Essai
Nouvelle parution
Le Théâtre de Corneille en GF-Flammarion.

Le Théâtre de Corneille en GF-Flammarion.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)

À l'occasion du Tricentenaire de la naissance du plus jeune de nos dramaturges classiques
les éditions Flammarion éditent 3 volumes de Théâtre.

Les deux premiers constituent des rééditions des volumes édités en 1968 par Jacques Maurens, assortis d'une bibliographie et de notices actualisées par Arnaud Welfringer.

Le premier rassemble les huit comédies du dramaturge: Corneille est établi dans les esprits comme un auteur de tragédies, qui aurait d'abord jeté sa gourme avec quelque verve et plus tard se serait deux ou trois fois délassé à des divertissements semblables, d'ailleurs sans grande portée. Ce mot de tragédie, comme un sombre soleil, noie de son éclat tout ce qui l'entoure. Or, on pourrait, avec moins de paradoxe qu'il ne semble, renverser la proposition : Corneille est un auteur de comédies héroïques, qui a réussi quelques pures tragédies et qui, porté par le succès, n'a persévéré dans cette veine que par une violence à son goût naturel " (Jean Schlumberger). Ce volume rassemble les comédies de Corneille (1629-1636), de Mélite à L'Illusion comique, en passant par La Veuve, La Galerie du palais, La Suivante, La Place royale et Le Menteur. Badinage, jalousie, malentendus et quiproquos, personnages en proie à l'inconstance amoureuse, couples qui se font et se défont au gré des intrigues qui se croisent... Ces pièces empruntent à la farce et à la pastorale, mêlent parodie et satire, jusqu'au feu d'artifice baroque de L'Illusion comique, " étrange monstre " selon Corneille.

Le second volume réunit les pièces les plus célèbres de Corneille, grâce auxquelles le dramaturge, délaissant les essais comiques de ses débuts, se fit un nom. De la tragi-comédie Clitandre à La Mort de Pompée, en passant par Médée - sa première tragédie, imitée de Sénèque -, Horace, Cinna, Polyeucte, sans oublier Le Cid - qui en 1637 donna lieu à l'une des querelles les plus marquantes de l'histoire du théâtre -, le tragique cornélien apparaît dans toute sa variété. On en retiendra surtout des situations extraordinaires, vertueusement surmontées par des personnages héroïques et sublimes, qui surprennent et subjuguent par la démonstration de la force de leur volonté. Car le tragique cornélien est d'abord un spectacle de grandeur morale - celui-là même qui fit pleurer le prince de Condé lors de la représentation de Cinna. Ainsi que l'écrivait André Suarès, " Corneille, toujours dans la Cité, absolu comme l'État, roide comme la loi, souvent exprime par les traits les plus forts les nuances les plus subtiles et toutes les finesses du scrupule. Ce contraste est étonnant. Il fait le fond de ce singulier génie et de la complexion la plus originale ".

Préparé par Christine Noille à l'occasion de ce Tricentenaire, le troisième volume rassemble six pièces de Corneille, de Rodogune, sa pièce préférée, composée en 1644 au sommet de sa gloire, à Suréna (1674), son ultime tragédie. Trente années d'expérimentation poétique et d'audaces inouïes, au cours desquelles Corneille réinvente son art, en misant sur des intrigues savamment élaborées et sur une inspiration lyrique de plus en plus émouvante. Reines maîtresses de leur passion ou ivres de vengeance (Tite et Bérénice, Rodogune) ; héros qui voient leurs desseins contrariés par la raison d'Etat (Nicomède, Suréna) ; princes révélés à leurs peuples ou défaits par les dieux (Héraclius, Œdipe) : chacune de ces pièces a valeur de manifeste ; et toutes, poussant un peu plus loin leur infidélité au modèle cornélien canonique - celui d'Horace ou de Cinna -, nous obligent à nous défaire de nos certitudes sur Corneille et sur la tragédie classique.


ISBN : 2-08-071043-5
EAN : 9782080710437

Date de parution : 10.07.2006
Prix : 10,80 €
480 pp.