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Les espaces de Blanchot/ Blanchot's Spaces

Les espaces de Blanchot/ Blanchot's Spaces

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Laura Marin)

Les espaces de Blanchot

« Une marche dans les régions frontières et en frontière de la marche » (L’Entretien infini).

On le sait : depuis Blanchot les notions de littérature et d’espace sont étroitement liées. L’« espace littéraire », cette formule qui a donné le titre du livre de Blanchot le plus lu dans le monde entier, se décline selon au moins trois directions de sens : la littérature a un espace, la littérature est un espace, la littérature invente un espace ou plutôt des espaces, car il n’est pas seulement question de l’espace dans l’œuvre (thème, sujet) mais aussi de l’espace de l’œuvre (texte, livre) ou bien de l’espace pour l’œuvre (diffusion, réception). En ce sens, l’espace littéraire n’est pas forcément un espace isolé, séparé du monde, il n’est pas seulement un espace de la mort, comme nous avons pris l’habitude de dire à la suite de la lecture blanchotienne de Mallarmé et de la négativité du signe ; il y a bien une dynamique à l’œuvre dans cet espace qui se présente chez Blanchot comme indifférencié et neutre : la rencontre entre un texte et la vie d’un lecteur. L’espace littéraire se charge alors d’un processus d’individuation, il apparaît comme un espace de vie, vital pour la littérature.

La notion d’espace chez Blanchot a suscité le plus souvent des approches qui se sont rendues sensibles plutôt à des questions de consistance et de rapports avec l’espace phénoménologique pour en tester les limites de toutes sortes. Nous vous invitons à interroger l’espace blanchotien dans une perspective élargie, afin de déterminer par exemple si celui-ci ne fonctionnerait pas comme un opérateur de nouvelles spatialisations. Il s’agira ainsi de poser la question cruciale du rapport à d’autres « espèces d’espace » (Georges Perec), et de l’économie de l’espace comme oikos. Au delà d’un effort de récupération de la dimension « vivante », « opérante », « performante » de l’espace blanchotien, nous souhaitons chercher des modalités par lesquelles continuer à lire et à étudier Blanchot à juste distance de la fascination et du rejet que son œuvre ont pu susciter.

Plusieurs pistes de recherche sont ainsi proposées, sans aucune prétention d’exhaustivité :

-          peut-on parler d’un modèle d’espace chez Blanchot ? est-il fonctionnel, opérationnel ?

-          peut-on parler d’un espace sensible dans l’œuvre de Blanchot ? Quel serait alors le sujet de cette expérience sensible ?

-          quels rapports il y aurait à établir entre l’espace et l’écriture : appréhender l’espace à partir de l’écriture, découvrir l’écriture à partir de l’espace

-          la figuration paradoxale de l’espace

-          l’espace comme rythme, force, différence : articuler la spatialité, désarticuler les lieux

-          l’espace comme ouverture : mêler les genres, forcer les limites

-          l’espace comme événement : la littérature doit « avoir lieu »

-          la marche, le pas : gestes de corps tantôt figurant, tantôt défigurant l’espace (les romans, les récits), gestes de pensée désignant la démarche critique de Blanchot (Faux pas, Le pas au-delà, « La marche de l’écrevisse »), gestes de lecture (Derrida lecteur de Blanchot, Foucault lecteur de Blanchot, etc.)

-          le corps et ses espaces dans les récits et les romans de Blanchot

-          la dramatisation de l’espace chez Blanchot

-          la configuration spatiale du neutre

-          « vaste comme la nuit »  (cf. L’Entretien infini): l’obsession de l’espace

-          extensions, modulations, transgressions de l’espace : de l’espace littéraire à d’autres types d’espace (interrelationnel, analytique, quotidien, etc.)  (cf. L’Entretien infini)

-          l’espace intervallaire des dialogues et des entretiens de Blanchot : l’entre-deux et les polylogues de Blanchot, Derrida, Heidegger

-          l’espacement et la temporalisation en rapport avec le langage, le point zéro de la littérature (cf. Le Livre à venir), la recherche du « Lazare du tombeau » (cf. La Part du feu)

-          la condition spatiale comme condition critique

-          l’espace de l’œuvre, les champs de la réception, des traductions de Blanchot y compris

-          paysages de l’espace critique ; l’espace critique comme « expérience de l’impossible » (cf. L’Entretien infini) ; dérives de lecture ; fictionnaliser Blanchot

-          espaces politiques (commun, communauté, communication)

Nous encourageons les approches interdisciplinaires, allant de la théorie critique à l’esthétique, de la traduction aux études culturelles, littéraires, visuelles, ainsi qu’à d’autres disciplines des sciences humaines et sociales.

Les propositions, sous forme d’un résumé de 1000 mots, en anglais ou en français, seront à envoyer pour le 30 janvier 2015 à l’adresse suivante : wordandtext2011@gmail.com.

Pour les propositions retenues, les articles seront attendus avant le 30 avril 2015 et doivent respecter impérativement le format de la revue Word and Text (http://jlsl.upg-ploiesti.ro/documente/documente/Submission%20Guidelines.pdf)

Tous les articles seront soumis à l’examen d’un comité de sélection sauf pour les contributeurs invités. Les articles retenus seront envoyés aux contributeurs pour les révisions d’après examen le 30 juin 2015 au plus tard.

Les versions définitives des articles seront attendues pour le 30 septembre 2015.

 

 

 

 

 

 

Blanchot’s Spaces

‘An advance in the frontier regions and along the frontier of the march.’ (The Infinite Conversation)

Notions of literature and space have been more closely related since Maurice Blanchot: the ‘literary space’, the formula that has given his most widely read book its title, can be understood in at least three different ways: literature has a space, literature is a space, literature invents a space or rather spaces. For what is at stake is not only the space in the work (theme, plot) but also the space of the work (text, book) as well as the space for the work (distribution, reception). In this sense, the literary space is not necessarily an isolated space, separated from the world; it is not only a space of death, as we have been used to saying in the wake of Blanchot’s reading of Mallarmé and the negativity of the sign. There is indeed a dynamics at work in Blanchot’s space which comes across as undifferentiated and neutral: the encounter between a text and a reader’s life. The literary space then takes over a process of individuation; it appears as a space of life, vital for literature.

More often than not, the notion of space in Blanchot has given rise to approaches which have been more sensitive to questions of consistency and to relations with the phenomenological space in order to test its several limits. We invite contributions that interrogate Blanchot’s space from an enlarged perspective, in order to determine for example whether it brings new modes of spatialization into operation. The crucial question of its relation to other ‘species of spaces’ (Georges Perec) as well as of the economy of space as oikos will be asked. Beyond an effort to recuperate the ‘living’, ‘operative’, ‘performative’ dimension of Blanchot’s space, we wish to search for modalities of reading whereby Blanchot’s works can go on being studied at a distance from the joint fascination and rejection that they have aroused.

A non-exhaustive list of possible avenues for research may include, but is not limited to, the following:

-          can one speak of a model of space in Blanchot? Is it functional, effective?

-          can one speak of a sensitive space in the work of Blanchot? Which would then be the subject of this sensitive experience?

-          what connections could be established between space and writing (écriture): the apprehension of space from writing, or the discovery of writing from space

-          the paradoxical figuration of space

-          space as rhythm, force, difference: articulating spatiality, disarticulating places

-          space as opening: mixing genres, forcing limits

-          space as event: literature must ‘take place’ (Blanchot)

-          the ‘step’ (le pas): body gestures which either figure or disfigure space (in his novels and récits), gestures of thinking which designate steps in Blanchot’s critical processes (Faux pas, The Step Not Beyond, ‘La marche de l’écrevisse’  [‘crab’s progress’], The Infinite Conversation), gestures of reading (Derrida, reader of Blanchot, Foucault, reader of Blanchot, etc.)

-          the body and its spaces  in Blanchot’s récits and novels

-          the dramatization of space in Blanchot

-          the spatial configuration of the neuter

-          ‘vast as the night’ (cf. The Infinite Conversation): the obsession with space

-          extensions, modulations, transgressions of space: from the literary space to other types of space (interrelational, analytic or daily space etc.) (cf. The Infinite Conversation)

-          the intervalic space of Blanchot’s dialogues and conversations : in-between-ness and the polylogues of  Blanchot, Derrida, Heidegger

-          spacing and temporalization in relation to language, the zero point of literature (cf. The Book To Come), the search of  ‘Lazarus in the tomb’ (cf. The Work of Fire)

-          the spatial condition as critical condition

-          the space of the work, areas of reception, including translating Blanchot

-          the landscapes of critical space; the critical space as ‘an experience of the impossible’ (The Infinite Conversation); the drift of reading; fictionalizing Blanchot

-          political spaces (common, community, communication).

We welcome interdisciplinary approaches, ranging across critical theory, visual studies, literary and translation studies, as well as other disciplines in the humanities.

The deadline for abstract submissions is 30 January 2015. Please send a proposal of 1000 words to the editors of the volume who will also answer any question you may have at wordandtext2011@gmail.com

Contributors selected for publication are then expected to send the full article (please follow the journal guidelines: http://jlsl.upg-ploiesti.ro/documente/documente/Submission%20Guidelines.pdf)  by 30 April 2015. All submitted articles will be blind refereed except when invited. Accepted articles will be returned for post-review revisions by 30 June and are expected back in their final version by 30 September.