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Le langage des fêtes jésuites dans les pays de langue française de la Ratio studiorum de 1586 jusqu'à la fin du généralat de Muzio Vitelleschi (1645)

Le langage des fêtes jésuites dans les pays de langue française de la Ratio studiorum de 1586 jusqu'à la fin du généralat de Muzio Vitelleschi (1645)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Paulette Choné)

 

Le jury sera composé de :

Mademoiselle Paulette Choné, Professeur émérite à l’Université de Bourgogne, directeur

Madame Marianne Cojannot-Le Blanc, Professeur à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, rapporteur

Monsieur Giuliano Ferretti, Professeur à l’Université Pierre Mendès-France Grenoble 2, rapporteur

Madame Judi Loach, Professeur à l’Université de Cardiff

Monsieur Ralph Dekoninck, Professeur à l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve

L’image convenue des jésuites comme spécialistes de la fête, brossée à partir des traités sur les spectacles parus à la fin du XVIIe siècle et de l’activité d’inventeur de fêtes du père Claude-François Ménestrier, ne rend pas compte de l’importance du rôle de la fête dans la pensée de la Compagnie de Jésus, et dans sa « manière de procéder ». Les entrées royales qui eurent lieu au tournant des XVIe et XVIIe siècles à Avignon (1600-1622), à Bordeaux (1615) et à Paris (1628), transmises par des livrets rédigés par les pères et somptueusement illustrés, ont polarisé les études, mais ne représentent dans le paysage de l’histoire de la fête que les « terres continues » et superficielles d’un monde bien plus vaste et encore méconnu. Cette recherche est consacrée premièrement à faire émerger les traces submergées et à donner une vision plus précise de la participation de la Compagnie de Jésus au rayonnement des fêtes urbaines en France à l’époque moderne, grâce à un recensement et à l’étude des sources primaires inédites, notamment la production historique de la Compagnie de Jésus : correspondance, mémoires, relations de fête manuscrites et imprimées.

En dépit de la rareté des documents iconographiques, les objets sont au centre de l’analyse. Leur description notamment textuelle, devenue un témoignage sensible du produit artistique, actualise leur existence éphémère. Plus encore, elle restitue le souvenir de leur perception dans l’espace et dans le temps de la fête. Nous nous proposons ainsi de montrer comment les architectures, les machines éphémères et les formes variées de l’ornement, tous genres de tableaux, statues, costumes, instruments mathématiques inventés pour la fête, ainsi que les autres composants immatériels de la fête, les parfums et la musique, réagissent à l’emblématiquement, c’est-à-dire à la faculté poétique de l’homme d’appréhender le monde, « entraînée » par la pédagogie et la spiritualité jésuites. La solidarité rhétorique entre l’événement passé et son ekphrasis (le livret de fête) nous fait parcourir l’étendue de l’imago de la fête et approfondir l’étude de ses signes. L’analyse s’attache donc au langage de la « fête jésuite » à partir des sources collectées et sur le terrain des préjugés et des antinomies (sacré-profane ; fête et Compagnie de Jésus sécularisée ; Compagnie de Jésus et art), démontrant comment les visées de la fête jésuite, en tant qu’institution pédagogique, pastorale et politique, ont modifié profondément la forme de la fête moderne.