Essai
Nouvelle parution
Le Merveilleux de Michel Leiris

Le Merveilleux de Michel Leiris

Publié le par Thomas Parisot (Source : liste de discussion Mélusine)

Michel Leiris, Le Merveilleux, édition établie, présentée et annotée par Catherine Maubon, Didier Duvillez Éditeur, 2000, 96 p. [ISBN : 2-87396-036-1 ; 100FF].

Extrait
« Cest aux dernières limites du possible, sur les confins les plus lointains des apparences, à lextrême pointe vers laquelle convergent toutes les directions confondues, voire même au-delà, dans cette région où ne peut plus se rencontrer que la conjecture audacieuse ou bien plutôt létonnement sans mesure, que seffectue la plus profonde et la plus énigmatique peut-être des démarches que tente lesprit de lhomme, celle par qui sélabore secrètement le Merveilleux.
Si durant toute sa vie lhomme devait sen tenir au connu, rester limité au petit groupe de phénomènes quil sait, par éducation et atavisme, relier entre eux et constituer en un réseau de relations, ce filet purement utilitaire ne pourrait manquer de devenir un piège dennui, une prison sans désirs dans laquelle il serait condamné à pourrir enchaîné, entre le pain noir et leau croupie de la logique. » (Michel Leiris)

Commentaire
« Rédigé alors que Leiris commence à séloigner du mouvement surréaliste, le dossier sur le merveilleux conservé à la Bibliothèque Jacques-Doucet apporte un complément décisif à la définition dune notion que lécrivain na cessé de considérer comme capitale, quelles quaient pu être les modalités à travers lesquelles il la interrogée tout au long de son uvre. Alimentées par la nécessité de racheter ce qui jusquà la fin resta le mal de vivre : vu sous langle de la modernité, laspect que revêt aujourdhui léternité du mal de vivre, cette peste de toujours, le mal du siècle , on y trouve revendiquées pour la première fois une série dexigences qui ne perdirent rien de leur urgence au fil des ans. Il ne sagit pas de faire ici lhistoire du merveilleux et de ses avatars, lhistoire qui de Documents nous conduira au Collège de sociologie et du cycle autobiographique à lultime recueil poétique mais dindiquer tout simplement que, pour avoir abandonné la rue Fontaine, Leiris na pas pour autant renié lobjet quil avait dès lorigine assigné à sa quête. Hantée par le disque merveilleux de musique nègre américaine évoqué au tout début de Biffures, La Régle du jeu sachève ainsi sur une ultérieure tentative de définition dun merveilleux qui a certes évolué avec le temps mais que caractérise avec toujours autant de force le dérèglement, le viol des normes exalté dans les documents publiés ici pour la première fois. » (extrait de lavant-propos de Catherine Maubon)