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Le piédestal et ses médiations

Le piédestal et ses médiations

Le piédestal et ses médiations

Département de littérature comparée, Université de Montréal

 

Le département de littérature comparée de l'université de Montréal tiendra les 2 et 3 mars prochains son colloque étudiant. Cet événement vise d'abord à établir un espace de discussion stimulant, misant sur l'interdisciplinarité, permettant l'échange entre des étudiants de cycles supérieurs d'horizons divers. Nous nous intéresserons, dans le cadre du colloque, au piédestal et aux relations que cette figure sous-tend. Intermédiaire entre l'objet par lui consacré et ses instaurateurs, le piédestal est le lieu et le prétexte d'une médiation singulière entre l'oeuvre d'art et le monde, l'artiste et son spectateur, l'écrivain et son lectorat.

Le piédestal est d'abord à comprendre dans son acception technique comme le socle d'une statue, donc un support qui participe de l'oeuvre tout en se situant à sa limite. Il est également, au sens où Jacques Derrida l'entend, un parergon (Derrida, La vérité en peinture, 1978), c'est-à-dire un dispositif qui, se greffant à l'oeuvre d'art, en détermine aussi son unité, son intégrité, voire sa légitimité. C'est une marge de l'oeuvre qui non seulement permet le commentaire exégétique mais l'appelle.

Opérant entre ostentation et dissimulation, nous considérerons le piédestal comme point limite de la représentation ; ce qui délimite, circonscrit, borde et déborde l'oeuvre d'art, la fonde et la fixe. Si le piédestal exhibe ce qui est porté aux nues, il est aussi une parure supposant aussi une certaine distanciation. Autrement dit, le piédestal est à la fois ce qui rend disponible et ce qui met hors d'atteinte. Il est une scène qui invite au déguisement et à la feinte, finalement à une certaine mascarade. En ce sens, la figure du piédestal permet de penser les modalités et stratégies de mise en scène du créateur et de son oeuvre.

En regard du mouvement de sécularisation de l'oeuvre d'art, du croisement de la publicité et des beaux-arts, de l'art et du non-art, il est nécessaire de penser le rôle du piédestal, qu'il participe de l'idéalisation de l'artiste ou de sa ridiculisation. Or il nous paraît important de questionner les résonances de l'expression « mettre sur un piédestal » dans des contextes divers. Car consacrer est un geste qui diffère selon les époques et les médiums artistiques. Emprunté à l'architecture, ce terme sera donc à repenser selon ses implications littéraires, esthétiques et philosophiques. Quand le piédestal rend-il justice à ce qu'il consacre? Quand est-il simple duplicité? Comment distinguer le piédestal de l'oeuvre?

Plusieurs pistes de recherche sont à envisager, parmi lesquelles :

- Visibilité du support et dispositifs de présentation en arts visuels, leurs répercussions sur la réception et la conception des oeuvres.

- Médias et médiations entre art et public : diffusion et critique des oeuvres, presse et publicité.

- Ériger son propre piédestal : mise en scène de soi, auto-fiction et auto-promotion de l'artiste, de l'écrivain, du cinéaste.

- La reconnaissance de l'oeuvre d'art ou de l'artiste, son institutionalisation : le piédestal comme sceau de l'authenticité d'une oeuvre.

- Les frontières de l'oeuvre : relations et confrontations entre art et non-art.

- Consécration et vénération : aura, sacralisation et fétichisation de l'oeuvre d'art et de l'artiste.

- La consécration comme mascarade : parade et parodie de l'oeuvre et de l'artiste, ironie et mise en scène de l'instauration du piédestal.

 

Les étudiants des cycles supérieurs de toutes les disciplines sont invités à envoyer leurs propositions d'un maximum de 300 mots à l'adresse courriel suivante : lepiedestal1@gmail.com, et ce avant le 20 décembre 2011.

  • Adresse :
    Montréal