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Nouvelle parution
Le Français aujourd'hui, n° 165 :

Le Français aujourd'hui, n° 165 : "Film et texte : une didactique à inventer"

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : Marie-Madeleine Bertucci)

Le Français aujourd'hui

N ° 1 6 5 - J U I N  2 0 0 9

Armand colin

« FILM ET TEXTE : UNE DIDACTIQUE À INVENTER », Marie-Madeleine BERTUCCI & Pierre SIVAN (coord.)

SOMMAIRE

Aux frontières de la littérature et du cinéma

Raphaëlle MOINE,Université Paris Ouest Nanterre La Défense;Équipe de recherches HAR « Histoire des Arts et des Représentations »

Film, genre et interprétation

Contrairement au genre littéraire, étudié de longue date, le genre cinématographique fait figure, en France du moins, de parent pauvre de la théorie, notamment parce que la légitimation artistique du cinéma s'est faite « au détriment du genre », ce dernier rappelant immanquablement la dimension industrielle du septième art. Pour sortir du binarisme opposant genre et auteur qui en résulte, et pour proposer une réflexion sur le genre au cinéma qui ne se réduise pas à une description du fonctionnement du genre dans le système hollywoodien, cet article se propose de considérer le genre cinématographique comme une catégorie de l'interprétation. Il rappelle ainsi les fondements d'une généricité cinématographique, susceptible de rendre compte de la diversité des relations entre films et genre(s), de la variabilité des interprétations génériques, ainsi que de l'hybridité générique.

Mots-clés : cinéma, genre, généricité, interprétation, hybridité

Jan BAETENS,Université libre de Louvain la neuve

De l'image à l'écrit : la novellisation, un genre mineur ?

On  se propose ici de définir le genre de la novellisation, comprise comme la transposition d'un film ou scénario original sous forme de roman, et de préciser quelques repères majeurs de son évolution historique, des premières formes du genre à ses métamorphoses les plus récentes. On commentera les enjeux essentiels du genre du point de vue des lecteurs. Pourquoi lit- on des novellisations et qu'y apprend-on ? L'analyse insistera sur la variabilité historique de ces enjeux. À l'origine, la novellisation permettait de compenser les difficultés d'accès aux films. Les formes récentes élargissent l'expérience cinématographique. Des exemples de novellisation donneront une idée de la diversité remarquable du genre.

Mots-clés : novellisation, film raconté, adaptation, scénario, réécriture

Marie-Madeleine BERTUCCI & Emma CHEMBLETTE,Université de Cergy-Pontoise,EA 1392 CRTF-LaSCoD. F-95 000 Cergy-Pontoise

La médiaculture : une place à prendre dans l'enseignement du français ?

La médiaculture, illustrée ici par les séries  télévisées, est souvent dénoncée dans le discours scolaire ordinaire, qui la perçoit comme illégitime. On avancera  l'hypothèse que la médiaculture peut être un moyen d'amener les élèves, ayant une faible connivence avec la littérature, à apprivoiser la culture savante, sans qu'elle vienne se substituer à la culture patrimoniale pour autant. Cette proposition se défend d'autant plus que la médiaculture est nourrie de références culturelles dont la légitimité est souvent incontestable, comme en témoigne la référence aux mythes antiques et au théâtre grec, dans la série carcérale américaine Oz étudiée dans l'article. Pour ce faire, il convient d'ouvrir les catégories génériques et d'admette la notion plus large de fiction, qui intègre, au-delà du texte, l'étude de l'image, du cinéma et de la télévision.

Mots-clés : médiaculture, séries télévisées, culture savante, Oz, représentations de la réalité sociale.

Pierre SIVAN,Lycée Saint-Louis, Paris

Besoin d'auteur ?

L'usage de la notion d'auteur ne va  pas sans soulever  de problèmes dans le domaine du cinéma. À la fin des années cinquante, les cinéastes français de la Nouvelle Vague ont imposé l'idée qu'un film, tout comme une oeuvre littéraire, était avant tout le fruit du travail d'un auteur, lui-même identifié au metteur en scène. Cette conception a fait l'objet de critiques nombreuses. On lui a reproché en particulier d'oublier la dimension collective du cinéma ; certaines approches universitaires ont proposé d'éviter de parler d'auteur et d'adopter, pour l'étude du film, des notions renvoyant à des approches narratologiques : narrateur, énonciateur... Mais ce type d'approche semble se heurter au besoin qu'éprouveraient les spectateurs d'attribuer le film à une figure déterminée. L'auteur serait alors, au cinéma, une figure construite par le spectateur lui-même.

Mots-clés : auteur, narrateur, énonciateur, spectateur, Nouvelle Vague

Le cinéma en classe de français

Philippe BOURDIER,Université d'Orléans & IUFM Centre Val de Loire

Laboratoire Ligérien de Linguistique EA-3580

Les enseignants de français face au cinéma : un problème de représentation ?

À partir d'un travail de recherche sociologique, mené auprès d'enseignants de français entre 2002 et 2006, l'enquête met en évidence les représentations que les professeurs de français ont actuellement à l'égard de l'enseignement du cinéma dans le contexte scolaire. Il s'agit moins ici de proposer une didactique du cinéma, que de mettre à jour les représentations des enseignants de français à l'égard du film, représentations qui les conduisent, parfois à leur insu, à éluder ce dernier. Ces représentations font apparaître des sentiments mêlés. Si l'étude du cinéma semble être d'un apport réel au cours de français,  une relative méfiance des enseignants à son égard subsiste néanmoins. Ces représentations pourraient expliquer, ne serait-ce que partiellement, les difficultés de  l'entrée du cinéma dans les cours de français.

Mots-clés : Enquête, Représentations, didactique du cinéma, interprétation de l'image, habitus disciplinaire des enseignants de français.

Stéphane COULON,Collège Jean Lolive, Pantin

Voir un film et écrire, récit d'une expérience

L'expérience, menée dans une classe de 4e d'un collège de Seine-Saint-Denis, avec des élèves en grande difficulté, a pour but de permettre à ces élèves de participer à un festival de cinéma, afin de  les aider à surmonter certaines de leurs difficultés dans le domaine de l'expression orale et écrite. Invités à rencontrer les organisateurs du festival et des réalisateurs, les élèves participeront à la sélection d'un film tout en justifiant leur choix. Cette expérience leur donnera l'occasion d'être confrontés aux exigences d'écrits divers ainsi qu'aux règles de la prise de parole en public, tout en rencontrant des professionnels  extérieurs au contexte scolaire. 

Mots-clés : cinéma, action culturelle, classe « Festival »,  écriture, prise de parole.

Xavier GRIZON,Association Cinémas 93

Université Paris-Diderot, Centre de recherches comparatistes sur les littératures anciennes et modernes,

Lignes de temps : l'analyse filmique en classe de français 

L'article rend compte d'un travail  conduit avec des élèves de collège initiés au logiciel, Lignes de temps, support interactif d'analyse filmique, dans le but d'analyser le film d'Abbas Kiarostami : Où est la maison de mon ami ? (1989). Le logiciel, initié et développé par l'Institut de recherche et d'innovation du Centre Georges Pompidou, permet aux élèves des approches individuelles et personnalisées, intitulées, Regards signés.

Mots-clés : Lignes de temps, analyse filmique, support interactif, didactique du cinéma, interprétation

Marie-Madeleine BERTUCCI & Pierre SIVAN

Cinéma et enseignement du français : histoire d'une rencontre manquée. Entretien avec Oliver Curchod

Les tentatives effectuées depuis les années 80 pour intégrer  le cinéma dans  l'enseignement du français : création d'une épreuve de cinéma dans les agrégations internes de Lettres et entrée du film dans les programmes du baccalauréat littéraire, ont connu des succès divers. Cette insertion a été le fruit de compromis multiples. Liée à des volontés politiques plus ou moins affirmées, elle s'est heurtée à de nombreuses résistances. L'épreuve de cinéma dans les concours internes semble aujourd'hui bien acceptée. Sans demander aux candidats des compétences de spécialistes, elle cherche néanmoins à leur faire analyser le film dans sa spécificité. Le cinéma ne figure toujours pas, cependant, dans les concours externes et n'occupe   qu'une place très modeste dans les  programmes des lycées et collèges, ce qui conduit à penser que donner une place au cinéma dans le cours de français n'est plus désormais une priorité pour l'institution.

Mots-clés : agrégation, recrutement, baccalauréat, analyse de film, culture cinématographique

Francis VANOYE

Université de Paris Ouest Nanterre La Défense

Postface : des raisons d'espérer

Pierre SIVAN

Répertoire de sites utiles à l'approche du cinéma