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Événements & colloques
Le montage : outil théorique, procédé historiographique

Le montage : outil théorique, procédé historiographique

Publié le par Marielle Macé

Séminaire IMAGES RE-VUES
Le montage : outil théorique, procédé historiographique
www.imagesrevues.org
2 rue Vivienne, 75002 Paris
16h à 18h, salle Fabri de Pereisc


Vendredi 5 juin 2009
Thomas Golsenne (EHESS)
Inventer, bricoler, monter
Le montage comme procédé de création n'est pas une invention du XXe siècle. Des théories et des pratiques du montage ont existé avant l'apparition du cinéma. Mais elles ont été masquées par une autre théorie de la création – une théorie transcendantale de la création. La création comme montage – procédé immanent – existe ailleurs, sous le nom emprunté à Lévi-Strauss de bricolage – et avant, sous le nom cicéronien d'invention. Un texte de Leon Battista Alberti, sur l'origine de la mosaïque, nous montrera comment bricolage, invention et montage ne signifient au fond qu'une seule et même idée.

Morad Montazami (EHESS)  
Montage et paradigme de l'inachèvement

Peut-on imaginer qu'une histoire et une théorie de la peinture, de même que la psychanalyse et la linguistique se sont largement constituées sur les troubles des appareils qu'elles avaient à étudier, viennent à s'instruire de ses propres « manques » ? Nous voudrions en mesurer la proposition à partir d'une Mise au tombeau inachevée qu'on a bien voulu attribuer à Michel-Ange. Nous verrons comme elle remet en perspective (picturale) le débat allemand opposant deux conceptions du montage. D'un côté, Georg Lukacs, partisan du réalisme diégétique et de l'intégrité de l'oeuvre, et Bertold Brecht ou Walter Benjamin, défenseurs du montage comme possibilité pour le récit de se réactualiser et de se déplacer fragmentairement. S'ouvre alors l'enjeu de réinterpréter une peinture classique en son devenir-document.         

Vendredi 19 juin

Luc Vancheri (Université Lumière Lyon 2)
Le montage : une image de la pensée

Deux oeuvres majeures de Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma et Voyage(s) en utopie, quelles que soient les matières, les formes et les modes de présentation qui sont les leurs, me semblent affirmer une même pensée cinéma sous les espèces du montage. Voyage(s) en utopie propose une archéologie du cinéma avec les moyens et les formes de l'art contemporain, tout en soumettant l'Histoire à une pensée du montage cinématographique qui se passe fort bien de ses prérogatives filmiques. Godard part donc du montage pour retrouver le réel, le mythe, l'image, le film, la caméra, la projection, la fable, en somme tout ce avec quoi le cinéma a réussi à se construire. Ce que dit Godard au terme de son exposition, c'est que le monde n'est devenu pensable que sous l'effet des images qui ont été montées. Mais pour cela, il a fallu que le cinéma se donne une pensée de l'image et qu'il s'affirme en même temps au titre d'une nouvelle image de la pensée. L'une et l'autre constituaient déjà tout le projet des Histoire(s) du cinéma. La première, Godard la retrouve chez Saint Paul : l'image viendra au temps de la résurrection. La seconde, Godard la nomme montage, précisément. Si le cinéma n'a pas su explorer les puissances du montage, il n'en demeure pas moins qu'il appartient aujourd'hui à l'art contemporain, ou mieux, au cinéma contemporain qui s'invente sous l'effet d'un régime contemporain de l'art d'en reprendre le sens. A ce titre, Voyage(s) en utopie n'est pas moins cinématographique que les Histoire(s) du cinéma. De l'un à l'autre se lit le travail de déterritorialisation qui affecte une image de la pensée nommée montage. C'est elle que nous nous donnons comme objet d'étude.