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Appels à contributions
Les êtres merveilleux de l'âge classique au monde contemporain (XVIIe-XXIe siècles)

Les êtres merveilleux de l'âge classique au monde contemporain (XVIIe-XXIe siècles)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Anne Defrance)

 

APPEL A CONTRIBUTION

 

LES ÊTRES MERVEILLEUX

DE L’ÂGE CLASSIQUE AU MONDE CONTEMPORAIN

(XVIIe - XXIe SIÈCLES)

 

Jeudi 16 et vendredi 17 octobre 2014

Université de Grenoble-Alpes

UMR LIRE-CNRS

 

 

Ce colloque, à la charnière de la littérature française, des arts du spectacle, de la littérature comparée, de l’histoire et des sciences sociales, vise à porter à nouvel examen les « êtres merveilleux » (divinités du panthéon gréco-romain, fées et magiciens, démons, monstres, princesses, ogres, sylphes, esprits élémentaires, animaux doués de conscience ou de parole, créatures hybrides, allégories…), souvent relégués dans les marges de l’histoire littéraire et réduits à une fonction d’accessoire sans consistance épistémologique ou esthétique. Il envisage ces êtres merveilleux, susceptibles de repousser les frontières de l’imaginable et d’interroger les limites de l’existant, tels qu’ils apparaissent dans la littérature et les arts sur une période à large empan allant du XVIIe au XXIe siècles, le début de cette période étant souvent réduit à tort à l’émergence d’une forme moderne de rationalité critique qui, luttant contre les superstitions et croyances, se démarque progressivement des productions de l’imaginaire.

Le corpus retenu couvre divers genres (conte, récit, poésie, discours) et divers modes d’expression (théâtre, musique, peinture, illustration, presse, sculpture, jardins, arts décoratifs), mais il est centré sur le « noyau dur » du conte et de la fiction merveilleuse sous l’Ancien Régime ; il est envisagé dans une perspective diachronique délimitée, ce qui n’exclut pas quelques excursions temporelles en amont (par exemple du côté des inventions macabres de la période baroque, des féeries du ballet de Cour ou du merveilleux chrétien du Moyen-âge) et en aval (pouvant aller jusqu’à l’heroïc fantasy telle qu’on la trouve dans le cinéma, l’animé ou la bande dessinée aujourd’hui). Il s’agira en effet d’étudier les influences et interactions culturelles, transformations plastiques, hybridations formelles dont témoigne ou résulte l’usage de ces figures (personnages ou motifs) dans ces fictions, pour tenter de contribuer à une « archéologie du savoir » et de l’imaginaire culturel dont nous sommes les héritiers en ligne directe. On s’appliquera à dégager les modalités de parcours intertextuels et les enjeux esthétiques et idéologiques de ces métissages, qui trouvent encore aujourd’hui des résonances dans la création ou les médias. On montrera, ce faisant, comment divers domaines épistémologiques interfèrent avec la création littéraire et artistique, les êtres merveilleux étant porteurs de discours de savoir susceptibles de reconfigurer notre rapport au monde, autrement dit vecteurs de postures à la fois esthétiques et idéologiques.

 

Les êtres merveilleux peuplant les fictions merveilleuses depuis l’âge classique n’ont que rarement fait l’objet d’études spécifiques. Le colloque entend explorer un large corpus essentiellement constitué de fictions narratives produites entre les XVIIe et XXIe siècles (contes merveilleux surtout,  romans) mais aussi de pièces de théâtre, voire d’essais et de périodiques. On entend ainsi questionner le sens et la plasticité (symboliques, poétiques, idéologiques) du support que constituent les êtres merveilleux, dans la fiction (illustrée ou non) et sur la scène du théâtre et de l’opéra.

Les êtres merveilleux sont souvent considérés comme de simples supports génériques (ainsi la fée donnant son nom au genre qui fleurit sous l’Ancien Régime), ou des figures topiques de pure convention, depuis que l’analyse structurale des récits les a épinglés dans les rôles secondaires d’opposants ou d’adjuvants. Issus de mythes et de légendes occidentales et orientales revisitées sous l’Ancien Régime, époque où conjointement se poursuit encore en Europe la chasse aux sorcières et où sont démantelés par les Lumières les dogmes religieux, les êtres merveilleux qui peuplent les fictions ne sont-ils, comme on l’a souvent dit, que les signes nostalgiques d’un temps révolu, les symptômes d’un « retour du refoulé » (celui des vieilles croyances), et les témoins d’une séduction pour l’occulte toujours prégnante ? Ne sont-ils pas aussi les véhicules d’une nouvelle circulation de savoirs, le champ d’expérimentation de pouvoirs nouveaux, sous l’effet de transactions culturelles internationales ? Dans quelle mesure, aussi, les êtres merveilleux des contes du XIXe siècle et des siècles suivants sont-ils vecteurs du virage pris par rapport à la production merveilleuse antérieure ? Enfin, comment l’époque contemporaine fait-elle résonner ces figures ancestrales que la fiction de l’Ancien Régime a abondamment réactivées, et surchargées de potentialités neuves ? Telles seront les questions qui seront abordées dans le cadre de ce colloque.

 

Le colloque privilégiera les axes de réflexion suivants :

- Filiations et transitions historiques : des mythes, fables, contes et légendes aux fictions modernes ;

- Translations épistémologiques : entre savoirs et croyance (littérature et autres types de discours, scientifique, philosophique, économique…) ;

- Transpositions génériques : de l’essai aux fictions merveilleuses, du texte à sa représentation, de la mémoire à l’incarnation par la parole, du verbal au visuel (illustration, féeries et opéra) ;

- Transferts culturels : Orient/Occident, France/Europe, conte littéraire/conte populaire ;

- Enchantements médiatiques : comment « sylphes » et autres « esprits élémentaires » des textes publiés entre 1650 et 1900 résonnent avec ce qui se disait des « nouveaux médias » d’alors (presse périodique, puis télégraphe, radio) et d’aujourd’hui (télévision, cinéma, numérique).

 

Partenaires du projet :

- Universitaires : TRAVERSES 19-21 ; CRI ; EMC2.

- Extra-universitaires : Arts du récit en Isère ; Espace 600 ; MC2 de Grenoble.

 

Comité d’organisation : Anne Defrance (anne.defrance@free.fr) et Martial Poirson (martial.poirson@yahoo.fr)

 

Prière d’envoyer vos propositions (500 mots), avec une courte notice biobibliographique (150 mots), avant le 1er mai 2014, à umrlire@u-grenoble3.fr