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Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante

Les entretiens-feuilletons à la radio française dans les années cinquante

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Pierre-Marie Héron)


Colloque international

« Les entretiens-feuilletons à la radio française dans lesannées cinquante »

18-19 juin 2009

UniversitéPaul-Valéry (Montpellier III)

Cecolloque est organisé par le centre de recherche Rirra21 « Représenter etinventer la réalité du romantisme à l'aube du 21e siècle »(dir. Marie-Eve Therenty) de l'université de Montpellier III. Il s'inscrit dansun programme de recherches intitulé « Les écrivains et la radio en Franceau XXe siècle (1920-1960) ». Les Actes, augmentés d'archives sonores,formeront le cinquième volume de la série « Littérature et radio »aux Presses universitaires de la Méditerranée.

Argument

Paradoxalement,la radio ne semble pas être un média adapté au genre littéraire oral dudialogue. L'absence des interlocuteurs, la transmission des propos via ladistance des ondes, l'écart entre le « langage mimique » de laconversation en présence, où toutes les attitudes du parleur font sens, et le« langage phonique » qui est le sien (PaulDeharme, « Idées sur le radio-théâtre »,1934),sans compter les nombreuses imperfections techniques de la reproduction et dela transmission à distance : autant de phénomènes qui, dans l'art dudialogue à la radio, donnent de l'importance à des obstacles nouveaux, ainsiqu'aux remèdes imaginés pour les atténuer.

L'intimidationdu micro semble spécialement forte pour les écrivains, même doués à l'oral,plus habitués au long artisanat de la plume qu'à l'électricité del'improvisation et plus préoccupés de bien dire que la moyenne des gens. L'idéeque les écrivains sont faits pour écrire et non pour parler pèse sur leurrapport au micro, devant lequel, abandonnant leurs moyens habituelsd'expression, ils doivent retrouver le chemin direct de l'oreille. Des émissionsparlées comme « Le Quart d'heure de la N.R.F. » (1938-1939, vingt émissions),confiée par Jean Paulhan au romancier Henri Calet, sont révélatrices de latension entre écriture et conversation que vivent les générations littérairesde l'entre-deux-guerres. A l'inverse, c'est bien le relief vivant de la parole,notamment populaire, que recherche un Frédéric Lefèvre, robuste romancierpopuliste, intervieweur de la célèbre série "Une heure avec..."publiée des années durant dans Les Nouvelles littéraires, pour laversion radiophonique qu'il en donne sur Radio-Paris à partir de 1930.

Lesgrands entretiens-feuilletons des années cinquante (entretiens développés ensérie, de dix à quarante émissions) contribuent à décontracter le rapport desécrivains aux genres dialogués à la radio. Un premier colloque organisé sur lesujet en 1999 afait apparaître les tensions internes à une pratique d'un genre que soninventeur, Jean Amrouche, a tenté de codifier en 1952 dans "Le Roi Midaset son barbier". Il lui a donné une vocation à la fois critique etcréatrice, l'improvisation imposée à l'écrivain visant dans le même temps àobtenir de lui « une création verbale, en présence du micro ».Suivent en 1950 et 1951 : André Parinaud avec Colette, puis Michel Manoll avecCendrars, Robert Mallet avec Léautaud, André Fraigneau avec Cocteau, RogerIglesis et Alain Trutat avec Ghelderode. Parinaud, Manoll et Mallet, rejointspar Pierre Sipriot, recommencent avec d'autres écrivains en 1952 et 1953 :Carco, Paulhan, Paul Fort, Breton, Montherlant, Benda.

Cesnombreux imitateurs développent le genre naissant dans des sens qui leur sontpropres. Ainsi, tandis que Jean Amrouche, sensible plus que d'autre aupathétique du jeu, rêve d'un ton de conversation pour des dialogues souventplus dramatiques que détendus, Robert Mallet, quand il s'entretient avecLéautaud ou Paulhan, se compose un personnage en fonction du naturel deson interlocuteur, avec comme référence l'impromptu de comédie. Cette notiond'impromptu théâtral, incorporée dans l'action d'une conversationuniquement entendue, est déjà ce que certains chroniqueurs del'entre-deux-guerres relèvent comme l'idéal des disques de conférences, ou laréussite des causeries de Colette sur le Poste-Parisien en 1939, judicieusementdialoguées. C'est la présence de ce naturel du ton qui fait le phénoménalsuccès, en 1951, des entretiens de Léautaud, ce « vieillardincourbé » qui « n'a pas fondu au feu douceâtre dumagnétophone » ni de « la voix cajoleuse et pénétrée d'âme duspeaker ».

Les propositionsde communication sont à envoyer avant le 15 octobre 2008 à Pierre-MarieHéron (pms.heron@wanadoo.fr).