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Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante

Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante

Publié le par Florian Pennanech (Source : Pierre-Marie Héron)

« Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante »

Colloque international organisé par le centre de recherche Rirra21 de l'Université Paul-Valéry


Et aussi

13-20 juin Des parcours d'écoute dédiés à l'art radiophonique au cours du siècle (petit auditorium)

18 juin Soirée radio sur la création radiophonique aujourd'hui (grand auditorium)


Dans le cadre des Rencontres de la Médiathèque Centrale d'Agglomération Émile Zola (Montpellier)

en partenariat avec l'Ina

et l'association Phonurgia Nova


Jeudi 18 juin


Matinée


9h00 Marie-Ève Thérenty, directrice du Rirra21, Professeur (Université Paul-Valéry, membre de l'IUF).

Accueil des participants


9h15 Pierre-Marie Héron, Maître de conférences (Université Paul-Valéry)

Ouverture des travaux


9h30 Christopher Todd, Professeur émérite (Université de Leeds, Angleterre)

         Le succès des entretiens littéraires radiophoniques : quelques réactions dans la presse écrite


Pour juger — au moins en partie — du succès d'un genre qui n'était pas forcément fait pour plaire au grand public, nous présenterons des réactions à la diffusion de plusieurs grandes séries d'entretiens radiophoniques dans la grande presse quotidienne et des hebdomadaires de vulgarisation littéraire. En parcourant tout le chemin qui mène de Gide à André Chamson — de 1949 à 1959 —, nous verrons comment on a accueilli diverses tentatives de renouveler le genre — en allant de l'improvisation au texte soigneusement préparé — et jusqu'à quel point la série d'entretiens avec Léautaud semblait s'imposer comme modèle à suivre.


10h15 Denavarre Nicolas, Doctorant (Laboratoire Babel, Université Sud Toulon Var)

Radio-Léautaud : Un écrivain français parle aux Français


Les Entretiens de Gide avec Amrouche ont déçu. Ceux de Léautaud avec Robert Mallet ont rencontré un succès populaire inespéré. Et pour le moins paradoxal. Comment expliquer l'accueil fait par le grand public à cet « écrivain pour gens de lettres » confidentiel, reclus, n'ayant jamais rien fait pour se faire connaître, méprisant les honneurs et la reconnaissance, anticonformiste et, par nature, hostile... au grand public ?

11h Pause


11h15 Édith Silve, Présidente de l'Association pour l'étude de Paul Léautaud et des revues littéraires de son époque

            Entretiens avec Léautaud : le théâtre dans la parole


Après-midi


14h Michèle Touret, Professeur (Université de Rennes 2)

Blaise Cendrars vous parle... ou comment conduire un entretien


Décidé à conduire l'entretien comme il l'entend (et à, ensuite, forcer le trait au moment de la publication), Cendrars conçoit ses relations avec Michel Manoll comme une suite de sauts entre les moments, entre vrai et consciemment faux, entre sérieux et fantaisie : l'entretien n'est pas une confession mais un jeu dont le maître doit rester l'auteur. L'humeur et l'humour, la concertation et la surprise doivent briser les prévisions de l'enquêteur comme de l'auditeur.


14h45 Aude Leblond, Doctorante (UMR 7171 « Écritures de la modernité », Paris 3)

           Mémoires réels et imaginaires de Georges Duhamel : un discours en construction


« Ouvrir un livre à certaines pages familières et, sous le coup des émotions et des pensées suscitées par la lecture, bavarder librement avec l'auteur », telle est la proposition faite aux auditeurs de cette série. Chose étonnante quand on sait que Duhamel, maladivement conscient de sa tâche de représentant de l'Académie française, se défiait de l'improvisation, son oralité semble parfaitement assumée. Mais elle est constitutive du genre, qui semble même fondé sur une mise en scène perpétuelle de la parole. L'intervention déclinera cette idée sur trois plans : mise en scène de l'auteur, mise en scène du dialogue, mise en scène du discours lui-même.


15h30 Pause


16h Jacques Dupont, Professeur (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

            Colette: un art de l'esquive


Colette avait une longue expérience des interviews, mais n'a que très occasionnellement collaboré avec la radio. C'est ce qui fait le prix de ses fameux entretiens avec André Parinaud. On y étudiera en particulier un art de l'esquive, de la réticence, voire du silence, et aussi une façon souvent subtile de transformer la “mise à la question” en exercice retors d'autofiguration narcissique, et aussi en un exercice ludique de séduction de l'auditeur.


16h45 Jean-Francois Domenget

           Montherlant à la radio : les XV Soirées avec Montherlant (1952-1953)


En 1952-1953 la radio nationale invite ses auditeurs à quinze soirées avec Montherlant. Il est intéressant de s'attarder sur cette série, car elle demeure inédite. Ecrivain célèbre, mais contesté, autoritaire, mais toujours sur ses gardes, Montherlant se méfie des questions comme du micro. Il accepte de dialoguer avec un journaliste de ses amis, Pierre Sipriot, qui consent à ce que ces soirées s'écartent du genre de l'entretien. On verra comment Montherlant maîtrise le jeu et utilise la radio pour garder sa place sur une scène littéraire profondément renouvelée depuis la Libération. 


Vendredi 19 juin


Matinée


9h Micheline Cellier-Gelly, Maître de conférences (IUFM de Montpellier - Université Montpellier II)                

André Chamson (1900-1983) - Entre le dit et l'écrit


1959 est une année charnière pour André Chamson qui, prenant la direction des Archives nationales, fait un double bilan de son cheminement d'homme et d'écrivain avec un essai, Devenir ce qu'on est, paru fin 1959 et une série d'entretiens radiophoniques avec Francine Leullier, diffusés du 10 novembre 1959 au 2 février 1960 sur Paris Inter et la Chaîne nationale : quelles rencontres, quels démarquages entre le moi qui parle et le moi qui écrit ?


9h45 Roland Beyen, Professeur émérite (Katholieke Universiteit Leuven, Belgique), membre de l'Académie royale de langue et de littérature de Belgique

           Pour une édition critique des Entretiens d'Ostende de Ghelderode


Les Entretiens d'Ostende, publiés par Michel de Ghelderode en 1956, sont tellement différents de l'enregistrement de 1951 qu'Alain Trutat et Roger Iglésis, les deux journalistes qui les avaient voulus, préparés et diffusés, rompirent tout contact avec l'auteur. Celui-ci les accusa d'avoir « caviardé » ses confidences, d'avoir commis « une mauvaise action contre le Poëte vieillissant », d'avoir voulu le « ridiculiser ». En confrontant les visages de Ghelderode avec ses masques, une édition critique augmenterait considérablement l'intérêt de « la vulgate des ghelderodiens ».


10h30 Pause


10h45 Christian Garaud, Professeur émérite (Université de Massachussets, Etats-Unis)

            "C'est tout autre chose que j'attendais de vous !" Robert Mallet questionne Jean Paulhan


Paulhan et Mallet se font pas la même idée de ce que doivent être la forme et le but de ces entretiens.  Il semble que, pour Mallet, il s'agisse de donner une "idée claire" de l'écrivain interviewé grâce au ton "naturel", "spontané" de la conversation. Paulhan, qui voit tout de suite les ambiguïtés du jeu, y entre en acceptant certaines règles et en en modifiant d'autres, au grand dam de l'intervieweur. En ce sens, nous verrons que s'opposent ici deux "poétiques du genre", dont la tension donne naissance à un texte fascinant.


11h30 Jacques Message, Professeur de Khâgne (Chaire supérieure de philosophie, Amiens)

            Entretiens avec Paulhan


Après-midi



14h Michel Sandras, Professeur (Université de Paris-VII)

         "Je suis le poète qui chante" (Paul Fort).


« Je ne suis pas un écrivain, je suis le poète qui chante », écrivait Paul Fort à la fin de ses Mémoires. Au début de l'année 1953, un poète homme de radio, Michel Manoll, qui fut associé à l'Ecole de Rochefort (tournant le dos à la fois au surréalisme, à la poésie engagée et aux querelles esthétiques), presse le vieux trouvère très en forme d'évoquer les éphémérides de sa vie, ce qu'il fait avec une éloquence d'un autre âge, s'appuyant à de nombreuses reprises sur un texte écrit. L'un et l'autre, qui croient en une fraternité des poètes lyriques, ne mettent jamais en question l'idée même de poésie. Ignoré par Les Lettres françaises d'Aragon, mal accueilli par Le Figaro et Le Monde de l'époque, cet entretien, de faire revenir des fantômes, n'est dépourvu ni d'intérêt ni de charme.


14h45 Jean Touzot, Professeur émérite (Université Paris-Sorbonne)

           Cocteau devant Fraigneau : entretien ou récital ?


15h30 Pause


16h Michel Collomb, Professeur (Université Paul-Valéry)

La voix insonore d'André Breton


16h45 Alexandre Castant, professeur à l'Ecole nationale supérieure d'art de Bourges, essayiste, critique d'art À propos du Journal sonore du Testament d'Orphée (Jean Cocteau)


L'intervention étudiera la construction dramaturgique de cette émission de Roger Pillaudin (1959), sa relation au cinéma et au journal, puis les notions de voix, d'enregistrement, de montage, de musique, d'espace/temps… Une construction qui obéit à un art de l'oxymore (le soleil et la nuit, le positif et le négatif, la radiophonie et la photographie), évoque la voix des morts, l'invisible et l'au-delà, si présente dans le mythe d'Orphée ou dans la symbolique radiophonique de Jean Cocteau.


17h30 Conclusion à plusieurs voix


*


Jeudi 18 juin, 18h30-20h30 Grand auditorium Cocktail de la création radiophonique internationale aujourd'hui Soirée conçue par Phonurgia nova

Depuis 1986, le concours Phonurgia Nova s'attache à distinguer la création radiophonique. Il attire non seulement les recherches des grandes radios mais également, et de plus en plus, celles d'artistes indépendants qui travaillent avec leurs propres moyens. Ce Prix est un « observatoire de l'art sonore et des nouvelles écritures radiophoniques, plus qu'un conservatoire de formes conventionnelles » comme l'a justement noté le réalisateur Daniel Deshays.

Les formes les plus singulières de la radio créative sont donc au rendez-vous de ce programme rétrospectif qui, en puisant librement dans différents palmarès échelonnés entre 1997 et 2008, tisse plusieurs fils : art acoustique (la tendance lourde du concours), nouvelle fiction et documentaire.


Au programme (sous réserve de modifications)


Four Winds de Arsenije Jovanovic (Croatie)

La precision aveugle de Didier Demorcy (Belgique)

Dearhome de Bernadette Johnson (Suisse)

Chant du cygne sur le Westerschelde de Armeno Alberts (Pays Bas)

Carte postale de Sydney de Laurent Kalfala (France)

Migrations océanes de Chantal Dumas (Canada)

Au revoir merci de Yves Meylan (Suisse)

Containers de Russel Stapleton et Sherre Delys (Australie)

Some Funny Stuff de Bernadette Johnson (Suisse)

EuropasWahn de Marcus Gammel et Viktoria Tkaczyk (Allemagne)

Il y a quelque chose qui cloche de Kaye Mortley (Australie)

Préceptes silencieux de Dmitriy Nikolaiev (Russie)

Immateriality d'Anne-Marie Steinvoort (Pays-Bas)


*


Samedi 13 juin 10h-18h30

Mardi 16 juin 12 h - 19h

Mercredi 17 juin 10 h - 19h

Samedi 20 juin 10 h - 18h30


Parcours d'écoute dédiés à l'art radiophonique au cours du siècle (créations et adaptations).

Programme détaillé sur place

Petit auditorium


Maremoto de Gabriel Germinet, Week-end de Walter Ruttman, Le douzième coup de minuit de Carlos Larronde, La Guerre des mondes de H. G. Wells, ...

La Coquille à planètes de Pierre Schaeffer, Les Douze d'Alexandre Blok, Bonne nuit capitaine de Jacques et Pierre Prévert, Lorsque cinq ans seront passés de Federico Garcia Lorca, Le Horla de Maupassant, Les Enfants terribles de Jean Cocteau, Frédéric-Général de Jacques Constant, ...

L'or de Blaise Cendrars, Bonjour Monsieur Jarry de Georges Charbonnier et Alain Trutat, Nadja étoilée d'André Breton et André Almuró, L'Attentat en direct de Claude Ollier, Reportage d'un match de football de Jean Thibaudeau, ...


... et aussi un parcours sur l'aventure du Centre d'essai radiophonique de Montpellier (1948-1974), raconté "en archives" par Madeleine Attal.


Libre accès aux heures d'ouverture


 

André Breton a enregistré  en 1950 une série d'entretiens avec André Parinaud, alors tout jeune journaliste. Le récit qu'il y fait de “l'aventure surréaliste” est un document précieux pour l'histoire de ce mouvement. Toutefois ce qui nous retient à l'écoute de ces émissions, c'est le retrait constant dans lequel se tient l'interviewé, la neutralité vocale qu'il adopte comme s'il refusait la connivence d'usage dans l'entretien radiophonique et tentait de s'absenter de sa propre énonciation. Faut-il voir dans cette présence insonore une application du voeu d'impersonnalité que Breton associa dès l'origine à la quête du surréel ou  une particularité  de son dispositif sensible ?