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Les déclinaisons du

Les déclinaisons du "moi" sous l’Ancien Régime

Publié le par Marielle Macé (Source : Luc Vaillancourt)

Appel de communications pour le colloque : Les déclinaisons du moi' sous l'Ancien Régime :
de l'épistolaire à l'autobiographie, organisé dans le cadre du 73e congrès de l'ACFAS,
vendredi 13 mai 2005, Université du Québec à Chicoutimi


Description de l'activité (problématique et enjeux du colloque)


Ce qui distingue la production épistolaire renaissante de celle d'aujourd'hui, c'est peut-être surtout l'impossibilité pour l'épistolier du XVIe siècle de se situer en dehors du cadre identitaire défini par la rhétorique. Il a beau décrier l'hypocrisie de l'art, il n'arrive pas à s'en détacher tout à fait (le peut-on vraiment?). Lorsque au siècle suivant, sous l'influence de Puget de La Serre et du modèle curial, le conformisme sociodiscursif reprend du terrain et s'assume de nouveau, l'épistolier doit trouver une autre tribune pour s'exprimer, s'il entend le faire avec autant de liberté qu'un Érasme ou un Étienne Pasquier, et c'est souvent au prix d'un renoncement à la publication, de son vivant du moins, qu'il pourra illustrer son « naturel », comme ce sera le cas chez Madame de Sévigné. Si le style conversationnel continue d'être exploité et triomphe même à la fin du siècle, il obéit à des règles plus strictes que jamais et tolère assez mal l'individualisme du registre familier. Ainsi, Blaise Pascal pourra dire à propos de Montaigne : « le sot projet qu'il eut de se peindre ». Bien sûr, il y a toujours eu en marge des publications une pratique ordinaire de la correspondance, beaucoup plus importante sur le plan quantitatif, mais qui demeurait néanmoins assujettie au décorum et qui était frappée, bien qu'à un degré moindre en raison de considérations pragmatiques, du même tabou de soi qui empêchait partout ailleurs l'essor d'une réflexivité radicale. Or, l'émergence de la conscience intime et la privatisation des rapports qu'elle rend véritablement possible dépendent de la capacité des membres d'une société à s'émanciper de la doxa et de son totalitarisme idéologique. Nous laisserons aux participants du colloque Les déclinaison du moi' sous l'Ancien Régime : de l'épistolaire à l'autobiographie la tâche de situer de manière précise, dans le temps et la géographie, cet éclatement de l'identité collective et le grand schisme du public et du privé, mais nul doute que la lettre, la plus pratiquée et la plus individualisée des formes d'écriture, a pu contribuer à l'instauration d'un espace pour la dissidence et l'affirmation de soi.
Certes, la lettre n'a pas le monopole de la transparence ou de l'informel, et on pourra discuter de la pertinence d'en faire ou non le lieu privilégié d'une réflexivité émergente, alors que celle-ci se développe parallèlement dans des formes non épistolaires comme le dialogue et l'essai. Si l'individualisme humaniste se définit à travers les correspondances familières, avec les introspections de Pétrarque, le débat autour du meilleur style, le dépassement du modèle cicéronien, la valorisation que fait Érasme de l'ingenium de l'épistolier, le naturel que Vives pose en idéal pour le modus epistolaris, la candeur que Juste Lipse lui reconnaît en propre, il faudra se demander si cet individualisme n'est pas également, ou plutôt, « transgénérique », c'est-à-dire susceptible d'être exploité ailleurs que dans le cadre épistolaire, ce qui nous permet aujourd'hui de dire que le journal intime, l'autobiographie, le mémoire, l'essai, le dialogue et la lettre familière sont des genres voisins.

Le programme envisagé (structure, thématiques, types d'activités)

Structure prévue : une journée de colloque divisée en quatre séances thématiques :

1) Individualisme et spontanéité
2) Lyrisme et réflexivité
3) Le « moi » dans tous ses états : perspectives transgénériques
4) Dissidence et affirmation de soi

Les communications, d'une durée de 20 minutes chacune, seront suivies d'une période de questions de 10 minutes.

Les actes du colloque seront publiés à l'été 2006 dans la revue Tangence, après évaluation et sélection des meilleures contributions par un comité.

Les personnes intéressées doivent faire parvenir, à l'adresse indiquée plus bas et au plus tard le 21 février 2005 un résumé de la communication proposée tenant en une page.

Prière d'envoyer votre proposition en fichier joint à luc_vaillancourt@uqac.ca

Ou par la poste :

Luc Vaillancourt
Directeur de l'Unité d'enseignement en lettres
Université du Québec à Chicoutimi
555, boulevard de l'Université
Chicoutimi (Québec) Canada
G7H 2B1