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Le gris et la grisaille (Vertigo)

Le gris et la grisaille (Vertigo)

Publié le par René Audet (Source : Hervé Aubron)

Grisailles : maniérismes et métamorphoses

Vertigo est une revue bimestrielle dhistoire et desthétique du cinéma, publiée par les éditions Jean-Michel Place (Paris). Si le cinéma est son objet premier, elle souhaite entre autres ouvrir les études cinématographiques (parfois un peu repliées sur elles-mêmes) aux autres champs du savoir, et notamment la littérature, lhistoire de lart ou la philosophie. Thématique, chaque numéro sorganise autour dune question (derniers numéros : le Lointain, lAnimal, Projections baroques, le Lien, le Dos).

Lun de ses prochains numéros se penchera sur le gris et la grisaille.

La palette chromatique des films a en effet eu tendance à séteindre, durant les deux dernières décennies, comme recouverte dun voile grisâtre. Cet état de fait ne peut être réduit à des explications techniques. Nous y voyons également la marque sensible de certains parti pris, dun certain état du champ cinématographique. Grosso modo : deux maniérismes. Un maniérisme du "réel" les frères Dardenne, Bruno Dumont, les films "Dogma" , dans lequel le film singe le gris de limage vidéo comme indice de réalisme. Un maniérisme du virtuel, celui dun cinéma utilisant les nouvelles technologies de limage comme médium et comme objet : toute image est dès lors ramenée à la trame des codes informatiques, à une grisaille numérique.

Au-delà de ces deux maniérismes, plus ou moins voués à limpasse, la grisaille nous ramène à des questionnements existant depuis la naissance du cinéma. Là encore grossièrement : la grisaille comme teinte paradoxale, dans laquelle les figures meurent figées quelles sont sur le celluloïd et renaissent à la fois; la grisaille comme un étrange liquide amniotique où des figures usées, délavées, reproduisent toutes les étapes de leur évolution. Non pas une origine, non pas un terme : mais une sorte de permanente germination... Dans le champ de lhistoire de lart, Georges Didi-Huberman a pu récemment développer un questionnement approchant, en interrogeant la grisaille fondatrice dans luvre du plasticien Claudio Parniggiuni (Génie du non-lieu ; Air, poussière, empreinte, hantise, Paris, éd. de Minuit, 2001).

Nous sommes ouverts à toute contribution extracinématographique, et notamment littéraire, pour peu quelle nous paraisse pouvoir dialoguer avec des questionnements filmiques.