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Le quotidien filmé. Archives filmiques et espaces publics.

Le quotidien filmé. Archives filmiques et espaces publics.

Publié le par Marc Escola (Source : Nicolas Tixier et Robert Bonamy)

Le Quotidien filmé

Archives filmiques et Espaces publics

 

Colloque, 3-4 novembre 2014, à Grenoble

Cinémathèque de Grenoble

— salle Juliet Berto

Passage de l’Ancien Palais de Justice / 38000 Grenoble

 

Organisateurs

Robert Bonamy

études cinématographiques — Université Stendhal Grenoble-3 —

TRAVERSES 19-21, CINESTHEA

 

Nicolas Tixier

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Ecole Supérieure d’Art de

l’Agglomération d’Annecy — Laboratoire

CRESSON – UMR CNRS 1563

robert.bonamy@u-grenoble3.fr

nicolas.tixier@grenoble.archi.fr

 

Que tout film, pour peu qu’il ait recours à l’enregistrement, puisse revendiquer la

capacité de garder la marque — visuelle et sonore — d’une époque, en témoignant de

l’aspect et de l’agencement d’espaces urbains à une période donnée, est une évidence.

Pour autant, cette évidence n’est pas sans engager une réflexion qui amène à interroger

la notion d’archive filmique en mobilisant une série de concepts propres aux études

urbaines, mais aussi propres aux études cinématographiques : la vue, la coupe, le plan, la

séquence, la miniature urbaine, la synchronisation, etc.

Des concepts, mais aussi des démarches. En effet, une pensée contemporaine de

l’archive filmique peut tout aussi bien se faire en acte, c’est-à-dire en actes de création,

à travers des prolongements et des propositions artistiques qui réévaluent, remontent,

déplacent cette logique filmique. La conservation de films ne peut probablement pas

tout à fait être isolée d’un faisceau de démarches qui remettent en mouvement l’archive

filmique. En outre, une ville peut aussi être le site d’expériences filmiques, c’est par

exemple le cas de Grenoble et du « détour » vidéo des années 70 autour de plusieurs

artistes majeurs — dont Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville — puis, au début

des années 80, avec les courts et moyens métrages rendus possibles par la Maison

du cinéma et de l’audiovisuel. Des expériences filmiques, mais aussi des inventions

techniques, en particulier à travers les créations de Jean-Pierre Beauviala. Que reste-

t-il de ces expériences, qui sont notamment passées par le quartier de la Villeneuve,

la grande opération urbaine innovante de ces mêmes années ? En s’intéressant

au quotidien filmé, le colloque se construit selon un croisement entre les études

cinématographiques et la recherche architecturale et urbaine. Ces deux voies mobilisent

une réflexion sur le sensible et l’image, sur les ambiances et leurs représentations.

Dans le cadre du projet de recherche ARC 5 « Archives filmiques en Rhône-Alpes :

entre documents et création », le colloque convoque plusieurs exemples qui se sont

proposés de filmer les espaces de la région ou à des bandes issues des collections

d’institutions régionales, plus particulièrement celles du fonds de la Cinémathèque de

Grenoble.

À partir de cet appui régional, ces deux journées ont l’ambition de déployer un cadre

propice à des recherches plus vastes, à propos des liens entre archives filmiques et

territoires urbains. Sans la prétention de « généraliser » les propositions à l’ensemble

des territoires ou à l’ensemble du cinéma, le colloque a toutefois le souhait de proposer

différents échanges et dialogues : entre disciplines (cinéma et architecture), entre

territoires, entre supports, entre registres filmiques et artistiques. Le corpus de films

convoqué concerne aussi bien le documentaire ou l’essai filmique, qui assument

entièrement un « vision » et une « écoute » de l’espace urbain, que la fiction qui ne

donne parfois, en passant, qu’un aperçu réduit, bref ou en arrière-plan, de l’espace

traversé. La méthode peut donc être celle d’une attention au détail. Elle sera aussi celle

d’une attention à la multiplicité des usages filmiques et, ainsi, à une hétérogénéité de

ce qui, aujourd’hui, peut faire archive. Avec, en outre, une question : comment les films

d’hier permettent-ils de regarder les espaces urbains d’aujourd’hui ?

 

Lundi 3 novembre 2014

Salle Juliet Berto - Entrée libre et gratuite
 

10h — Robert Bonamy, Nicolas Tixier — ARGUMENTS
 

10h30 — Projection — MONSIEUR MARTIN AURA QUARANTE ANS DEMAIN, Christophe Jullien, 1988, 9 min. 16 mm, coll. Cinémathèque de Grenoble.
 

10h45 — Philippe Artières [historien, CNRS, EHESS, IIAC, Anthropologie de l’écriture]

« Film léger » — Lors de la préparation de l’exposition Le Médecin et le Criminel, à la bibliothèque municipale de Lyon, en 2003, une archive tout à fait exceptionnelle a éclairé cette histoire : un film réalisé au début des années 1960 sur le musée d’anthropologie criminelle de Lacassagne à la faculté de médecine de Lyon. Que montre ce film de dix-sept minutes ?
 

11h45 — Jean-Paul Thibaud [Sociologue, Cresson, ENSAG, CNRS Ambiances architecturales et urbaines]

« Ambiances de basse intensité » — Cette communication présente un travail d’ethnographie sensible réalisé à Grenoble il y a quelques années. Il s’agissait de filmer cinq espaces publics et d’explorer une manière de documenter leurs ambiances. Un ensemble d’épisodes ambiants a été prélevé sur chacun des lieux. Le propos était de montrer comment des phénomènes élémentaires d’ordre sonore, lumineux, corporel, rythmique et social tissent la trame d’une ambiance et sous-tend l’ordinaire de l’expérience urbaine.
 

14h30 — Projection — GRENOBLE, Robert Bastardie, 1928, 17min. 35mm, coll. Cinémathèque de Grenoble.
 

15h00 — Nia Perivolaropoulou [Responsable des études cinématographiques à l’Université Duisburg- Essen, spécialiste et éditrice en français des écrits de S.Kracauer]

« Perceptions urbaines, impressions cinématographiques : Siegfried Kracauer » — La pensée de la ville et du cinéma chez Kracauer s’élabore, dès les années 1920, à partir d’une réflexion, d’un côté, sur leurs affinités profondes, de l’autre, sur les changements de l’espace urbain et de sa perception induits par le film et le cinéma. Expliciter l’approche kracauerienne de la ville et du cinéma peut conduire à aborder la question de l’archive filmique.


16h00 — Guillaume Meigneux [Cresson, ENSAG, CNRS Ambiances architecturales et urbaines]

« De la narration documentaire au compositing numérique — Nous aborderons le quotidien à travers deux dispositifs filmiques : celui de la narration documentaire et celui du compositing vidéographique. Le premier est issu d’un tournage de trois années au sein d’une tour d’habitation du 17e arrondissement de Paris, le deuxième d’une série de vidéos expérimentales attachées à retranscrire les gestes et usages d’un lieu dans le temps. Le premier appréhende le quotidien à travers des individualités, le second à travers des individus. Le premier suppose une personnification des lieux, le deuxième permet une distanciation de l’observation. Le premier donne à vivre le quotidien, tandis que le second le donne à voir.


16h45 — Jean-Marc Chapoulie [cinéaste, vidéaste, ESAAA]

« La domestication du garage » — « La domestication du garage » — Filmer le quotidien est fondé sur l’observation « du monde sensible en termes raisonnables » dirait , aujourd’hui, Levis Strauss vivant. Filmer le quotidien est tout simplement la pratique des premiers films Lumière qui lancent l’art cinématographique dans le grand bain contemporain, des caméras de surveillance des grandes villes, aux petits films Teenage postés sur YouTube.


19h30 — Projections / dialogues (en partenariat avec le cycle Traversées Urbaines #5)

GUY MÔQUET, de Demis Herenger, France 2014, 32’, DCP

UNE RAISONNABLE UTOPIE OU L’EXPÉRIENCE DE GRENOBLE, de Jean-Claude Bringuier, Hubert Knapp, Claude Massot, France 1973, 57’, vidéo

Invités : Demis Herenger réalisateur, Naïm Aït Sidhoum : producteur Vill9

 

Ponctuations avec extraits de films Laure Brayer [Cresson, ENSAG, CNRS Ambiances architecturales et urbaines]

« Filmer le quotidien : la dimension temporelle de l’espace public urbain à travers le film » — 4 ponctuations au cours du colloque avec extrait de films. Le quotidien désigne ce qui constitue la substance des journées, ce qui remplit le temps ordinaire dans la vie de tous les jours. Si l’on considère l’espace public urbain, cette substance peut alors être celle des relations entre l’espace et les corps. Dès lors, la question que nous tenterons d’explorer est la suivante : comment enregistrer et donner à voir ces relations fugaces dans la durée ? Au cours de brèves ponctuations et à travers le visionnage de plusieurs extraits de productions audiovisuelles, nous observerons diverses manières selon lesquelles le film s’empare de la question du temps et traduit le quotidien.

 


     

 

Mardi 4 novembre 2014

Salle Juliet Berto - Entrée libre et gratuite


9h30 — Projection — MONSIEUR MARS, Jean-Jacques Henry, 1972, 24 min. 16 mm, coll. Cinémathèque de Grenoble.
 

10h00 — Béatrice De Pastre [Directrice des collections, directrice adjointe du patrimoine cinématographique du CNC]

« Traverser le ventre de Paris » — LES HALLES d’André Galitzine et Boris Kaufman - 1927Lieu emblématique de la capitale, les Halles furent au fil des siècles un espace d’échanges, de vie abrité à partir de 1852 par les dix pavillons dit Baltard, si caractéristiques de l’architecture métallique qui prend alors son essor. La caméra de Boris Kaufman s’introduit au plus près de ceux qui animent ce lieu, révélant gestes et atmosphère, faisant advenir au fil de la nuit tout un monde aujourd’hui disparu comme absorbé par la ronde des balayeuses qui clôt le film au grand midi.


11h00 — Laure Sainte-Rose [Restauratrice de films, Ad libitum]

Projection commentée de films extraits de la collection Ad libitum : HABITAT INSALUBRE À VOIRONEN CHARTREUSE, reportage de Jean Valois et Pierre Roullet, circa 1950, 16mm, n&b, 18’.(réalisé sous le patronage du Comité Paritaire du Logement Voironnais et avec le concours des malslogés) ; L’ŒUVRE GRANCHER, film de commande de Jean Valois et Jacques Hervé, 1951, 16mm, n&b, 23’. Sous titre : : « Préservation de l’enfance contre la tuberculose par l’Office départemental d’hygiène sociale de l’Isère »(réalisé sous la direction du professeur Bethoux, avec le docteur Fabre, au Sanatorium de St Hilaire du Touvet).


12h00 — Martial Pisani [Université Grenoble-3, Traverses 19-21, CINESTHEA & Université Paris-8]

« Fragments de San Francisco entre trois décennies dans Les Rapaces (Greed, 1924) d’Eric von Stroheim » — Trente ans séparent le début de la rédaction de McTeague par Frank Norris, en 1893, du tournage de son adaptation par Erich von Stroheim. Entre ces deux dates, la ville de San Francisco, où se situe la majeure partie de l’action du roman, a subi le tremblement de terre de 1906 puis l’incendie qui s’en suivit, et fut en grande partie reconstruite. Loin de proposer la reconstitution d’une époque, Les Rapaces transposent le récit de Norris une dizaine d’années encore après ces évènements, et les voitures garées dans les rues, comme les habits des figurants qui y circulent, sont même contemporains du tournage. Ces légers anachronismes peuvent étonner dans un film en revanche si soucieux d’exactitude quant à ses décors, le cinéaste organisant la vie de ses personnages autour du quartier et des bâtiments encore debout décrits par Norris, comme si la ville filmée par Stroheim était encore la même. L’attention aux lieux occulterait-elle, ici, le passage du temps ?


14h45 — Projection — 24 x 36, Yann Flandrin, 1983, 12 min. 16 mm, coll. Cinémathèque de Grenoble. Projection en présence du cinéaste, enseignant à l’ESAD Grenoble.


15h00 — Vincent Sorrel [cinéaste, Université Grenoble-3, GRESEC]

« Un moteur pour la caméra » — Comment filmer dans le temps du monde alors que l’expérience temporelle du cinéma qui limite et découpe est fondamentalement et cruellement différente de celle du flux continuel de la vie ? Les hommes à travers leurs créations et la technique cherchent à réduire ces contraintes, à être plus légers, plus mobiles, plus autonomes afin de rapprocher les perceptions machinique et humaine. Justement, être synchrone avec la vie, mais aussi la ville, ou encore en synchronisme avec ce que l’on perçoit et ce que l’on sent. Filmer dans le temps du monde est « moteur» pour le cinéaste - nous le verrons avec des extraits de films de Johan Van Der Keuken, L’ENFANT AVEUGLE (1964) et L’ESPRIT DU TEMPS (1968) - mais il a aussi fallu concevoir un moteur pour la caméra légère, synchrone et silencieux. Préciser la conception du moteur BEALA dit Beauviala pour la caméra Eclair 16 est l’occasion de revenir sur l’histoire du cinéma direct, à la recherche du synchronisme, et les débuts des caméras Aaton à Grenoble.

 

16h00 — Projection — APRÈS UN RÊVE, Louise Narboni, 2013, 26 min.


16h30 — Jennifer Buyck [IUG-PACTE], Naïm Aït Sidhoum [ESAAA], David Yon [Université Grenoble-3]

« Deux expériences vidéographiques dans un cadre pédagogique » — Echirolles et la Villeneuve
 

20h00 — Projection / dialogue

LA ROUGE ET LA NOIRE, de Isabelle Prim, France, 2012, 74’

Invités : Jean-Pierre Beauviala, fondateur d’Aaton et Isabelle Prim, réalisatrice

 

Action de recherche inscrite dans le cadre de l’ARC 5 - Cultures, Sciences, Sociétés et Médiation – Région Rhône-Alpes