Agenda
Événements & colloques
Le silence au théâtre

Le silence au théâtre

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Florence Dupont)

Le silence et le deuil au théâtre : une parole autre
Théâtres anciens et théâtres contemporains.
Journée détudes organisée par le groupe de recherches"Antiquité au Présent"
(Equipe "Théorie littéraire et Sciences humaines")
Le samedi 7 décembre 2002
Campus Jussieu
2 place Jussieu 75005 Paris
Salle 213. 2ème étage, couloir 34-44
 
9h-12h
Introduction :
Les silences anthropologiques Emmanuelle CAGNAC (Paris 7)
"Mise en espace et en jeu du silence dans Héraklès et Hécube d'Euripide. Patricia Legangneux (Paris 3, docteur) et Graziella VINH (Paris 7 doctorante)

La comédie romaine, l'opéra bouffe et les dessins animés Pierre LETESSIER (Paris 7 doctorant)
La dramaturgie des Paravents de Genet et la théâtralité romaine Florence DUPONT( Paris 7)
14h-18h
La voix du masque grec et le théâtre de Kantor David WILES (Cambridge)
Une parole théâtrale sans sujet: où est l'auctoritas du texte dans la tragédie archaïque romaine? Maxime PIERRE (Paris 7 doctorant)
Les pièces dEdward Bond et la tragédie romaine Pierre KATUZSEWSKI (Paris 3 doctorant)
Conclusion :
Françoise ATLANI (Paris 7) :Un corps autre pour une parole autre

Cette journée d'études servira de bilan au séminaire (E. Cagnac et F.Dupont) de 2002. Il s'agit d'utiliser l'étude du silence anthropologique dans les dramaturgies antiques pour revenir ensuite à ceux parmi les théâtres contemporains qui tentent d'échapper à la transcendance du sens et présentent des images sans référent. Le corpus contemporain a été déterminé à partir d'une hypothèse: que pour sortir de l'humanité référentielle sans faire appel à une transcendance, certaines pièces utilisent des rituels de deuil et l'animation par la parole de ces images pures et vouées au silence que sont les morts.
Le silence des vivants dans lantiquité est leffet dun interdit ou dune impossibilité de communication. C''est un silence du corps qui se voit à la posture du muet. Le silence dans les théâtres antiques est donc dabord visible. C'est dans ce silence que surgit une parole "autre", impossible ailleurs qu'au théâtre où le corps est par définition disjoint d'un parole imposée à l'acteur par le texte.
Nous avons privilégié parmi les silences culturels antiques, "convertis en paroles" au théâtre, celui du deuil, central dans la tragédie à Rome et en Grèce
Si cette parole impossible en dehors de la scène, devient possible au théâtre, c'est que le locuteur n'est pas un homme mais un masque. C'est un objet sans voix, sonorisé par le texte oralisé. Il ne représente personne (parce que ces cultures ne pratiquent pas la représentation, rien ni personne ne vaut pour personne). Limage nest quabsence. Personne ne parle à la place de personne. Quand le personnage, mort, en deuillé ou furieux, est voué au silence selon les règles de l'humanité., quand il se taît, il n'est pas un homme silencieux mais une image, un fragment de décor ou encore le double muet mais visible d'un autre personnage.
L'étude du silence introduit aussi à la comédie romaine et au problème posé par l'alternance des cantica (scènes chantées et dansées) et des diuerbia (scènes parlées). Le diuerbium est en effet entendu comme le silence du canticum, quand le personnage passe de la voix chantée à la voix "sèche" (assa).
Avec le théâtre contemporain apparaît lusage des didascalies: un texte nest pas dit sur scène et donc, en un sens, silencieux. Il sert à diriger le corps parlant, ou non et donc installe un contexte énonciatif, fictif, qui fera que la performance relève ou non de la mimèsis. Le choix est linguistiquement fort. La mise en scène réaliste occulte la disjonction du corps et de la parole et ruine la dimension autre de la parole théâtrale revendiquée par la révolution du nouveau théâtre.