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Le naturel et la grâce à l'âge classique

Le naturel et la grâce à l'âge classique

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Frédéric Lelong)

VENDREDI 26 MARS 2010

Le naturel et la grâce à l'âge classique

Journée d'études du CHSPM organisée par

Frédéric Lelong et Denis Kambouchner

Lieu : Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon,

12 place du Panthéon, salle 216 (2ème étage)

Contact : frederic.lelong8@gmail.com

PRESENTATION :

 

Le « naturel » et la « grâce » ne constituent pas a priori des concepts privilégiés de la réflexion philosophique, peut-être parce qu'ils sont trop souvent associés au règne d'un ineffable mystère. Pourtant le développement de ces notions à l'âge classique concerne intimement aussi bien la philosophie de l'art, que la philosophie des moeurs, de l'éducation, de la politique, et bien entendu la métaphysique, à travers la relation complexe entre nature et grâce. Héritière de la « charis » antique, la grâce apparaît tantôt comme un charme « surnaturel » tantôt comme la perfection sublimée du naturel et de sa vivante spontanéité: elle est ce qui nous charme dans une oeuvre d'art, irréductible à la simple perfection formelle, mais aussi ce qui distingue la sagesse philosophique, libre et enjouée, du pédantisme et du dogmatisme. Elle est également chez certains auteurs le principe d'une vertu joyeuse, sans austérité et sans ostentation, ou encore l'ornement essentiel de la civilité. Ce principe d'intériorité et de liberté se retrouve dans le domaine de la foi et de la grâce divine : de la dévotion gracieuse et civile à l'exploration de l'intériorité humaine, la subjectivité classique ne peut être figée dans des commandements et des dogmes extérieurs.

Ennemie de la contrainte et des règles trop prescriptives, la grâce n'est pas non plus un pur mystère qui serait étranger à la raison. Elle est bien plutôt ce qui au coeur même de la raison humaine en dévoile l'irréductible subjectivité et la vivante plasticité, qui ne peuvent être enfermées dans un corps impersonnel ou figé de lois et de doctrines. Faut-il donc la concevoir comme la manifestation saisissante d'une vérité métaphysique supérieure à la nature sensible (l'Un, l'âme, le divin, la liberté...) ou au contraire peut-on la définir de manière immanente comme un fruit humaniste de l'art, du savoir ou de l'habitude ? Y a-t-il une grâce propre au libre usage de notre raison? Quelle relation nouer entre la grâce divine et la profondeur de l'intériorité ? Le « naturel » qui nous est donné renvoie-t-il à un principe transcendant ou constitue-t-il une simple facticité que l'homme peut se réapproprier et sculpter librement ? La grâce est-elle le symbole d'une bonté morale ou l'expression d'une sagesse sceptique et d'une liberté d'esprit impliquées par la vérité elle-même? Ne doit-on pas penser la surprenante facilité de la grâce dans une dimension de douceur et d'immanence? Voici quelques unes des questions qui nous amèneront à mesurer le charme si singulier de la pensée « classique » : une pensée libre, étrangère au pédantisme, et sensible aux questions qui requièrent de la finesse, du naturel, une affirmation irréductible de la subjectivité, mais en même temps une pensée fidèle à la raison et à ses exigences critiques.

Programme :

-9h15 : Introduction.

-9h30 : Thierry Gontier (Université de Lyon 3) « Un modèle de "naturel" ? Socrate chez Montaigne »

 

-10h15: Daniel Dauvois (Lycée Lakanal) « La grâce picturale chez Félibien et de Piles ».

 

(Pause)

 

-11h15 : Eric Marquer (Université Paris 1). « L'habitude suffit-elle à la grâce ? ».

(Pause déjeuner).

-14h30 : Frédéric Lelong (Université Paris 1, AMN) « Grâce et sprezzatura chez Baldassar Castiglione ».

 

-15h15 : Hélène Michon (Université de Tours) « De la nature à la grâce : saut ou continuité ? »

 

(Pause café)

 

-16h15: Paola Nicolas (Université Paris 1, AMN) « Des difficultés à discerner la nature et la grâce chez Nicole ».

-17h : Marion Saliceti (Lycée Frison Roche, Chamonix) « Volonté générale et causes occasionnelles dans l'économie de la nature et de la grâce chez Malebranche ».