Actualité
Appels à contributions
Le Risque (Le Puy de la Recherche, Clermont-Ferrand)

Le Risque (Le Puy de la Recherche, Clermont-Ferrand)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Marion Clavilier)

 

                                                        Le Puy de la Recherche

                                                       Colloque transdisciplinaire

                                                                    Le Risque
 

                                                             Les 7, 8 et 9 juin 2016 à Clermont-Ferrand (63)

 

  Friedrich Nietzsche dans Le Gai savoir exhorte les hommes, afin de « moissonner l’existence la plus féconde et la plus grande jouissance de la vie », à vivre dangereusement en construisant leur ville près d’un volcan.

  Cette existence intensifiée par la présence consciente du risque ne conduirait-elle pas à une mise en danger délibérée ? Le risque est un danger potentiel lié à des circonstances données. Comme le danger, il implique une situation d'urgence, face à laquelle l'individu doit réagir rapidement pour éviter qu'elle lui cause un dommage. Mais alors que le danger est avéré, le risque est incertain. Il précède en quelque sorte le danger qui en est la concrétisation.

  Contrairement au danger, le risque a une dimension virtuelle : lors d'une guerre par exemple, les belligérants manipulent la conscience que l'adversaire a du risque pour l'intimider, comme pendant la Guerre Froide où la stratégie de l'URSS et des États-Unis était de rivaliser dans la course aux armements sans avoir pour but réel de les utiliser. Aujourd'hui encore, les pays se dotent de l'arme nucléaire à des fins dissuasives. C'est justement parce que ces menaces sont virtuelles qu'il s'agit de risques.

  Le risque peut être parfois anticipé, considéré en amont, calculé, à plus ou moins long terme. Mais malgré tous les moyens de prévision à disposition des sociétés contemporaines pour faire face à l'éventualité du risque, celui-ci n'est pas toujours évitable, comme le montrent chaque jour les catastrophes naturelles - ouragan, tsunami, cataclysme sismique -, ou provoquées par l'activité humaine - marée noire ou désastre de Fukushima -, dévastatrices à grande échelle.

  Mais l’ambiguïté constitutive du risque est qu'il peut dans certaines circonstances se muer en opportunité. Il est alors désiré voire délibérément recherché. Dans les jeux d'argent, les joueurs, parient sur le risque dans l'espoir que le hasard leur sera favorable, en vue d'un gain. De même les spéculateurs boursiers réalisent des opérations financières pour engendrer un profit, à partir des anticipations des tendances du marché. Comme le montre l’histoire économique récente, des comportements toujours plus risqués peuvent cependant induire des dynamiques hautement spéculatives risquant d’aboutir à des crises financières.

  Les sports de l'extrême tels que le saut à l'élastique, l'alpinisme ou le canyoning tirent aussi partie du risque. Ce dernier intervient également dans les arts du cirque : le funambule ou le trapéziste, par exemple, doivent avoir une maîtrise raisonnée du risque qui ne laisse pas place au hasard.

  Parfois le risque génère l'addiction dans le cas de comportements borderline consistant à frôler délibérément la mort – jeu du foulard, addiction aux drogues, binge drinking, bizutage –, pratiques souvent associées dans les sociétés humaines à un rite de passage de l'enfance à l'âge adulte. Le risque se présente comme un danger fascinant parce qu'il relève de l'interdit. Pour ces aventuriers de l'extrême, « il faut savoir risquer la peur comme on risque la mort, le vrai courage est dans ce risque. » (Georges Bernanos, Le Dialogue des Carmélites).

  Le risque étant aléatoire, on ne peut dire à l'avance s'il vaut la peine d’être affronter. Comme tel, il peut être un tremplin pour l'action humaine. Il est d'une certaine façon comparable au « kaïros » que les Grecs de l'Antiquité représentaient sous les traits d'un petit dieu ailé que l'on choisit ou non d'attraper par les cheveux quand il passe. Le « kaïros » représente l'occasion qui se présente et il peut avoir des conséquences bonnes ou mauvaises. Le risque coïncide parfois avec l'opportunité. Ainsi pour Anne Dufourmantelle, il faut savoir l'affronter car il est un « engagement physique du côté de l'inconnu, de la nuit, du non-savoir, un pari face à ce qui, précisément, ne peut se trancher », ouvrant la « possibilité que survienne l'inespéré » (Éloge du risque, quatrième de couverture.)

  Plusieurs pistes pourront être explorées par les chercheurs, la liste proposée n'étant pas exhaustive :

- Le risque dans les sociétés humaines : D'un point de vue sociologique et historique, dans quelles circonstances naît le risque et quand disparaît-il ? Comment est appréhendé le risque dans les différentes sociétés humaines et existe-t-il des sociétés sans risque ? Quels moyens linguistiques servent à le désigner ?

- Ambivalence du risque : Le risque est-il une opportunité à saisir ou un danger à éviter ?

La stratégie des sociétés contemporaines consiste à essayer d'éviter le risque grâce au principe de précaution. Cette stratégie est-elle efficace ou a contrario n'a-t-elle pas un effet anxiogène ? Pour David Le Breton (Éloge du risque), les sociétés technologiques produisent depuis les années 1980 de nouveaux types d'angoisse.

 Dans le domaine médical, on pourra prendre en compte le rapport bénéfice / risque sur le patient.

 

- Risque et psychisme : Quels réactions physiques, physiologiques et psychiques déclenche le fait d'affronter un risque (stress, montée du taux d'adrénaline...) ?

Le risque peut-il entraîner un trauma ?

Quelles conséquences psychologiques négatives peut causer le risque de l'échec, en psychologie et en sciences de l'éducation ?

- Prévoir le risque : Les sciences s'efforcent de prévoir les risques en vue de les endiguer : la météorologie anticipe les risques naturels. En mathématiques, les lois de probabilité permettent de calculer les risques. Ces lois connaissent ensuite des applications pratiques dans le domaine de l'informatique, du jeu ou de la bourse.

- Agir face au risque : L'homme passe son temps à affronter des risques. Vivre c'est risquer de mourir. La liberté humaine prend place dans cette conscience de la finitude qui ménage un espace pour l'action. Cette conscience douloureuse du risque n'est-elle pas riche d'enseignements pour l'action ? Y a-t-il une réponse philosophique adaptée face au risque ?

- Risque et argent : L'argent génère le goût du risque dans l'univers du jeu et de la finance. Les traders sont prêts à prendre des risques pour gagner toujours plus. Dans le domaine boursier, on pourra songer aux placements financiers à risque.

D'un point de vue juridique, les experts en assurances évaluent les risques et dégagent les différentes responsabilités face à un sinistre.

- Risque et création artistique : On pourra se demander si toute pratique artistique ne repose pas sur un risque, le créateur authentique étant celui qui est prêt à s'aventurer hors des sentiers battus pour proposer une œuvre originale et émancipée des conventions esthétiques et des idéologies de son temps. Plus concrètement, le risque peut renvoyer à un danger politique si l'on songe aux artistes prêts à affronter le pouvoir pour défendre leurs idéaux.

 

Modalités de soumission :

 

Les chercheurs souhaitant participer au colloque sont invités à soumettre aux organisateurs une proposition de communication d'une longueur maximale de 3000 signes (environ 500 mots).

 

Celles-ci sont à envoyer avant le 15 mars 2016 à l'adresse : puydelarecherche@gmail.com

La réponse sera communiquée aux auteurs des propositions de communication avant le 30 mars 2016.

Les communications retenues ne devront pas excéder une durée de 25 minutes.

 

Organisation :

Cette manifestation scientifique pluridisciplinaire est organisée par l’association Doct’Auvergne qui œuvre pour la promotion du doctorat en regroupant des doctorants et jeunes docteurs. Pour plus d’informations : http://doctauvergne.fr/lassociation/

 

Comité d’organisation :

Marion CLAVILIER (Doctorante en Littérature comparée), Alexis DUMAS (Docteur en Physique – Spécialité : Physique des particules), Clément MATHONNAT (Doctorant en Économie) et, Gwenaëlle MAGE (Doctorante en Droit privé)

 

Lieu :

ÉCOLE DE DROIT

Amphithéâtre Trudaine

41, bld F. Mitterrand

CS 20054

63002 Clermont-Ferrand CEDEX 1

 

Accès :

Tramway – Arrêt Université

À 15 minutes à pied de la Gare SNCF de Clermont-Ferrand