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Le sens des formes dans la littérature médiévale (Univ. de Chicago, Paris)

Le sens des formes dans la littérature médiévale (Univ. de Chicago, Paris)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jacqueline Victor)

Le sens des formes dans la littérature médiévale

Appel à communications

Université de Chicago

avec le soutien de l'Université Paris Diderot - Paris 7 (Cerilac)

 

Journée d’étude

Centre de l’Université de Chicago

6, rue Thomas Mann, Paris

Vendredi 1er avril et samedi 2 avril

 

Cette journée d’étude se propose d’examiner les rapports entre la forme que prend un texte (que ce soit d’une perspective générique, codicologique, matérielle, ou autre) et son contenu. En quoi les questions de forme, dans toute leur diversité (genre, poésie à forme fixe, mise en page, matérialité du texte, performance, etc.) influent-elles sur la signification, la fonction, ou la réception d’un ouvrage?

Les questions que peut susciter cette enquête nous permettront de penser et de repenser les approches théoriques et disciplinaires du texte et du manuscrit dans un domaine de recherche qui se voit de plus en plus numérique et interdisciplinaire. Il s’agit non seulement de considérer comment la technologie a transformé notre rapport au manuscrit, mais aussi de réexaminer la distinction fondamentale entre texte, contexte, et manuscrit. D’une part objet particulier, unique, et entier, inscrit dans un contexte historique, social et personnel précis, le manuscrit peut aussi circuler, passer d’un contexte à un autre, multiplier ses points de contact. De cette manière, le texte médiéval accumule des couches successives de mains, d’ajouts, de suppressions, de changements, de publics, de contextes politiques et sociaux, et donc autant de lectures possibles. La version originale d’un texte, souvent à jamais perdue, ne représente qu’un point de départ dans la vie du manuscrit et des mots qu’il contient. La forme matérielle qu’assume un texte ne peut pas se séparer de son contenu, mais les liens entre ces deux ne sont pas indiscernables non plus. Qu’est-ce donc qu’un « texte » médiéval ?

Les questions de forme rejoignent aussi celles de la performance et de l’oralité. En effet, le manuscrit ne constitue qu’un des points de contact multiples entre le texte et son (ou ses ?) public(s). Comment l’oralité influe-t-elle sur notre compréhension de la forme littéraire au Moyen Age ? La réponse à cette question ne serait certainement pas unique, mais, comme l’a constaté Paul Zumthor, elle « comporte de grandes conséquences, souvent par inertie ignorées. » Il continue : « l’hypothèse proposée s’avère empiriquement beaucoup plus féconde que celle, intériorisée et tombée à l’état de préjugé, qui assimile la poésie médiévale à notre ‘littérature’ ».[1] Certes, l’oralité met en jeu les préconceptions théoriques de la littérature en tant que forme stable et écrite.

De même, la forme du texte excède les limites du manuscrit et embrasse l’idée plus nébuleuse du genre et de la forme littéraire. Il s’agit d’abord de réfléchir sur l’établissement des genres dans le contexte médiéval, ainsi que de considérer dans quelle mesure le genre médiéval comportait des « horizons d’attente » et des formes reconnues, éléments si importants pour une compréhension moderne du terme. Dans quelle mesure est-il utile et/ou possible de définir et de prendre en compte les genres médiévaux ? De quelle manière les auteurs médiévaux, pour leur part, ont-ils conçu et décrit la forme et la production littéraires ? Autrement dit, comment la forme du texte prend-elle forme dans le texte, et comment le texte participe-t-il à la formulation d’une conception plus large de la forme ?

Plusieurs pistes, non exhaustives, peuvent être explorées:

 - comment penser l’espace du manuscrit? De quelle façon des éléments tels que la mise en page, les index, les tables des matières, les enluminures, les rinceaux, les drôleries, le choix et l’ordre des textes, les rubriques, contribuent-ils à la production de la signification?

- quels sont les effets du choix de genre ou de forme (dit, poème à forme fixe, poème strophique, chanson, vers narratif, prose, prosimetrum), ou bien du mélange de formes (dans les textes hybrides ou macaroniques)?

- de quelle manière les auteurs médiévaux ont-ils présenté la forme, le genre ou la technique littéraire dans leurs propres œuvres ?

- comment prendre en considération les notes marginales ? Est-il possible de lire les accumulations textuelles comme « un » texte ?

- comment prendre en compte l’oralité du texte ou du manuscrit ? De quelle façon la voix, la performance, l’actualisation d’un texte influent-elles sur la forme ?

- dans quelle mesure l’étude de la littérature médiévale peut-elle contribuer à une reconsidération du formalisme et de la stylistique ?

 

La journée d’études aura lieu les vendredi 1er avril et samedi 2 avril 2016 au Centre de l’Université de Chicago à Paris.

Si vous souhaitez participer à cette journée (format des communications : 20 min + 10 min d’échanges), merci d’envoyer une proposition de communication ne dépassant pas les 300 mots et accompagnée d’un court CV à Daisy Delogu (ddelogu@uchicago.edu), à Jacqueline Victor (jgvictor@uchicago.edu) ou à Anne Paupert (apaupert@wanadoo.fr) avant le 4 janvier 2016.

Contacts scientifiques :

Daisy Delogu (ddelogu@uchicago.edu)

Jacqueline Victor (jgvictor@uchicago.edu)

Anne Paupert (apaupert@wanadoo.fr)

 

 

[1]Zumthor, Paul. « Le texte médiéval entre oralité et écriture ».