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Les discours rapportés dans les récits fictionnels et historiques des XVIIe et XVIIIe siècles

Les discours rapportés dans les récits fictionnels et historiques des XVIIe et XVIIIe siècles

Publié le par Alexandre Gefen

            A première vue, la question des discours rapportés se pose en des termes différents selon le genre de récit considéré, fictionnel ou historique, de l'époque classique. En effet, le romancier attribue à ses personnages des discours qu'il fabrique alors que le mémorialiste et l'historien prétendent « rapporter », à proprement parler, des propos effectivement tenus. Et la légitimité des « harangues » n'a cessé de préoccuper les théoriciens et les praticiens de l'histoire, alors que la fiction semble pouvoir inventer indifféremment des paroles ou des actions sans avoir à s'en justifier. On peut donc s'interroger sur les formes prises par les discours rapportés dans l'un et l'autre de ces champs, sur les modalités de leur insertion dans la narration, sur leur rapport avec la voix narrative dominante, sur les enjeux qu'ils représentent pour des formes historiques ou prétendues telles, ainsi que sur la nature des discours qui les accompagne et (éventuellement) les soutient. Car la ligne de partage peut être floue et les frontières poreuses entre des genres comme la nouvelle historique et l'histoire secrète, qui, évoquant la vie privée des acteurs de l'Histoire, semblent s'apparenter à la fiction : lorsque Madame de Villedieu rapporte ce que des personnages historiques auraient pu prononcer, dans le registre des sentiments amoureux par exemple, et non ce qu'ils ont réellement dit, on glisse nettement vers la fiction romanesque. Concernant le roman-mémoires, la question semble se poser en d'autres termes puisqu'on est dans une fiction, mais celle-ci prétend se donner toutes les apparences de vrais « mémoires » et s'accompagne d'un discours de vérité externe (le topos du « manuscrit trouvé ») et interne (l'énonciateur étant susceptible de soutenir ses narrations par des preuves ou des serments). Les auteurs de faux mémoires et de « romans mémoires » ont-ils conscience des difficultés posées par l'intrusion des paroles rapportées dans un récit « historique » ou « énoncé de réalité » au sens de Käte Hamburger ? Attribuent-ils à leurs énonciateurs postiches les scrupules et les précautions des auteurs de « vrais » mémoires et de récits historiques ? Quelles fonctions particulières donnent-ils à ces voix secondaires qui peuvent concurrencer, contredire, voire démentir la voix surplombante qui est celle du narrateur ?

Pour dépasser les discours parfois trop rapides qui s'empressent d'assimiler purement et simplement histoire et fiction de l'époque classique ou de les distinguer de manière radicale, on souhaiterait observer précisément, et sur un point particulier, leurs fonctionnements respectifs pour mettre en évidence des différences, des zones de proximité et d'indistinction, mais aussi des influences réciproques dont on peut chercher à envisager la nature aussi bien que les limites.


Programme des journées

 

Jeudi 24 septembre

 

 

14h : accueil des participants, introduction aux journées

 

Président de séance : François Raviez

 

14h30 : Marie-Paule Pilorge (Université de Tours) : « Les discours rapportés chez les historiographes du XVIIe et du XVIIIe siècle ».

 

15 h : Emmanuèle Lesne-Jaffro (Université de Clermont-Ferrand) : « De l'histoire sans parole de La Rochefoucauld au bavardage de Brienne ».

 

15h30-16h30 : discussion et pause

 

16h30 : Nathalie Grande (Université Bordeaux 3) : « La pratique du discours rapporté chez Mme de Lafayette et Mme de Villedieu ».

 

17h : Christian Zonza (Université de Nantes) : « Les discours dans les nouvelles historiques ».

 

17h30-18h : discussion

 

 

Vendredi 25 septembre

 

Matin

 

Présidente de séance : E. Lesne-Jaffro

 

9h : Myrtille Méricam-Bourdet (Université Lyon II) : « Voltaire et l'histoire de France : comment l'historien « fait parler » les grands hommes ».

 

9h30 : Marc Hersant (Université Bordeaux 3) : « Comparaison des discours rapportés de Candide et des Mémoires pour servir à la vie de Monsieur de Voltaire ».

 

10h-11h : discussion et pause

11h : François Raviez (Université d'Artois) : « Paroles et musique : Saint-Simon à l'Opéra ».

11h30: Stéphane Macé (Université Grenoble 3) : « Aspects du discours narrativisé dans les Mémoires de Saint-Simon ».

12h-12h 30 : discussion


 

 

Après-midi

 

            Présidente de séance : Nathalie Grande

 

14h30 : Florence Magnot-Ogilvy (Université Montpellier 3) : « Proposition pour une étude comparée de l'économie des paroles rapportées dans les romans de Marivaux et de Mouhy »

 

15h : Catherine Ramond (Université Bordeaux 3) : « Les paroles rapportées dans les récits oraux des Histoires (Challe, Prévost, Sade) ».

 

15h30-16h30 : discussion et pause

 

16h30 : Frédéric Briot (Université de Lille 3) : « Discours rapportés et discours sifflés dans les Mémoires du cardinal de Retz ».

 

17h : Gilles Magniont (Université Bordeaux 3) : « Les voix de Paris selon Louis-Sébastien Mercier »

 

17h30-18h : discussion et conclusion des journées.