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Lectures de Mac Orlan

Lectures de Mac Orlan

Publié le par Emilien Sermier (Source : Zacharie Signoles-Beller)

« Les mots en graphe » : cinéma, photo, phono, typo et autres écritures chez Mac Orlan et ses contemporains

 

 

Appel à communication pour le n° 4 des Lectures de Mac Orlan, revue de la Société des Lecteurs de Pierre Mac Orlan

C'est en 1930, dans les pages du Printemps, texte à la gloire des grands magasins du même nom, que Pierre Mac Orlan chante les louanges des « mots en graphe ». Dépassé, l'écrivain-réclamier : d'autres media ont pris le dessus, au premier rang desquels figurent les arts graphiques. Le constat que Pierre Mac Orlan effectue dans ce livre dédié à la publicité, il le généralise et l'étend à son époque tout entière. Contemporain de l'irruption du cinéma parlant ainsi que du développement du phonographe à usage personnel, ce texte de 1930 vante les mérites d'autres écritures, et montre les limites de l'écriture littéraire.

Raymond Queneau, dans sa préface au Chant de l'équipage, souligne la constance de cette conscience de la modernité technique dans l'œuvre de Mac Orlan :

« Nul n'a été plus attentif que Mac Orlan au cinéma, au disque, à la T.S.F., à ces nouveaux moyens de transmission dont il a bien vu la menace possible pour une certaine littérature. [...] Dans sa préface à Masques sur mesure, Mac Orlan, décelant l'importance déjà (1937) capitale pour les imaginations populaires du cinématographe, du disque et de la télégraphie sans fil, concluait que "les meilleurs conducteurs de cette inquiétude et de cette méfiance qui nous inspirent et qui donnent aux paysages et aux hommes une signification remplie de ruses et de complications", c'était l'essai romancé et le roman plus ou moins poétique. »

Comme beaucoup de ses contemporains, Pierre Mac Orlan se révèle attentif aux innovations techniques et soucieux de les considérer comme des langages à part entière. Il partage le constat du cinéaste Abel Gance, selon lequel « le temps de l'image est venu », et rédige en ce sens de nombreuses critiques cinématographiques. Dans Le Crapouillot, il écrits les premières chroniques photographiques ainsi que des chroniques phonographiques, proclamant dès 1928 que « l'heure du disque va bientôt sonner ». L'écriture littéraire ne pourrait survivre aux innovations techniques qu'en usant de ces nouveaux langages : l'essai romancé ou le roman poétique semblent synonymes du roman-reportage qu'il prône dans la préface de La Vénus internationale. Les « mots en graphe » apparaissent en définitive porteurs d'une nouvelle écriture romanesque.

L'éloge des « mots en graphe » s'accompagne d'une valorisation de l'image. Graphein, dans son sens étymologique, désigne à la fois l'écriture et son signe, le dessin de la lettre. L'Abécédaire des filles et de l'enfant chéri, illustré par Pascin, relève sans doute d'un jeu sur l'écriture qui, avant toute prononciation, est l'inscription de lettres graphiques sur un support, de lettres qui ont valeur d'image avant d'être articulées en mot, en son et en sens. Au coeur de l'entre-deux-guerres, le débat qui porte sur le livre illustré (voir les collaborations avec Daragnès, Dignimont, Chas Laborde, Gus Bofa, etc.) et l'indépendance des illustrations par rapport au texte s'inscrit pleinement dans cette problématique.

Pour ce quatrième volume des Lectures de Mac Orlan, publication annuelle de la Société des Lecteurs de Pierre Mac Orlan (http://www.macorlan.fr), nous avons voulu questionner le dialogue qui s'établit, à partir de l'entre-deux-guerres, entre l'écriture littéraire et d'autres formes d'écritures correspondant aux arts et techniques qui sont en train de naître et de se développer. Le polygraphisme de Pierre Mac Orlan et de certains de ses contemporains sera à interroger à la lumière de cet intérêt plusieurs fois manifesté pour ces nouveaux media que sont les « mots en graphe ». Les articles chercheront à établir un dialogue entre les positions de Mac Orlan et celles d'autres hommes et femmes de lettres (Paul Souday, André Beucler), de cinéma (Germaine Dulac, Marcel Lherbier) et de radio (Nino Franck). La promotion de l'art mineur qu'est le graphisme (Arts et métiers graphiques), qui s'accompagne de la valorisation de la publicité, pourra aussi faire l'objet d'un éclaircissement. Les débats autour du livre illustré (Gus Bofa, Chas Laborde) interrogent la place de l'illustration, écriture non verbale, remise au goût du jour par les nombreuses parutions de romans graphiques.

Calendrier :

  • 28 février 2015 : proposition d'article (200-400 mots) à envoyer à l'adresse suivante : zsignoles@gmail.com

  • mars 2015 : réponse du comité de lecture

  • 31 octobre 2015 : remise des articles respectant la feuille de style

  • mars 2016 : publication du numéro (volume papier)

Liste indicative et non exhaustive des pistes à explorer :

  • L'attention aux innovations techniques de Mac Orlan et ses contemporains. L'inscription dans les débats qui opposent cinéphiles et cinéphobes, notamment dans l'espace médiatique. Les enjeux des chroniques cinématographiques / photographiques / phonographiques. Les collaborations de Mac Orlan à la revue Arts et métiers graphiques. Les préfaces à Willy Ronis, André Kertesz, Germaine Krull, etc.

  • Homme de radio, Pierre Mac Orlan a adapté certains de ses textes pour les ondes, laissant une grande part à la chanson. La spécificité de l'écriture radiophonique pourra ainsi faire l'objet d'un développement.

  • Dans la perspective d'une histoire de l'édition, la question de l'illustration (par les dessins ou la photographie chez Kra, Jonquières, etc).

  • Le rôle de la TSF, du phonographe, du cinématographe et des « graphismes nouveaux » dans les romans de Mac Orlan (La Cavalière Elsa, La Vénus internationale, Quartier réservé, etc.)

  • Les « mots en graphe » et le renouveau du roman. Les mots issus du vocabulaire du cinéma et de la photographie dans l'écriture de Mac Orlan et de ses contemporains.

  • L'à-côté de la littérature ? Du phonographe au pornographe, des pistes ouvertes pour explorer d'autres « mots en graphe ».