Web littéraire
Actualités

"Le roman-photo : une fête". Sur l'exposition "L'amour de A à Z" au Mucem, par J. Baetens

Publié le par Université de Lausanne

Référence bibliographique : "Le roman-photo : une fête". Sur l'exposition "L'amour de A à Z" au Mucem, par J. Baetens, , 2018.

 

Sur le site des éditions Les Impressions nouvelles, le 14.12.17 :

 

Le roman-photo, une fête

Jan Baetens

Du mercredi 13 décembre 2017 au lundi 23 avril 2018, une grande exposition au Mucem (plus de 300 objets, 800 mètres carrés) nous invite à repenser le genre méprisé du roman-photo. « Repenser » est en effet le mot qui s’impose, car les commissaires de l’exposition, Frédérique Deschamps et Marie-Charlotte Calafat, sont parvenues à éviter le double piège qui sous-tend toute initiative autour du roman-photo : la nostalgie, d’une part, la distance ironique ou parodique, d’autre part (les deux sont d’ailleurs loin de s’exclure).

« L’Amour de A à Z » est une exposition qui prend le roman-photo au sérieux, tout en posant la question de ce qui a pu freiner l’épanouissement d’un genre virtuellement aussi riche que la bande dessinée. À l’instar du cinéma, le roman-photo est à la fois une industrie et un art, mais ce qui a toujours été possible au cinéma, à savoir l’émergence d’œuvres de qualité au cœur même d’un univers soumis aux lois marchandes, s’est avérée plus difficile dans le domaine plus étroit du roman-photo. Cependant, l’exposition montre clairement qu’il est grand temps de nuancer les critiques traditionnelles à l’égard du genre. Le caractère mécanique de la mise en page, les pauvres qualités photographiques de beaucoup de la plupart des œuvres produites à la chaîne, enfin le caractère gentiment réactionnaire de l’intrigue de base, ne résistent pas à un regard plus attentif. L’iconographie rassemblée dans l’exposition oblige à revoir les jugements à l’emporte-pièce sur la laideur des images. Elle aide aussi à revenir sur pas mal de partis pris sur les supposées tares idéologiques du genre, qui est bien plus qu’une machine à aliéner les femmes au foyer. L’exposition continue ainsi le travail de pionnier effectué par des critiques et historiens du genre comme Bruno Takodjerad, auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le roman-photo populaire et ses prolongements au-delà des seuls magazines de romans-photos. […]

Lire la suite sur le site des éditions Les Impressions nouvelles…