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Les écritures contemporaines du quotidien : une cartographie

Les écritures contemporaines du quotidien : une cartographie

Publié le par Amandine Mussou (Source : Maryline Heck)

Les écritures contemporaines du quotidien : une cartographie

Colloque organisé par Corinne Grenouillet (Université de Strasbourg, EA 1337, CERIEL-Configurations littéraires), Maryline Heck (Université de Tours, EA 6297, Interactions Culturelles et Discursives) et Alison James (Université de Chicago, USA).

 

Dates:

  • 6-7 juin 2019 (Université de Strasbourg)
  • 13–14 juin 2019 (Paris, University of Chicago Paris Center)

 

Le champ littéraire contemporain offre une palette variée et contrastée d’œuvres traitant du quotidien. La thématique touche tous les genres littéraires et donne lieu à de nouvelles formes d’écriture, se déclinant selon une variété d’aspects. Ce colloque international, organisé en deux volets, a l’ambition de rendre compte de la diversité de ces textes, d’en dessiner la cartographie, et de définir leur place dans le paysage littéraire de notre époque.

Si le quotidien est, selon Maurice Blanchot, « ce qu’il y a de plus difficile à découvrir[1] », la difficulté est tout d’abord existentielle : nous avons souvent du mal à voir ce qui est juste sous nos yeux. Mais elle est aussi théorique : comment différencier le quotidien d’autres notions voisines, telles le banal, l’ordinaire, l’habituel ou l’insignifiant ? Pour les écrivains, cette difficulté concerne également la mise en œuvre de formes narratives et descriptives : « Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour [ …], comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ?[2] » (Georges Perec).

Dans son ouvrage Everyday Life (Oxford University Press, 2006)[3], Michael Sheringham retrace la genèse de la notion de quotidien et des pratiques d’écriture que celui-ci suscite, depuis la période des avant-gardes (surréalistes) jusqu’à Georges Perec, en passant par les écrits décisifs de Henri Lefebvre, qui offrent la première conceptualisation de la notion dans l’immédiat après-guerre. Si celle-ci naît ainsi, sur le plan théorique, dans la pensée française au XXe siècle, plus précisément entre 1945 et 1980[4], son essor en littérature se fait seulement après 1980 : jusqu’à cette date, seuls les écrits de Georges Perec sur l’« infra-ordinaire » marquent la production littéraire des années 1970. S’arrêtant au seuil du XXIe siècle, Michael Sheringham finit son livre en notant que la période contemporaine est marquée par la « dissémination » et la « diversification » des écritures du quotidien. Cependant il semble que le tournant du siècle a non seulement vu ce phénomène s’accroître encore, mais a surtout permis l’émergence de nouveaux enjeux esthétiques, politiques, et sociaux, tandis que de nombreux créateurs/écrivains contestent les frontières établies entre la littérature et les formes qui lui seraient extérieures, qu’il s’agisse des discours du savoir académique ou des formes de la représentation artistique. Les ouvrages les plus récemment parus témoignent à la fois de l’insistance de la thématique, et de la variété de ses mises en œuvre : écritures « infra-ordinaires » dans la lignée d’un Georges Perec (Annie Ernaux, Nathalie Quintane), voyages de proximité, explorations urbaines mais aussi parfois rurales (Philippe Vasset, Joy Sorman, Thomas Clerc, Jean Rolin, Marc Augé, François Maspéro), écritures documentaires ou fictionnelles à visée sociale ou politique (qu’elles décrivent le quotidien du travail ou celui des vies en marges)… Généralement marquées par une importante hybridité, ces écritures représentent une tendance marquante de la littérature d’aujourd’hui ; ce colloque s’attachera aussi à penser la manière dont elles s’inscrivent dans les mutations actuelles de la littérature, de ses objets de prédilection et de ses modes de représentation comme de ses rapports à d’autres discours (histoire, sociologie…) et à d’autres formes artistiques.

Le colloque portera sur les littératures d’expression française, sans exclusion de genres. Il s’agira d’étudier des œuvres qui interrogent spécifiquement le quotidien, et non la catégorie générale des « écritures ordinaires »[5]. On s’attachera prioritairement aux œuvres parues depuis 2000, mais les propositions concernant des œuvres parues à partir de 1980, date généralement retenue dès lors qu’il s’agit de délimiter le seuil du contemporain, seront également bienvenues. Les contributions à dimension généalogique, qui s’attachent à resituer les pratiques contemporaines dans l’histoire des écritures du quotidien, seront elles aussi appréciées. Il importe que les propositions témoignent d’un souci notionnel et s’attachent à chaque fois à définir les aspects du quotidien mis en jeu.

 

Comité scientifique

Bruno Blanckeman (Université Sorbonne Nouvelle)

Marie-Pascale Huglo (Université de Montréal)

Isabelle Krzywkowski (Université de Grenoble)

Dominique Rabaté (Université Paris Diderot)

Derek Schilling (Johns Hopkins University)

Pierre Schoentjes (Université de Gand)

Armelle Talbot (Université Paris Diderot)

Dominique Viart (Université Paris Nanterre)

Patrick Werly (Université de Strasbourg)

 

 

Les propositions de communications sont à envoyer pour le 14 septembre 2018 au plus tard, aux trois adresses suivantes :

corinne.grenouillet@unistra.fr

maryline.heck@univ-tours.fr

asj@uchicago.edu

 

Elles devront comporter un titre et un résumé de 300 mots environ.

Date de réponse du comité organisateur : 5 novembre 2018.

 

 

 

[1] Maurice Blanchot, « La parole quotidienne », L’Entretien infini (Gallimard, 1969), p. 355.

[2] Georges Perec, L’Infra-ordinaire (Seuil, coll. La Librairie du XXe siècle, 1989), p. 11.

[3] Traduit en français par Maryline Heck et Jeanne-Marie Hostiou sous le titre Traversées du quotidien. Des surréalistes aux postmodernes (PUF, 2013).

[4] Le premier tome de la Critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre paraît en 1947. L’année 1980 est marquée par la première parution de L’Invention du quotidien de Michel de Certeau.

[5] Voir Daniel Fabre, Écritures ordinaires, P.O.L, 1993.

  • Responsable :
    Corinne Grenouillet, Maryline Heck, Alison James