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Le petit récit visuel

Le petit récit visuel

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Equipe d'organisation de la journée)

12 novembre 201, INHA, Salle Vasari

Introduction à 9h30 :

  • Anne-Violaine Houcke, doctorante en études cinématographiques, Paris Ouest Nanterre – ENS
  • Rémy Besson, doctorant en histoire et cinéma, EHESS

Première table: 10h. – 12h30 modératrice : Giusy Pisano, Université Paris-Est / Marne-la-Vallée.

  • Simone Paterman, doctorante en philosophie, Paris 8, « Les Morts de la Seine (Death in the Seine, Peter Greenaway, 1989) ou le petit récit de la Révolution »
  • Barbara Filser, post-doctorante en histoire et média, HFG-Karlsruhe, « Errol Morris' The thin blue line and the thin line between the documented and the imaged »

Pause à 11h15

  • Gabriele Anaclerio, post-doctorant en étudescinématographiques, Rome 3, « L'hypertexte éclaté : écriture dufragment et poésie du document dans les Appunti de Pier Paolo Pasolini »
  • MatyldaSzewczyk, doctorante en histoire visuelle, Varsovie, « Mirrors andNetworks – Interlacing narratives and narrative layers in theself-reflexive films of Andrzej Wajda »

Repas

Projection de Der Gang aufs Land (28 min., 2010) et débat avec le vidéaste Andréas Fohr. Modératrice : Stéfanie Baumann (Paris 8  ) 14h.-15h30.

Seconde table : 15h.45 – 17h30 modératrice : Anne Kerlan, CNRS – IHTP

  • Audrey Leblanc, doctorante en histoire visuelle, EHESS,« Gilles Caron, photographe de Mai 68 ou un petit récit culturel duvisuel?
  • Sarah Fargeon, ENS en histoire, « Octobre 1917. P.C. du bataillon après l'attaque. Les albums photographiques des combattants de la Grande Guerre à l'épreuve du récit ».
  • OlivierMaillart, post-doctorant en études cinématographiques Parix OuestNanterre, « Visages de la pauvreté, surgissements » (dans des films deFranck Capra)

Discussion finale : 17h. 30 – 18h.

Présentation du projet.

Sept études de cas présentées en une trentaine de minutes chacunepar de jeunes chercheurs travaillant sur des formes visuelles – ainsique l'intervention d'un réalisateur – constitueront l'armature de cettejournée d'étude qui porte sur le petit récit visuel. Ce concept de petit récit nous l'empruntons à Louis Marin (Le récit est un piège, 1978, p. 49) qui l'utilise afin d'expliciter la manière dont, dans ses Mémoires,le Cardinal de Retz joue  – par l'imbrication de différents types derécits – avec son lecteur. Dans ce cas « le petit récit fonctionne, àla faveur de ce téléscopage (des modalités de récit), en piège dulecteur (…) bref, nous somme « liquidés » comme lecteurs, à la faveurde ce récit qui interrompt le récit des Mémoires et à lafaveur du rire qui coupe le récit de cette interruption. Nous sommesdevenus des simulacres d'acteurs politiques ». Cette efficace du récitet sa capacité à emporter l'adhésion du lecteur par un jeu d'écriturerenvoie directement aux interrogations soulevées par de certainsdispositifs visuels et/ou leurs usages. La question méthodologiquecommune aux différentes interventions de cette journée sera donc cellede la définition de modalités permettant d'appréhender les jeux etfrottements entre des images considérées comme relevant a priori de natures (documentaire vs fictive) ou de types différents (archive vs image au présent).

D'un point de vue plus général, on part d'un double intérêt pour lesimages dans la mesure où l'on considère qu'elles proposent l'écritured'une histoire ou, plus justement, sa mise en vision (qui évoluedans le temps de leur diffusion et en fonction de leur circulation) etqu'elles sont également le sujet de discours qui en transforment lesmodalités d'appréhension. Une journée d'étude organisée entredoctorants ne saurait aborder frontalement l'ensemble desproblématiques liées à ces présupposés. C'est pourquoi nous avonscirconscrit notre objet d'une manière plus précise. Ainsi, par« image » nous n'entendrons que les images dites d'enregistrement(photographiques, cinématographiques et potentiellement issues desnouvelles technologies numériques). Alors que la mobilisation de lanotion de petit récit visuel nous permet de rendre compte de notrevolonté de faire place à l'étude du surgissement, de l'écart, del'excursus, de la digression, au sein même du récit. On entend par là,par exemple, le fait que dans un film, pour un instant seulement, lanarration visuelle peut faire place à un jeu, une insertion, unmouvement qui semblent et/ou qui constituent un petit récit. C'estaussi dans le temps de la réception, par exemple d'une photographie, laréappropriation par un auteur ou un réalisateur de cette image, qu'ilintègrera alors au sein de sa propre proposition de récit. Cettedimension conduit a fortiori à se poser la question desimbrications de différents niveaux de récit et de temporalité au seind'une forme visuelle (dimension diégétique). Une attention touteparticulière sera alors portée à l'intermédialité, au jeu que l'imageinstaure avec différentes formes de mise en récit, textuelles etvisuelles. dans la perspective de renouveler les modalitésd'appréhension des rapports entre différentes formes de récit. Ensecond lieu, la notion de petit récit pourra conduire certains à opérerun changement d'échelle en s'intéressant au local, au détail, sansperdre de vue le global, en se penchant sur le quotidien et le banal,sans oublier de les remettre en perspective.

La place de la culture visuelle

Les liens, échos, mises en abyme réalisés et possibles entre lespratiques, les formes et les techniques photographiques etcinématographiques sont au coeur des méthodes et des questions soulevéesquotidiennement par les chercheurs qui travaillent sur le visuel. Ilest aujourd'hui possible de ne pas distinguer ou lier ces deux médias,mais de les appréhender ensemble, avec nos méthodes, et ainsi des'interroger sur les formes, les manières de faire, les techniques, lesenjeux de ces images et de ces formats qui constituent les objets mêmesd'une culture visuelle partagée. Si on considère donc l'intermédialitécomme une question à poser au niveau des objets étudiés, on l'accepteracomme acquise au niveau des pratiques et des méthodes des jeuneschercheurs qui participeront à cette journée. Dès lors, on souhaiteprésenter un autre des choix qui guident la mise en place de ce tempsde réflexion : celui de l'interdisciplinarité. En effet, lesintervenants seront issus des disciplines historiques, d'étudescinématographiques et photographiques, de l'histoire visuelle et del'histoire de l'art. Ce choix concerté de l'interdisciplinarité necorrespond en rien à un collage de recherches portant sur desobjets visuels, mais tout au contraire s'articule autour de méthodes etde soucis communs. C'est pourquoi nous avons choisi de présenteruniquement des études de cas portant sur des objets et des corpusprécis. Ce choix méthodologique permet, d'une part, de répondre au plusprès au sujet de cette journée et, d'autre part, de construire desconnaissances sur l'histoire des formes visuelles et desreprésentations, dans la perspective de générer dans certains cas dessavoirs d'ordre historique sur le passé. De plus les chercheurs quiparticiperont à cette journée partagent la volonté de se confronter auxdocuments sans réduire la singularité des formes visuelles qu'ilsétudient.

La question du document

La question du document dans les études visuelles se pose au moinsà  deux niveaux, l'image pouvant être un document, une source pour uneétude qui lui est extérieure, ou le document pouvant être ce qui permetd'appréhender l'image. Dans ce second cas, il s'agit de reconnaître uneincomplétude des recherches qui feraient l'impasse sur un processus de redocumentarisation – par des sources de toutes natures – des récits visuels. Il s'agit également de dépasser un ancien toposdes études cinématographiques et photographiques qui voudrait quel'image d'enregistrement constitue « naturellement » un documentconsidéré comme «  objectif », le médium ayant servi à la prise de vues'évanouissant dans une quasi-transparence. C'est tout au contrairedans la mesure où les images – aussi bien celles dites artistiques quedocumentaires – voilent en même temps qu'elles révèlent, s'exposent enmême temps qu'elles donnent un accès au réel, que nous souhaitonsprendre en compte la question du rôle du document.

Le rôle du vidéaste

Enfin, si nous avons résolument choisi de faire se rencontrer lorsde cette journée des jeunes chercheurs issus de différentes culturesvisuelles et de divers horizons intellectuels, il nous a également parunécessaire d'inviter un réalisateur. Ces échanges insérés au sein mêmede la journée d'étude, nous semblent une manière de relier nosréflexions, certes pragmatiques, mais aussi épistémologiques, à uneprésentation purement pratique et axée sur les techniques, conduisant àla réalisation d'une forme visuelle.

Coordinateurs du projet : Anne-Violaine Houcke, Rémy Besson; chargéede publication : Fanny Lautissier; traductrice : Emilie L'Hôte