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Le devenir-souvenir du roman. Poétiques romanesques de la lecture aux XXe et XXIe siècles

Le devenir-souvenir du roman. Poétiques romanesques de la lecture aux XXe et XXIe siècles

Publié le par Emilien Sermier (Source : Katerine Gosselin)

Le devenir-souvenir du roman

Poétiques romanesques de la lecture aux XXe et XXIe siècles

Université Paris-Sorbonne (salle J 636, escalier G, 3e étage)

Jeudi 22 octobre 2015, de 9h00 à 17h30
 

Dans En lisant en écrivant, Julien Gracq, rêve à un protocole qui permettrait de manifester les modalités de la présence des romans dans la mémoire. L’objet d’une telle expérience serait alors moins le livre que le souvenir qu’en garde le lecteur : « Il faudrait comparer entre eux les souvenirs que gardent à distance d’une même œuvre des lecteurs exercés et de bonne foi, leur faire raconter de mémoire à leur idée le livre – ou plutôt ce qu’il en reste, toute référence au texte omise – noter la récurrence plus ou moins régulière du naufrage de pans entiers qui ont sombré dans le souvenir, de points d’ignition au contraire qui continuent à l’irradier, et à la lumière desquels l’ouvrage se recompose tout autrement » (dans Œuvres complètes, « Bibl. de la Pléiade », 1995, t. II, p. 646-647). L’expérience envisagée par Gracq suggère que le roman aurait ceci de spécifique par rapport à la poésie que le souvenir que l’on en a est presque totalement émancipé de la lettre du texte. La présence du roman dans la mémoire n’est que très marginalement citationnelle ; elle est plus incertaine, plus labile, plus buissonnante aussi, mobilisant d’autres ressorts, investissant d’autres modèles formels.

Les essais que Judith Schlanger a consacré à « la mémoire des œuvres » dans les années 1990 peuvent être considérés comme la première tentative réelle de théoriser un questionnement qui se fait jour progressivement tout au long du XXe siècle, souci d’écrivain avant tout, et en premier lieu, avant de devenir, avec le dernier Barthes, mais déjà avant lui avec Gaétan Picon par exemple, un objet de réflexion ouvert à l’investigation de la critique littéraire. Dans la première décennie du XXIe siècle, plusieurs essais ont paru qui ont envisagé la littérature comme une mémoire, inventant ainsi une scène nouvelle, attentive aux enjeux existentiels de la lecture, où cherchent à se rejoindre et s’articuler à nouveaux frais la théorie et l’histoire de la littérature.

Cette journée d’étude veut proposer une réflexion sur le passage de la littérature en régime romanesque. Il s’agira de comprendre comment la mémoire spécifique qu’engage le roman, cette mémoire émancipée de la lettre du texte, a contribué à reconfigurer les rapports entre écriture et lecture, depuis la fin, dans les années 1920, de ce que Michel Raimond a appelé « la crise du roman » jusqu’à la période contemporaine. On cherchera à définir une poétique de la lecture que mettraient continûment en place le roman moderne et le roman contemporain, celui-ci accusant et consolidant le changement de régime opéré par celui-là tout au long du XXe siècle (chez Proust et Gracq, mais également chez des romanciers comme Aragon et Claude Simon, pour ne nommer que ceux-là). Dans ces parcours de lecture du roman moderne au roman contemporain, nous nous demanderons comment le roman, en engageant une mémoire spécifique, en est venu à se faire lui-même souvenir de lecture, se présentant dès lors comme une « écriture-lecture », une écriture qui inclut, comme un horizon mais aussi comme un ressort, le devenir-souvenir de ce qui nous est donné à lire, de ce que nous sommes en train de lire.

Programme

 

Matin

 

9h00 Accueil

9h15 Introduction : Katerine Gosselin et Christophe Pradeau

9h45 Isabelle Daunais (Université McGill, Montréal), « Le devenir-roman de la mémoire »

10h30 Pause

10h45 Camille Koskas (Université Paris-Sorbonne), « Traces du Grand Meaulnes dans le Pont Traversé de Jean Paulhan (1921). »

11h30 Aude Leblond (Université Paris 3-Sorbonne nouvelle), « La bibliothèque intérieure comme art de la mémoire. »

Après-midi

14h30 Mathieu Simard  (Université du Québec à Rimouski), « Le souvenir des mémoires dans La Semaine Sainte d’Aragon. »

15h15 Katerine Gosselin (Université du Québec à Rimouski), « Souvenirs et relectures romanesques en contrepoint dans les derniers romans de Claude Simon. »

16h00 Pause

16h15 Christophe Pradeau (Université Paris-Sorbonne), « La lampe de Galeswinthe. »

 

Journée d’étude organisée par Christophe Pradeau (Cellf 16-21, Université Paris-Sorbonne) et Katerine Gosselin (Université de Québec à Rimouski), avec le soutien du Cellf 16-21 (Centre d’étude de la langue et des littératures françaises du 16e au 21e siècle, UMR 8599 du CNRS et de l’université Paris-Sorbonne) et de l’École doctorale III (Littératures françaises et comparée – ED 0019). 

Entrée libre.