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Les deux livres de l'ethnographe.

Les deux livres de l'ethnographe.

Publié le par Florian Pennanech (Source : IEA-Paris)

Les deux livres de l'ethnographe.

Anthropologie et littérature en Franceau XXe siècle.

Séminaire de recherche de Vincent Debaene, Professeur à ColumbiaUniversity, Chercheur invité à l'IEA-Paris

Ce séminaire voudraitinterroger les rapports entre anthropologie et littérature en France entre 1925et 1970 à partir d'un constat bibliographique étonnant : presque tous lesethnographes français de la « première génération », celle qui futformée par Marcel Mauss à l'Institut d'ethnologie entre 1925 et 1939, sontrevenus de leur « terrain » avec non pas un mais deux livres. En plusd'un travail savant – souvent, il s'agit de leur thèse – consacré à tel ou telaspect de la société auprès de laquelle ils ont séjourné, ils donnent égalementà leur retour un ouvrage plus « littéraire », en tout cas qui nerespecte pas la forme canonique de la monographie ethnographique et qui estpublié non plus dans une revue ou une collection spécialisée, mais chez unéditeur généraliste : Gallimard, Plon ou Grasset. On pense bien sûr à Tristes tropiques de Claude Lévi-Strauss(qui s'ajoute à sa thèse sur la vie familiale et sociale des IndiensNambikwara) ou à L'Afrique fantôme deMichel Leiris (qui précède ses travaux sur la possession chez les Ethiopiens deGondar), mais il en est de nombreux autres exemples : Marcel Griaule deretour de sa première mission en Ethiopie écrit Les Flambeurs d'hommes après ses travaux sur les « jeuxabyssins » ; MauriceLeenhardt et Alfred Métraux donnent à Gallimard respectivement Gens de la Grande Terre et L'Île de Pâques en supplément aux Documents néo-calédoniens et à Ethnology of Easter Island ; et onretrouve le même schéma chez d'autres ethnographes de la même génération.

Laquestion centrale de ce séminaire sera donc : pourquoi un deuxièmelivre ? Quelle est sa fonction ? Quels rapports entretient-il avecles travaux savants écrits en parallèle ? Et que ce livre nous dit-il à lafois de l'ethnologie de la période et du rôle assigné à la« littérature » ? Cette recherche voudrait se démarquer de deuxapproches souvent adoptées en ces matières : la première qui considèreethnologie et littérature comme des entités données dont on observe ensuite leschevauchements ou les croisements ; la seconde qui – comme c'est l'usageaux Etats-Unis depuis une vingtaine d'années – s'interroge sur la« poétique » des textes anthropologiques et questionne, dans uneperspective plus ou moins critique, les « tropes » et les modesd'écriture de l'ethnographie. En partant d'un phénomène aussi isolé etidentifiable que ces « doubles livres » des ethnologues français eten les rapportant à la configuration épistémologique du moment, on voudraitéviter l'écueil qui consiste à s'interroger sur les relations entre littératureet anthropologie en général. Et cesera aussi l'occasion de mieux cerner la singularité d'une traditionethnologique française dont les modèles épistémologiques et historiques lesplus courants aujourd'hui ne permettent pas de rendre compte.

Ceséminaire est ouvert à tous les chercheurs, doctorants ou post-doctorants quisouhaitent y participer. Chaque séance sera constituée d'une présentation dutravail en cours, suivie d'une discussion avec un répondant.

Vendredi 6 novembre 2009 14h30-16h30

Vendredi 11 décembre 2009 14h30-16h30

Vendredi 29 janvier 2010 14h30-16h30

Vendredi 26 février 2010 14h30-16h30

Vendredi 26 mars 2010 14h30-16h30

Lieu :IEA-Paris, Maison Suger, 16-18 rue Suger – 75006 Paris

Participation sur inscription : contact@paris-iea.fr