Questions de société

"Le gouvernement veut définir les "priorités" de la recherche" (Le Monde, 22/8).

Publié le par Marc Escola

"Le gouvernement veut définir les "priorités" de la recherche"

par Pierre Le Hir, Le Monde du 22 août 2008

La ministre de la recherche, Valérie Pécresse, devait présenter au conseil des ministres, jeudi 21 août, une communication sur la "stratégie nationale de recherche et d'innovation". Il ne s'agit plus de réformer le système de recherche, comme le gouvernement s'y est attelé depuis seize mois, avec la loi sur l'autonomie des universités et la restructuration des organismes en instituts thématiques. Mais de définir les "priorités" qui constitueront la feuille de route de l'Etat pour la période 2009-2012.

"La recherche française, de très bonne qualité, pâtit d'une politique scientifique procédant par focalisations successives (sida, cancer, environnement...), sans vision cohérente d'ensemble", observe Mme Pécresse. Autre faiblesse : "Des retombées socio-économiques insuffisantes." D'où la volonté de fixer un cap qui "donne aux chercheurs une visibilité sur plusieurs années" et qui "mette la science au service de la société et de l'économie".

COMITÉ DE "PERSONNALITÉS"

S'inspirant de l'exemple de pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la Finlande ou le Danemark, la ministre établit une méthode et un calendrier. Pendant six mois, d'octobre 2008 à mars 2009, sera organisée une concertation "associant toutes les parties prenantes, communauté scientifique, milieux économiques, associations". Il en sortira un document-cadre, approuvé en conseil des ministres. L'exercice sera renouvelé tous les quatre ans.

Dans un premier temps va être nommé un comité restreint d'une dizaine de "grandes personnalités", dont la tâche sera de répertorier les grands "défis" de la France : défis sociétaux (vieillissement, alimentation, ressources en eau), scientifiques (en biologie, en physique comme en sciences humaines), technologiques (bio et nanotechnologies, technologies de l'information) ou organisationnels (partenariats, transferts de technologie, coopération européenne). Plusieurs groupes de travail détermineront ensuite les axes de recherche permettant de répondre à chacun d'eux. Enfin, le Haut Conseil de la science et de la technologie sera consulté pour avis.

"La nécessité d'une stratégie nationale de recherche est une évidence", commente Jean-Luc Mazet, secrétaire général du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU). Mais il déplore une vision "utilitariste" de la science et, surtout, des restrictions budgétaires en contradiction avec l'affichage gouvernemental : 900 postes seront supprimés en 2009 dans l'enseignement supérieur et la recherche.