changement du modèle. « Là où le grec dit physis (de phein), la latin dit auctoritas (de augere). La physis grecque (« nature ») dit ce qui perdure, elle exprime la venue à l'être comme mouvement continu de développement à partir d'une origine et comme installation dans une permanence […]. À l'inverse, l'auctoritas romaine (« autorité ») dit le fait d'être l'auteur, l'initiative qui enjambe l'hiatus que l'innovation crée par rapport à l'ancien et qui garantit, ou ratifie, l'action d'un autre que soi », écrit Rémi Brague dans Europe, la voie romaine.

Ainsi l'imitation et l'inspiration seront-elles tour à tour appréhendées selon les modes de l'évidence, en référence à un modèle, ou encore comme représentation. Ainsi s'élabore une histoire de l'évidence : la mimèsis fait voir mais elle s'avère chez Philostrate inférieure à une phantasia capable de faire voir ce qui n'a pas été vu avant elle jusqu'au moment où la représentation devient la condition même du voir. Passages et transpositions recomposent le corps fictionnel des modèles émiettés en conflit et en connivence. À la lecture d'Euripide, la Passion du Christ devient tragédie chez Grégoire de Nazianze, à la suite des Actes des martyrs, la tragédie devient mystère chez Corneille ou Rotrou…

Imitation et inspiration sont liées à l'apparaître de la physis. Quand l'appréhension de la nature se transforme, c'est tout le régime de l'évidence qui s'en trouve modifié, dans le domaine des sciences et des arts, à la fois comme saisie et création. Le lien de l'inspiration et de l'imitation à la nature nourrit cette tension.

Ce colloque privilégiera

§ Les études qui mettront à jour le passage d'un champ à un autre, comme traduction, transposition, élaboration réorientée d'un modèle ou d'un champ esthétique.

§ L'étude d'une oeuvre exemplaire et celle de sa généalogie.

§ L'étude des constructions théoriques autour de la genèse et de l'imitation des oeuvres d'art.

Les domaines envisagés sont ceux :

§ Des arts et de la littérature : peinture, sculpture, théâtre, mise en scène, poésie.

§ De la philosophie.

§ De l'esthétique, de la critique et la théorie littéraire.

Cette réflexion est ouverte à l'ensemble des aires linguistiques et des périodes historiques : l'Antiquité mais aussi l'âge classique ainsi que notre modernité.

Les propositions de communication, accompagnées d'une courte notice biographique, sont à transmettre à Jacques Gilbert (jacques.a.gilbert@wanadoo.fr) et Rodolphe Dalle (Rodolphe.Dalle@univ-nantes.fr) avant le 30 mars 2008.