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Le Groupe de Coppet et le voyage

Le Groupe de Coppet et le voyage

Publié le par René Audet (Source : Thomas Jacqueau)



Voici le programme officiel du prochain Colloque de Coppet, qui aura lieu à Florence (Italie) du 7 au 9 mars 2002.
Il tient lieu d'appel à communications.



VIIe Colloque de Coppet

"Le Groupe de Coppet et le voyage"

Florence, Cabinet Jean-Pierre Vieusseux, 7-9 mars 2002


Organisateurs:
Centre romantique du Cabinet Jean-Pierre Vieusseux,Florence
Société des études staëliennes, Paris
Association Benjamin Constant, Lausanne
Associazione di studi sismondiani, Pescia

Le voyage a joué un rôle très important dans la formation de l'esprit de Coppet. Il a, bien sûr, contribué pour une part essentielle à l'établissement des contacts à l'intérieur du groupe et à l'acquisition des connaissances par tous ses membres, mais ceux-ci l'ont également considéré comme un élément paradigmatique fondamental de la civilisation occidentale pour ce qui regarde la question des rapports entre les individus et la société. Ainsi, les ténors du Groupe de Coppet ont participé, dans un monde en pleine métamorphose, à la formation d'une nouvelle conception du voyage comme instrument de connaissance, où il s'agit surtout, à travers la perception et la description du monde naturel et culturel, de construire une société la plus harmonieuse possible, pour le bien et le développement du plus grand nombre. Une telle conception met en lumière les préoccupations naturalistes, politiques et sociales de ses auteurs, mais on ne peut s'y intéresser sans tenir compte des modalités de sa mise en forme, de l'écriture. Vision du monde et des hommes, enjeu de l'écriture, le voyage devrait aussi révéler, plus largement, une géographie intellectuelle propre à l'esprit de Coppet dans ce temps.
C'est donc autour de trois axes principaux que les organisateurs voudraient articuler le programme du colloque:

1. L'expérience du voyage et la construction de la société.

La problématique du voyage telle qu'elle fut pensée et mise en œuvre à Coppet permet d'aborder tout un faisceau de questions issues de cette rencontre qui met l'homo viator en présence de l'univers naturel et des différentes formes d'organisation réglant les relations de l'homme avec le corps social. La découverte et la connaissance du monde dans toute la variété de ses aspects et de ses ressources suscitent d'abord un grand intérêt pour les propriétés physiques du monde, mais elles permettent aussi de considérer les caractéristiques des diverses formes de sociétés et communautés humaines. Ce nouveau rapport au voyage donnera lieu à d'importantes descriptions du monde naturel comme au développement de réflexions à caractère social et politique. Dans cette perspective, l'attention du voyageur se porte en particulier sur les institutions et les comportements humains; ce regard nourrit une pensée, puis un discours critiques capables d'infléchir les profondes mutations qui agitent le monde et les sociétés de ce temps. Ainsi conçu, le voyage est un champ ouvert à l'exercice responsable de la liberté et c'est dans ce sens qu'on peut le considérer comme une expérience fondamentale, à la fois intellectuelle, civique et morale, pour les membres du Groupe de Coppet et leurs héritiers dans le XIXe siècle européen.

2. Le voyage et l'écriture

L'expérience du voyage touche aussi, lorsqu'il s'agit d'en rendre compte à travers l'écriture, à la question des genres ainsi qu'à la théorie des discours. C'est l'époque, en effet, où le cadre conventionnel du récit de voyage est dépassé par le recours à d'autres formes narratives comme le roman, les mémoires, le récit de type autobiographique, le journal intime, les lettres. En ce temps caractérisé notamment par la dérive des genres, le récit de voyage emprunte les stratégies scripturaires de la fiction, de même que la fiction, de son côté, intègre les modalités et les contenus de la représentation référentielle. Dès lors, la découverte d'un ailleurs géographique et sa description ne se limitent pas au récit que peut en faire tel ou tel voyageur, mais elles envahissent, sous des formes diverses, le champ littéraire dans ses multiples manifestations. L'écriture du voyage soulève des problèmes également intéressants au niveau discursif. En effet, tout en transmettant une expérience qui se veut personnelle et originale, le récit de voyage sollicite très souvent la médiation de la littérature qui se reconnaît en particulier dans l'investissement des topoï et des lieux communs, ce qui le place nécessairement au point de rencontre problématique entre innovation et tradition. Le roman de cette époque est le lieu privilégié où s'exprime cette situation nouvelle. Intégrant différentes esthétiques, notamment par le fait d'une nouvelle conception de l'espace et du rôle désormais attribué au sujet regardant, il s'enrichit de nouvelles techniques descriptives, dérivées généralement des modèles discursifs de description du monde réel, qui contribuent à transformer le roman en profondeur.

3. Vers une carte culturelle, anthropologique et épistémologique

La pratique et l'écriture du voyage permettent aussi aux "Coppétiens" de réfléchir sur les rapports entre les cadres de vie des différentes communautés et les productions culturelles de celles-ci, mais aussi, plus généralement, sur les paramètres de lecture de l'espace et sur les relations d'interdépendance qui lient l'expérience et la représentation du monde. D'anciennes idées relatives aux déterminations géographiques des activités humaines (comme la fameuse théorie des climats) sont alors revisitées. Les valorisations esthétiques issues pour l'essentiel du classicisme sont mises en question par une réhabilitation des temps et des lieux de la "barbarie" (le moyen-âge, les confins de l'Europe au Nord et au Midi), tandis que de nouvelles contrées s'ouvrent à l'action et au rêve des Européens (l'Amérique, l'Orient). Les vecteurs de l'histoire, en particulier de l'histoire littéraire sont réorientés, les pondérations sont redistribuées, de même que s'élargissent les critères de définition et d'évaluation des activités créatrices. Dans les textes de fiction, on voit se constituer des espaces imaginaires qui permettent de renforcer la dimension culturelle et symbolique de la représentation. Accomplir, dire et réinvestir le voyage permet ainsi de redessiner la carte des activités et des productions humaines, sous l'influence décisive de ces "sciences de l'homme" qui sont en train de se définir au temps de Coppet, en brisant la rigidité des anciennes nomenclatures du savoir.

Les organisateurs du colloque seront heureux de recevoir des propositions détaillées de communications qui s'inscriront de façon novatrice dans le fil des idées formulées ci-dessus. Les projets concernant les figures moins connues du Groupe de Coppet (Humboldt, Bonstetten, Barante, Gérando, etc.) seront particulièrement bienvenus.
Ces propositions doivent parvenir avant le 30 avril 2001,

soit à
M. Maurizio Bossi
Gabinetto Vieusseux
Piazza e Palazzo Strozzi
I - 50126 Florence
romantico@vieusseux.fi.it

soit à
Mme Simone Balayé
Présidente de la Société des études staëliennes
44, rue Vaneau
F - 75007 Paris
presidente@stael.org

soit à
M. François Rosset
Président de l'Association Benjamin Constant
ch. de Follieu 10
CH - 1020 Renens
rossety@befree.ch

Ou encore en ligne ici-même en envoyant un email à florence2002@stael.org.

 





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