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Le français, discipline d'enseignement

Le français, discipline d'enseignement

Publié le par Marc Escola (Source : Paris-3 Sorbonne Nouvelle (Censier))

Colloque organisé par l'UFR Littérature et Linguistique Françaises et Latines,
l'UFR Didactique du Français Langue Etrangère, le SYLED,
le Cercle le 17-21,
le DILTEC
avec le concours du Conseil Scientifique de l'Université Paris III

Le français, discipline d'enseignement.
30/31 Mai 2006

Université Paris III « Sorbonne Nouvelle »
Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005
Salle Las vergnas (3° étage)
Contacts :
cpuech50@yahoo.fr,
merlinhel@wanadoo.fr,
jlchiss@wanadoo.fr


« Le français, discipline d'enseignement »

Les débats concernant l'enseignement du français en France sont innombrables et multiformes. Ils dépassent de très loin les limites d'une question technique et sont devenus « débats de société » où, chacun ayant son mot à dire, les perspectives d'une avancée quelconque reculent sans cesse au profit d'alternatives très (trop) tranchées  (modernité vs tradition ; laxisme vs exigence, démocratisation vs « massification », valeurs vs utilitarisme, didactisme vs contenus de connaissance, etc… ) entre lesquelles on serait contraint de choisir. Or, ces « tenailles » permettent surtout de « prendre parti » sans avoir à  définir vraiment ce dont on parle.

Il nous semble significatif que les universitaires ne soient la plupart du temps présents dans ces débats qu'à titre personnel ou bien parfois, en raison des missions qui leur sont ponctuellement confiées : concours de recrutement d'enseignants, formation des maîtres, expertises diverses, programmes… Plus rarement, curieusement, dans ce qui fait leur « fonction » : comme « enseignants-chercheurs », impliqués dans la production et la transmission des savoirs au sein des départements de « Lettres ». En créant, à la faveur de la réforme LMD, un Master de recherche « Français, discipline d'enseignement », l'UFR de Littérature et Linguistique Françaises et Latines (avec le concours du département de Didactique du Français Langue Etrangère) de Paris III a souhaité favoriser la promotion de réflexions théoriques et de travaux scientifiques pour lesquels la question de la transmission des savoirs littéraires et linguistiques ne serait pas seulement un horizon lointain (réservé à l'application, à la mise en oeuvre opératoire dans l'urgence) mais bien un objet de recherche dont l'élaboration implique trois dimensions au moins :

- épistémologie des disciplines enseignées (fabrication d'objets d'enseignement),

- histoire des savoirs littéraires et linguistiques et de leur transmission (réappropriation du long terme de la question),

- place de l'enseignement des lettres dans une anthropologie sociale et historique de l'éducation.

D'autre part, on sait bien que, comme discipline d'enseignement, le français ne coïncide pas avec l'ensemble des spécialités universitaires qui y sont impliquées, de sorte que la question des enjeux de l'enseignement du « français » ne parvient jamais à être posée au niveau d'ensemble où elle le devrait : les points de vue catégoriels l'emportent souvent dans les débats sur la prise en compte des médiations et des « formations de  compromis ». Plusieurs indices laissent à penser par exemple que se sont constitués dans la période récente, du fait de cet éclatement des ordres d'enseignement (premier/second degré/enseignement supérieur) et de la dispersion / spécialisation des intérêts de connaissance de la recherche, des savoirs homonymes, sources de nombreux malentendus. Qu'entend-on au juste aujourd'hui par stylistique ? par linguistique des textes ? par analyse des discours ? Et même par littérature ou langue française ? Plus largement, peut-on aujourd'hui opposer sans précaution technicité des savoirs et valeurs ? linguistique et littérature ? didactique et contenus ? science et humanités ? utilité sociale et gratuité esthétique ? instruction et éducation ? « terrain » et « recherche abstraite » ?  …

Ces antinomies ont sans doute leur valeur pratique (s'orienter dans une actualité déroutante) et doxologique (se faire une opinion). Mais elles  demandent aussi à notre avis une élaboration critique et une confrontation des points de vue la plus large possible.

Dans cette perspective, ce premier colloque voudrait éviter et la juxtaposition de perspectives incommensurables entre elles, et l'oecuménisme consensuel de « l'entre soi ». Il souhaiterait seulement contribuer à préciser ce qu'on entend aujourd'hui par «crise du français » dans la triple dimension technique, historique, anthropologique de cette crise.

Sur cette base, nous avons proposé six axes (six questions à la fois vives et ouvertes) pour les interventions :

1. Qu'est-on en droit d'espérer (ou de ne pas espérer) d'une approche historique de l'enseignement du français ?
(instructions officielles, constitution d'un corpus patrimonial de textes littéraires, histoire des disciplines théoriques, des pratiques scolaires les plus quotidiennes. Y a-t-il des savoirs spécifiquement scolaires ? Relativisation historique et inventions de normes pour l'enseignement du français : l'histoire n'a-t-elle qu'une dimension antiquariale et commémorative ? Peut-elle fournir des modèles ?…)

2. Comment s'est faite, comment se fait, comment peut ou doit se faire l'articulation entre langue et littérature ?
(au delà du fameux « socle commun de connaissances » concernant la langue, quel rôle pour la grammaire ? Que signifie le « moment grammatical » de la littérature française ?Est-il révolu ?La grammaire empêche-t-elle ou permet-elle l'accès aux textes littéraires ? Qu'est ce que la stylistique dans l'espace scolaire ? Discipline linguistique ou discipline littéraire ? Les notions de discours et de texte ont-elles vocation à coiffer l'étude littéraire ?La grammaire a-t-elle en elle même une valeur éducative ? ...)

3. A quelles pratiques de la lecture l'école peut-elle/doit-elle former ?
 (lecture silencieuse, pour soi, pour autrui, collective, assistée par ordinateur, cursive, par fragments, par groupement, hyper-, cyber- ?…les pratiques de lecture n'ont-elles qu'une dimension « technique » ?)

4. Quelles institutions pour l'enseignement du français ?
(concours, commission des programmes, Instructions Officielles, associations, universités, instituts spécialisés, rôles de l'inspection, rôle des représentations individuelles dans le cadre institué de l'enseignement du français … )

5. Pourquoi « le français » aurait-il besoin d'une didactique ?
 (Que vaut l'opposition polémique entre didactique, contenus d'enseignements, valeur éducative ? Quelles différences entre didactique et styles pédagogiques, la didactique est-elle une discipline autonome ? Asservie ? A quoi ?Est-elle, comme le pensait Péguy, le signe d'un enseignement primaire « maternel » et maternant auquel opposer un enseignement rayonnant, adulte masculin et supérieur ?  y a-t il plusieurs ordres d'enseignement du français ?)

6. Quel est l'impact des théories linguistiques et littéraires sur l'enseignement du français ?
(sens unique ou double sens ? Un problème d'enseignement peut-il être aussi un problème théorique ?  Qu'est-ce qu'une « doxa » scolaire ? Le « scientifiquement périmé » conserve t-il une pertinence pédagogique ? La question a-t-elle un sens pour la discipline français ?)

J. L. Chiss, H. Merlin, C. Puech



PROGRAMME :

30 mai

9h30 Présentation / information (J. L. Chiss, H. Merlin-Kajman, C. Puech. Paris III)

9h 45 – 10h 15. C. Puech (Centre de linguistique Française. UFR LLFL Paris III)
« Enseignement du français, ordres d'enseignement : crise, paradoxes, avenir( ?) »
10h 15 – 10h 45. H. Merlin – Kajman (Institut de Littérature Française. UFR LLFL Paris III)
“La littérature, pourquoi faire?”
10h 45 – 11h Discussion
11h – 11h30 Pause
11h30 -12h J.L. Chiss (UFR Didactique du Français Langue Etrangère. Paris III)
« La linguistique et la didactique sont-elles responsables de la crise de l'enseignement du français ? »
12H – 12h30  J.  David (IUFM Versailles)
« Quels impacts des descriptions linguistiques du français écrit sur l'enseignement de la lecture-écriture au primaire et au secondaire ? »
12h30 – 13h  Discussion générale

14h30 - 15h   A.M. Chartier (INRP)
« Les méthodes de lecture entre XVIIe et XXe siècle, entre visées culturelles, théories didactiques et pratiques pédagogiques »
15h  - 15h30  D. Savatovsky (IUFM de Créteil/Paris III DIFLE)
« La « refondation » du  français (1985-2005) : une neo-rhétorique d'école »
15h30- 15h 45  Discussion
15h-45 – 16h Pause
16h – 16h 30 A. Pagès (UFR LLFL Paris III Président du jury de CAPES L. M.)
"Un concours de recrutement : le CAPES externe de lettres modernes"
16h 30 – 17h  M. Charolles (CLF UFR LLFL Paris III)
« Quels liens aujourd'hui entre les sciences du langage et l'enseignement du français langue maternelle ? »

17h – 17h 30 Discussion

31 Mai

9h30 – 10h  S. Branca (CLF UFR LLFL Paris III) / C. Garcia Debanc (IUFM toulouse)
« L'enseignement de la rédaction à l'école primaire de 1850 à nos jours : quatre modèles »
10h – 10h30  F. Marcoin (Université d'Artois)
« La loi de l'école: les pratiques scolaires contre la théorie littéraire ? »
10h 30 - 10h45 Discussion
10h45 – 11h  Pause
11h – 11h30  S. Plane (IUFM de Paris)
« La didactique de l'écriture : une pierre de touche pour la discipline français ? »

11H 45 – 12h15 C. Ladjali
"Les livres nous lisent plus que nous ne les lisons."
12h15 – 12h 30 Discussion

14h – 14h30 J. Boutet (IUFM de Paris)
« Conditions à une didactique du FLM »

14h30 – 15h   M. M. Fragonard (ILF UFR LLFL Paris III)
« L'apprentissage des notions littéraires : latin/français, dans/hors
scolarité (XVIe-XVIIIe siècles) »

15h – 15h15 Discussion
15h15 – 15h30 Pause
15h45 – 16h 15  J. M. Fournier (CLF UFR LLFL Paris III)
"Quelques repères dans l'histoire du discours de crise relatif à l'enseignement du français"
16h15 –  XXX Discussion et/ou table ronde. Fin