Agenda
Événements & colloques
Le prince, le tyran, le despote : figures du souverain en Europe de la Renaissance aux Lumières 1500-1800

Le prince, le tyran, le despote : figures du souverain en Europe de la Renaissance aux Lumières 1500-1800

Publié le par Emilien Sermier (Source : Myriam-Isabelle Ducrocq)

Le prince, le tyran, le despote : figures du souverain en Europe de la Renaissance aux Lumières. The Prince, the Tyrant, the Despot: figures of the Sovereign in Europe from the Renaissance to the Enlightenment  1500-1800

Colloque international pluridisciplinaire organisé par le CREA-EA370 (Paris Ouest Nanterre La Défense) en partenariat avec PRISMES-EA4398 (La Sorbonne Nouvelle Paris 3) et CAS-EA801 (Toulouse Jean Jaurès) avec le soutien de l’UFR LLCER, de l’ED 138 et de CHISCO-ED395 (Paris Ouest Nanterre La Défense), de l’IRCL-UMR 5186 (Paul Valéry Montpellier 3/CNRS) et de la SAGEF

Comité dorganisation. Organising committee
Myriam-Isabelle Ducrocq (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA)
Laïla Ghermani (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA)Anne-Marie Miller Blaise (Université La Sorbonne Nouvelle Paris 3 – PRISMES)Alexandra Sippel (Université Toulouse Jean Jaurès – CAS)

Comité scientifique. Scientific committee
Marc Belissa (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CHISCO)
Jauffrey Berthier (Université Bordeaux Montaigne - SPH)
Luc Borot (Université Paul Valéry Montpellier 3- IRCL UMR 5186)
Nicolas Dubos (Université Bordeaux Montaigne - SPH)
Myriam-Isabelle Ducrocq (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA)
Blandine Kriegel (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense)
Laïla Ghermani (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - CREA)
Christian Lazzeri (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense - SOPHIAPOL)
Franck Lessay (Université La Sorbonne Nouvelle Paris 3)
Rachel Rogers (Université Toulouse Jean Jaurès - CAS)
Miri Rubin (Queen Mary University London)
Raffaella Santi (Universita di Urbino, Carlo Bo)

Contacts : mducrocq@u-paris10.fr et lghermani@gmail.com

 

Vendredi 22 janvier Salle René Rémond (B015), Espace Recherche, bâtiment B
Friday, January, 22. Room B015 - Salle René Rémond, Espace Recherche, building B

Matinée. Morning

9h15 Accueil. Welcoming the participants.

9h30 Ouverture des travaux. Conference opening

9h45-11h00 Le prince et le tyran dans lEurope de la Réforme I. The Prince and the Tyrant in Reformation Europe I.

Armel DUBOIS-NAYT (Université de Versailles Saint-Quentin) – Marie de Guise: femme prince ou  “tyranne”? 

Teresa MALINOWSKI (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) – L’expérience polonaise d’Henri III dans les écrits de la Ligue : un réquisitoire contre le Valois tyran.

Pause. Break

11h15-12h30 Le prince et le tyran dans lEurope de la Réforme II. The Prince and the Tyrant in Reformation Europe II.

Mario TURCHETTI (Université de Fribourg) La différence « capitale » entre despotisme et tyrannie : la leçon de Bodin indispensable encore de nos jours 

Nicolas DUBOS (Université Bordeaux Montaigne) – Portrait du Prince et histoire nationale dans le Henry VII de Francis Bacon

Déjeuner. Lunch.

Après-midi. Afternoon.

14h00-15h45 Représentations du tyran dans lAngleterre des premiers Stuarts. Representing the Tyrant in Early Stuart England.

Christine SUKIC (Université de Reims Champagne Ardenne) – “We have made a God of our owne bloud”: Alexander the Great as Hero and Tyrant on the Early Modern Stage

Gilles BERTHEAU (Université François Rabelais, Tours) – King James and “Pontificall Tyrannie”

Jauffrey BERTHIER (Université Bordeaux Montaigne) – Common law et absolutisme dans l'Angleterre du début du XVIIe siècle. Le droit comme limite prudentielle du pouvoir

Pause. Break

16h00-17h45 Déconstruire et repenser la tyrannie. Deconstructing and rethinking tyranny.

Raffaella SANTI (Università di Urbino Carlo Bo) – Unus Tyrannus? The Dissolution of Tyranny in Hobbes’s Leviathans

Mary NYQUIST (University of Toronto) – Despotism No Tyranny in Hobbes

Luc BOROT (Université Paul Valéry, Montpellier 3) – Tyrannies as privation(s) of government in Harrington's System of Politics.

 

Samedi 23 janvier – Salle des conférences, Espace Recherche, bâtiment B
Saturday, January, 23. Room : Salle des conférences, Espace Recherche, Building B

Matinée. Morning

9h15 Accueil. Welcoming the participants.

9h30-10h45 Portait du tyran en ennemi de la liberté. Portrait of the Tyrant as the enemy of liberty.

Christopher HAMEL (Université de Rouen) – "'A single person...natural adversarie and oppressor of libertie'. La réduction de la monarchie à la tyrannie dans les pamphlets politiques de John Milton"

Claire GHERRAERT-GRAFFEUILLE (Université de Rouen) - Formes et figures de la tyrannie dans The Memoirs of the Life of Colonel Hutchinson de Lucy Hutchinson (c. 1670)

Pause. Break

11h00-12h15 Naissance du prince moderne : France, Angleterre, Pays Bas. The birth of the modern Prince: France, England, the Low Countries.

Martin DZELZAINIS (University of Leicester) – ‘Hostis humani generis from Milton to Locke

Blandine KRIEGEL (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) – Le Prince moderne, de la souveraineté absolue à la séparation des pouvoirs : Bodin, Hobbes, Spinoza

Déjeuner. Lunch

Après-midi. Afternoon

14h00-15h15 Reflets du tyran dans lEurope des Lumières. Reflections of the Tyrant in Enlightenment Europe.

Monique COTTRET (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) - Damiens et l’image de Louis XV, les faux-semblants du tyrannicide au tournant des Lumières

Alexandra SIPPEL (Université Toulouse Jean Jaurès) – “Queen Tudorina of Bonhommica: ideal monarchy v. Hanoverian decadence in The Travels of Hildebrand Bowman (1778)”

Pause. Break

15h30-17h15 Bannir le Tyran : le moment révolutionnaire. Banishing the Tyrant: the time of revolution.

Carine LOUNISSI (Université de Rouen) – “A sovereignty to will and a sovereignty to act": du despote au souverain chez Thomas Paine

Suzanne LEVIN (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) – From King Log to Despot: The Turning Point of Varennes in the Republican Press

Felix MANGANO (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense) - Tyrannicide et politique linguistique.

17h45 Clôture des travaux. Conference closing remarks

Appel à communications. Call for papers

Scroll down for the English version

« J’ai dit que la nature du gouvernement républicain est que le peuple en corps, ou de certaines familles, y aient la souveraine puissance : celle du gouvernement monarchique, que le prince y ait la souveraine puissance, mais qu’il l’exerce selon les lois établies : celle du gouvernement despotique, qu’un seul y gouverne selon ses volontés et ses caprices. » (Montesquieu, De lEsprit des Lois, 1758, livre III, chap. II)

Au XVIe siècle, les rois de France et d’Angleterre affirment leur autorité face aux prétentions impériales du Pape et de Charles Quint. Puis, c’est au tour des sept provinces du nord de réclamer leur indépendance à Philippe II : la République des Provinces Unies est proclamée en 1581. Dans ce contexte d’unification des Etats territoriaux, les théoriciens légitiment le pouvoir absolu du prince, et formulent la notion de souveraineté. Au lendemain de la Saint Barthélémy, Jean Bodin la définit comme « la puissance absolue et perpétuelle de la République » : ses thèses sont traduites en latin et lues sur tout le continent. La souveraineté désigne donc le moyen par lequel la République peut se défendre des menaces externes, mais aussi des conflits internes : révoltes de la paysannerie, de l’aristocratie, guerres de succession et de religion.

Un tel effort de théorisation procède de la volonté d’adosser la légitimité du souverain au droit, et dans sa version absolutiste, de faire dériver la loi civile du souverain lui-même. Aussi, l’émergence de la doctrine de la souveraineté passe-t-elle par une révision du cadre juridique hérité du Moyen Âge, qui avait redécouvert le corpus justinien dès la fin du XIe siècle en Italie. Revisitant tout un courant interprétatif, incarné par l’historien allemand Ernst Kantorowicz, selon lequel l’État moderne était l’émanation du droit impérial romain, des chercheurs et des chercheuses ont mis en exergue le vaste travail de critique et d’adaptation du droit romain au cours du XVIe siècle. Telle est la contribution des jurisconsultes français de l’Ecole de Bourges étudiés par Allen, Salmon, Giesey, et Kelley ; en Angleterre, on publie vers le milieu du siècle les écrits de Fortescue (1385-1479) qui avait compilé le droit coutumier, travail de compilation repris au XVIIe siècle par les common lawyers au premier rang desquels Sir Edward Coke. Cette souveraineté fondée sur un droit vernaculaire fut brandie en divers lieux comme arme idéologique contre toute menace de domination : dans les Flandres sous domination espagnole, dans la France des Valois, dans l’Ecosse et l’Angleterre des Stuarts. Ainsi, du point de vue historiographique, on peut voir un tournant à la période moderne dans la constitution de l’appareillage juridique des États indépendants ou au contraire, voir une continuité avec la fin du Moyen Âge et considérer l’effervescence théorique des XVIe et XVIIe siècles comme l’héritage des luttes des XIIIe et XIVe siècles pour s’affranchir de l’autorité papale (querelle entre Boniface VIII et Philippe IV le Bel, montée en puissance du gallicanisme et de l’anglicanisme).

Pourtant, il apparaît bientôt que derrière le souverain se cache le tyran : «Other do call that kinde of administration which the Greekes do call, pambasileian, not tyranny, but the absolute power of a King, which they would pretende that everie King hath, if he would use it. The other they call basileian nomikhn or the Royall power regulate by laws », déclare Sir Thomas Smith, conseiller de la reine Elizabeth Iere, dans le De Republica Anglorum (1583). L’un des problèmes qui se pose dans le cadre de la construction des monarchies territoriales centralisées est celui du contrôle possible du pouvoir dès lors que celui-ci présente un risque d’absolutisation, lequel se traduit d’abord par la question de la conversion forcée à la religion du monarque. Comment la volonté du souverain se distingue-t-elle de la volonté du despote ? Si le sujet doit se soumettre à l’autorité civile, comment faire en sorte qu’il ne retombe sous la domination du seigneur médiéval ou qu’il ne devienne l’esclave d’une volonté déréglée ? Comment établir de façon certaine la frontière entre ce qui relève de la puissance légitime et droite, pour reprendre les termes de Bodin, et ce qui relève d’une emprise tyrannique? Comment la servitude politique contamine-t-elle la société toute entière? La transmission, au XVIe siècle, de la Couronne royale aux princesses anglaises et écossaises fait naître de nouvelles questions : comment l’autorité s’incarne-t-elle dans un corps de femme ? Comment une femme peut-elle exercer le pouvoir ? Plus tard, enfin, comment se dégage la figure du despote éclairé ?

Les penseurs monarchomaques ont porté au plus haut point l’idée d’imposer des limites normatives au détenteur du pouvoir en prônant la résistance active, dès lors que le monarque violerait la liberté de conscience, les lois fondamentales du royaume ou le bien commun. Mais les théoriciens de la souveraineté étatique reprennent à leur propre compte cette notion de limites, soit qu’ils considèrent la souveraineté comme une construction historique (Bodin), soit qu’ils se placent dans une perspective contractualiste (Hobbes, Locke, Rousseau), soit au contraire, qu’ils s’inscrivent dans une perspective institutionnaliste (Harrington, Spinoza, Montesquieu).

L’essor de la doctrine de la souveraineté en Europe à l’orée de la période moderne semble ainsi faire naître une tension entre la nécessité de borner la puissance souveraine et la difficulté d’en passer par la loi civile pour le faire, tension qui s’exprime dans cette formule : « Sans doute la souveraineté est-elle absolue, mais elle a des limites » (Loyseau, 1606). D’où la tentative de trouver ailleurs que dans cette loi la limite même du pouvoir souverain, que ce soit dans les traités sur l’art de gouverner (Machiavel, Botero, Ammirato... ) ou dans les théories du droit naturel et du droit de résistance, selon lesquelles les actions des gouvernants seront jugées à l’aune d’une loi universelle de raison.

A quoi ressemble le tyran moderne ? Les termes de tyran (turannos) et de despote (despotes) nous ont été légués par la pensée gréco-romaine. Le premier serait apparu au VIIe siècle, pour désigner d’abord la puissance et la richesse de la dynastie des Mermnades, puis pour distinguer le bon roi (basileus) du mauvais roi, dont le règne se caractérise par l’excès (hubris). Le second désignait une divinité ou un maître exerçant sa domination sur un groupe d’hommes ; à partir du XIe siècle après J.C., il est le terme par lequel on désigne l’empereur byzantin. Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin distingue deux types de tyran : le tyran d’exercice et le tyran d’usurpation. Tandis que les sujets ne peuvent s’en prendre à la personne du premier, qui est légitime, ils sont en droit de se soulever contre le second. Les deux vocables ont évolué en parallèle, souvent de manière interchangeable et en sont venus à revêtir, à la Renaissance, puis à la période moderne, la signification péjorative que lui donne Montesquieu. Pour lui, le bon gouvernement se distingue du gouvernement despotique, non par l’identité de celui qui détient le pouvoir, non par la nature du régime considéré – démocratie, aristocratie, monarchie, mais par la manière dont le souverain l’exerce : dans un cas, l’exercice du pouvoir sera tempéré par les lois de l’Etat ou de la Principauté, dans l’autre, sa volonté propre, fût-elle altérée et erratique, ne connaîtra pas de bornes et tiendra lieu de loi.

Chaque époque a donné au tyran ou au despote des traits spécifiques et a défini la nature de son abus, en fonction de conjonctures historiques singulières. Les modernes investissent à nouveaux frais la figure du mauvais prince tandis que les critères éthico-religieux par lesquels on jugeait auparavant un gouvernant – est-il pieux, sage ou juste ? – paraissent céder le pas à des considérations « prudentielles » sur les conditions de la paix religieuse ou de la prospérité des Etats, conférant à la notion de bien commun une dimension plus immédiate que celle qui prévalait dans la pensée scolastique. La tyrannie qui s’exerce sur les individus est le masque de la persécution religieuse ou de la domination aristocratique. Tandis que l’analogie avec le pouvoir patriarcal sert dans certains cas à légitimer le pouvoir souverain (Filmer), la volonté de le limiter va de pair avec la critique des rapports de domination entre les sexes (Marinella, Tarabotti).

Héros tragique par excellence, le tyran fait l’objet de nombreux traitements littéraires et picturaux (allégories, images satiriques…) qui font contrepoint aux portraits officiels de souverains en majesté. Omniprésent chez Shakespeare, c’est un prince ou un usurpateur pris au piège d’un jeu de miroirs: « As Caesar loved me, I weep for him ; as he was fortunate, I rejoice at it ; as he was valiant, I honour him : but as he was ambitious, I slew him », déclare Brutus. Enfin, il est au centre des traités monarchomaques, catholiques (Mariana, Boucher) ou protestants (Buchanan, Languet, Bèze), dont Milton ou Sidney sont les héritiers : il y revêt l’apparence d’un vieillard sénile, d’une femme esclave de ses passions, ou d’un fou qu’aveugle sa volonté de dominer. Dans leurs recommandations les plus radicales, ceux-ci réclament le tyrannicide.

Il s’agira donc d’interroger une multiplicité de sources et de témoignages d’hommes et de femmes et de montrer comment ils rendent compte des mutations de la figure du souverain à l’âge classique : celles-ci seront saisies dans leurs lignes de force, comme dans leurs tensions irrésolues, entre l’institution d’une autorité suprême de légitimité populaire capable de prendre des décisions qui engagent la société toute entière, et l’élaboration constitutionnelle de contrepoids pour éviter que le souverain ne dégénère en tyran. Le domaine d’études sera européen, voire « cosmopolitique », car si les penseurs occidentaux érigent le despote oriental en contre-modèle, il serait important de confronter cette vision avec des penseurs d’expression perse, chinoise ou arabe.

******

In the 16th century, French as well as English kings intended to assert the weight of their authority in opposition to the imperial aspirations of the Pope and of Charles V of Spain. Then came the turn of the seven Northern provinces which claimed their independence from Philip II. The Republic of the United Provinces was born in 1581. In this context of fusion among territorial entities, a number of voices rose in defense of the legitimacy of a prince’s absolute power and established the notion of sovereignty. In the aftermath of the Saint Bartholomew Massacre in Paris, Jean Bodin defined this notion as “the Republic’s absolute and perpetual power”. His theses were translated into Latin and read all over the continent. Sovereignty thus came to designate the means used by the Republic to defend itself against external threats, but also against internal conflicts like peasant rebellions, aristocratic uprisings, succession wars or religious troubles.

Such efforts of theorization stemmed from the wish to give the prince’s authority a legal basis; for absolutists, it meant that the sovereign’s will was law. These transformations entailed a revision of the legal framework inherited from the Middle Ages, when the Justinian Corpus was rediscovered at the end of the 11th century in Italy. Revisiting a whole historiographical school incarnated by the German historian Ernst Kantorowicz, for whom the modern State emerged from Roman imperial law, some scholars have evidenced the vast enterprise to revise and adapt Roman law throughout the 16th c. Such was the contribution of the French lawyers of the School of Bourges as studied by the historians Allen, Salmon, Giesey and Kelley; at about the same time in England were published the works of Fortescue (1385-1479) who had compiled vernacular law. His work paved the way to that of the 17th c. lawyers, among whom Sir Edward Coke. The notion of sovereignty based on vernacular law was used in various countries as an ideological weapon against any threat of domination: in the Spanish Flanders, in the France of the Valois kings, in Stuart Scotland and England. Thus, from a historiographical perspective, one may see a turning point in the constitution of the legal apparatus of independent states in the modern age, or on the contrary, see a continuity with the late Middle Ages: in this case, the doctrinal efflorescence in the 16th and 17th c. can be viewed as the legacy of 13th and 14th c. struggles to emancipate citizens and worshippers from papal authority, illustrated by the quarrel between secular princes and the Papacy and the rising attraction of gallicanism and anglicanism.

And yet, it soon became clear that the tyrant lurked behind the sovereign: « Other do call that kinde of administration which the Greekes do call, pambasileian, not tyranny, but the absolute power of a King, which they would pretende that everie King hath, if he would use it. The other they call basileian nomikhn or the Royall power regulate by laws », Sir Thomas Smith, adviser to Queen Elizabeth I declared in De Republic Anglorum in 1583. One of the main issues raised by the establishment of centralized territorial monarchies was the possibility of controlling that power, as soon as there was a risk that it be used to force subjects to convert themselves to the monarch’s religion. How could a clear line be drawn between what Bodin calls a legitimate and just form of action and tyrannical will? Once the principle of obedience to civil authority is accepted, how to be sure that the subject does not again fall prey to the power of medieval lords or become the slave of some insane ruler? What are the effects of political serfdom for society as a whole? In the 16th c., the transmission of the royal Crown to English and Scottish princesses also raised new questions as to the incarnation of power in a female body: how could a woman represent the body of the people and exercise authority on their behalf? Later on, how did the figure of the enlightened despot emerge in Europe?

The monarchomachs gave paramount importance to the idea of imposing normative limits on the ruler and promoted the right to resist when the prince or princess failed to respect liberty of conscience or the fundamental laws of the realm. But the partisans of state sovereignty also took up as their own this notion of limitation, whether they viewed sovereignty as a historical construct (Bodin), or whether they adopted a contractualist perspective (Hobbes, Locke, Rousseau), or else an institutionalist perspective (Harrington, Spinoza, Montesquieu).

The development of the doctrine of sovereignty in Early Modern Europe seems to have generated a tension between the necessity of setting limits to the sovereign power and the difficulty to derive these limitations from civil law. Such a tension is expressed in Loyseau’s maxim: “Sans doute la souveraineté est-elle absolue, mais elle a des limites.” Hence the attempt to find the limit to sovereign power elsewhere, either in the treatises on the art of government (Machiavelli, Botero, Ammirato…) or in the theory of natural law and of the right to resist, contending that the ruler’s actions shall be measured by following the universal law of reason.

What does the modern tyrant look like? The terms of tyrant (tyrannos) and despot (despotes) were bequeathed by Ancient Greek and Roman historical and political thought, first to describe the Memnad dynasty, then to oppose the good king (basileus) and the bad king, whose government is characterized by excess (hubris). The term despotes was used for a divinity or a master who had authority over a group of men: from the 11th c. A.D., it was the title commonly used for the Byzantine Emperor. In the 13th c. Thomas Aquinas distinguished between the tyrant and the usurper. While subjects may rebel against the latter, they had no right to rebel against the former, who was legitimate and immune. Both terms have undergone change in their meaning and came to assume in the Renaissance, then in modern times, the pejorative sense given to them by Montesquieu. In his eyes, the main difference between a good and a despotic government did not lie in the ruler’s identity or in the nature of the regime – democracy, aristocracy, monarchy, but in the way the sovereign exercised power. In one case, this power would be checked by the laws of the State or Principality, in the other, the sovereign’s will – however altered and erratic – would know no limit and serve as law.

Modern minds have invested with modern features the figure of the bad prince, as the ethical and religious qualities which were previously expected from a ruler – is he pious, wise or just? – tended to give way to prudential considerations, like his ability to preserve religious concord or public prosperity, thus conferring on the notion of common good a more immediate dimension than the one which prevailed in scholastic thinking. The tyranny exerted on individuals could bear the mask of religious persecution or aristocratic domination. As patriarchal power served as an analogue for sovereign power (Filmer), the attempt to contain the latter sometimes went hand in hand with the critique of sex relations based on domination (Marinella, Tarabotti).

A typical tragic hero, the tyrant has been the object of innumerable works and depictions (songs, allegories, satirical images…) which serve as a counterpoint to official portraits of sovereigns in full state. In Shakespeare’s historical works he appears as a prince or a usurper caught in the trap of an endless mirror effect: « As Caesar loved me, I weep for him ; as he was fortunate, I rejoice at it ; as he was valiant, I honour him : but as he was ambitious, I slew him », Brutus declares. He is finally at the heart of monarchomach treatises whether Catholic (Mariana, Boucher) or Protestant (Buchanan, Languet, Bèze) and whose successors are Milton and Sidney. He is represented as a senile old man, a woman ensnared in her passions or a lunatic blinded by his will to rule. In their most radical recommendations, these thinkers call for tyrannicide.

Our aim will be to delve into a great variety of sources and testimonies in an effort to show how they reveal the changes in the figure of the Sovereign in the modern age. These changes will be analysed both in terms of broad developments and in their unresolved tensions, between the institution of a supreme authority grounded in popular legitimacy and capable of taking decisions binding the whole society and the creation of constitutional counterpoises to prevent the metamorphosis of sovereigns into tyrants. The field of studies will be European, and potentially cosmopolitical insofar as modern Western observers have established the figure of the Eastern despot as a counter model: it would therefore be of major importance to confront this vision with the representations of Persian, Chinese or Arabic speaking thinkers.