Questions de société
Le mouvement universitaire et les médias: débat et article dans Télérama (23/05/09) + liens

Le mouvement universitaire et les médias: débat et article dans Télérama (23/05/09) + liens

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

"Grève à l'université : les médias ont-ils failli ?", débat organisé par Télérama, 23 mai 2009

"Quinze semaines de grève à l'université… Le pluslong conflit depuis mai 68 s'étiole dans les dernières facs mobilisées.Mais le public a-t-il été correctement informé tout au long de cemarathon parsemé d'AG et de déclarations gouvernementales à jet continu? Selon nombre d'universitaires, la réponse est non. Pour en débattre,Thierry Leclère a réuni Valérie Robert (Université Paris 3), SylvestreHuet (Libération) et Luc Cédelle (Le Monde)."

Écouter le débat:

http://www.telerama.fr/idees/greve-a-l-universite-les-medias-ont-ils-failli,43099.php

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Liens proposés par Télérama:

"La médiatisation du mouvement universitaire : sur le blog d'Olivier Ertzscheid,maître de conférences en sciences de l'information, le compte rendud'un intéressant débat de l'EHESS qui s'est tenu le 14 mai sur ce sujetet une analyse documentée du même Olivier Ertzscheid sur les médias alternatifs.
Les billets toujours pertinents d'André Gunthert,maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales(EHESS), directeur du Laboratoire d'histoire visuelle contemporaine."

Voir aussi sur Fabula: La Médiatisation du mouvement universitaire (extraits des débats du 14 mai 2009 à l'INHA)

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Fronde universitaire, personne n'a compris : la faute à qui ? par Thierry Leclère, 23 mai 2009.

http://www.telerama.fr/idees/fronde-universitaire-personne-n-a-compris-la-faute-a-qui,43107.php

Après quinze semaines de grève, l'opinion publique adu mal à y voir clair. Les médias ont-ils fait leur boulot pour rendrecompte de ce marathon très complexe ? Selon nombre d'universitaires, laréponse est non.

Quinze semaines de grève à l'université.Le plus long conflit depuis Mai 68 s'étiole dans les dernières facs engrève. La semaine dernière, les JT du soir enterraient le mouvementdans un parfum de lassitude, voire de sourde hostilité. Mais unequestion reste en suspens : le grand public a-t-il été correctementinformé tout au long de ce marathon parsemé d'assemblées généralesjusqu'à plus soif et de déclarations gouvernementales à jet continu ?Pour nombre d'universitaires, la réponse est non. On dira : c'estnormal, l'amertume des perdants. Quand on ne gagne pas la partie, «c'est la faute aux médias ». Le refrain est connu. Est-ce si simple ?

Personne ne peut dire que la grève à l'université a été passée soussilence. C'est même le contraire : la presse écrite – quotidiensrégionaux inclus – y a consacré quotidiennement une trentained'articles, tout au long des trois derniers mois. Le comptage a étéréalisé par l'universitaire Valérie Robert qui, en plus d'être l'«attachée de presse » depuis un an et demi du collectif Sauvonsl'université, dirige un master professionnel de… journalisme.

Pas d'omerta, donc. Mais pourquoi ce conflit a-t-il eu autant de mal àpasser la rampe des médias ? La complexité du débat, d'abord. Desjournalistes pourtant spécialisés en éducation le disent : expliquer la« masterisation » des concours de recrutement des enseignants – surtoutquand les principaux intéressés sont eux-mêmes perdus dans le flou desannonces gouvernementales – n'est pas une mince affaire. Lamultiplicité des réformes, de l'école à l'université, lancées toutes enmême temps, selon la méthode du tir en rafales, chère à NicolasSarkozy, a contribué, aussi, à brouiller les cartes.

La complexité du débat n'explique cependant pas tout. La réforme deshôpitaux était au moins aussi ardue, mais elle a été présentée avecplus d'empathie pour les agents de la santé. L'université a mauvaisecote. Elle a été raillée, méprisée par des éditorialistes, de L'Express au Figaro. Quant au Monde,le journal de référence des universitaires, il a dû affronter unebronca d'une bonne partie des grévistes qui ne se reconnaissaient plusdans son traitement du conflit. Les universitaires, si courtisésd'ordinaire en tant qu'« experts », ne demandaient pas aux journalistesde témoigner de la sympathie pour ce mouvement, mais au moinsd'expliquer, au-delà de la réforme Pécresse, en quoi l'université sesentait attaquée et incomprise. Les grévistes ont sans doute fait deserreurs de communication, même s'ils avaient des spécialistes desmédias en leur sein. Quant aux journaux, en sous-effectifs chroniques,fragilisés par une crise économique et identitaire sans précédent, ilsont largement raté le coche. Les médias alternatifs, des blogs auxnouveaux sites d'infos, ont sans aucun doute encore marqué des pointsdans cette guerre de légitimité qui se joue autour du grand aggionarmento de la presse.

Thierry Leclère