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Le socratisme de Montaigne

Le socratisme de Montaigne

Publié le par Matthieu Vernet (Source : S. Mayer)

Le socratisme de Montaigne

Colloque international organisé par l'Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (Université Jean Moulin-Lyon 3)

Avec la participation du PPF-Histoire de la philosophie, du CPER Ville/Italie,
du Collège International de Philosophie, du Conseil Général du Rhône
et du Conseil Régional Rhône-Alpes

Direction : Thierry Gontier et Suzel Mayer

Comité scientifique : Philippe Desan, Louis-André Dorion, Pierre Magnard, Nicola Panichi, Pierre Servet

6-8 novembre 2008

Université Jean Moulin Lyon 3

18, rue Chevreul, 69007 Lyon

La vénération que Montaigne porte à Socrate ne fait qu'augmenter au fur et à mesure de la rédaction des Essais.Loin cependant de participer à la célébration de« Saint Socrate »(Érasme) à l'entendement « plus qu'humain »(Rabelais), il débarrasse lepersonnage de Socrate des scories métaphysiques dont l'avaient revêtules penseurs renaissants, pour faire de lui un parangon d'humanité.

Outrele personnage de Socrate, Montaigne réinvente l'« idéal » socratique,un idéal qui se traduit par une nouvelle relation du savoir à la viehumaine. La nescience socratique est réinterprétée à travers un schèmepyrrhonien : mais le Pyrrhon de Montaigne, qui neconnaît nil'indifférence, ni la suspension du jugement, ni l'absence de trouble,n'est-il pas en retour profondément socratique ? Par un déplacementsimilaire, le gnosce te ipsum socratique devient chez Montaigneune expérience d'un « moi »singulier, éprouvé tant dans l'essai dujugement que dans expérience de la finité du corps. Enfin, le savoirsocratique, au contraire du savoir« doctrinal », entretientl'inquisition au lieu de la clore, restant ainsi ouvert sur la vie del'esprit.

Cenouveau rapport au savoir engage enfin un nouveau rapport à la sagesse.Socrate opère la synthèse entre la sagesse stoïcienne, faite d'effortet de raideur, et la sagesse pour ainsi dire « spontanée »du cannibaleou du paysan, voire de l'animal. Cette synthèse entre préméditation etimpréméditation, entre exercice de soi et insouciance, culmine dans la meditatio mortisqui constitue le sens le plus fondamental de l'essai montaigniste.Retrouver par l'effort de la vertu la spontanéité perdue de notrenature : c'est peut-être là le mot ultime de la philosophie morale des Essais.

Notrecolloque visera à définir ce nouveau socratisme, en s'interrogeant à lafois sur son originalité par rapport aux traditions antérieures et surson caractère fondateur pour la modernité : le socratisme de Montaignen'est-il pas aussi, en quelque façon, le nôtre ?Et n'est-ce pas avecMontaigne que Socrate devient la figure tutélaire de la philosophie ?


Programme du colloqueJeudi 6 novembre : 14h-18h30

Conférenced'ouverture :

– Pierre Magnard (Université ParisIV – Sorbonne) : Penser et vivre au risque de l'autre.

1 / LeSocrate des Essais : sources etcontexte

– Louis-André Dorion (Université de Montréal) : La présence du Socrate de Xénophon dans les Essais.

– Bruno Pinchard (Université Lyon3) : Rabelais, Montaigne et les grotesques.

– Nicola Panichi (Université d'Urbino) :Socrate et Montaigne: en passant par Guazzo.

– Emmanuel Faye (Université Paris X– Nanterre) : Deux socratismes: Montaigne et Descartes.

Vendredi 7 novembre : 9h-12h30

2 / Écriture et méthode : la maïeutique des Essais

– Alain Legros (Tours, CESR) :« Selon qu'on peut »: « mot favory » de Socrate et première devise de Montaigne

– Pierre Servet (Université Lyon3) : Les allongeails des Essais au miroir de Socrate.

– Marc Foglia (Paris) : Origine et finalité socratiques de l'essai de soi-même

– Philippe Desan (Université de Chicago) : Le Socrate de Montaigne ou « la science de s'opposer ».

– EmilianoFerrari (Università degli studi de Milan / co-tutelle Lyon 3) :« Sentir combien il me reste à apprendre ». Montaigne et laconnaissance de soi par-delà lesocratisme.

Vendredi 7 novembre : 14h30-18h

3 / L'imitation de Socrate

– Christian Nadeau (Université de Montréal) : Le portrait moral de Socrate chez Montaigne

– Frédéric Brahami (Université de Franche Comté) : Socrate et les plus excellents hommes

– Sophie Peytavin (CERPHI) :Socrate, un exemple pour Montaigne ?

– Denis Kambouchner (Université Paris I – Sorbonne) : Les passions de Socrate

– Edward Tilson (Université Laurentienne, Canada) : L'Apologie de Socrate dans l'essai II, 12 de Montaigne

– Sébastien Prat (Université de Montréal) : Réception et critique de la constance stoïcienne à travers le Socrate des Essais.

Samedi 8 novembre : 9h-12h30

4 / Natureet vertu

– Paul Mathias (Paris - CIPh) :« Socrate était homme »

– Suzel Mayer (Université Lyon3) : Un Socrate cynique?

– Thomas Berns (Université Libre de Bruxelles) : Cynisme et cosmopolitisme

– Bernard Sève (Université de Lille 3) : La physionomie de Socrate, ou le sens de la laideur

– Thierry Gontier (Université Lyon 3– CIPh) : Le mauvais naturel de Socrate