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Le devenir de la pensée critique

Le devenir de la pensée critique

Publié le par Marc Escola

Colloque organisé dans le cadre des "40 ans de Paris"

(de Vincennces à Saint-Denis)

du 16 au 18 décembre


LE DEVENIR DE LA PENSÉE CRITIQUE


L'Université de Paris 8 a été fondée, il y a quarante ans, dans une situation singulière de la politique, de l'activité savante et artistique, des devenirs subjectifs. Son contexte natif a été en même temps celui de la lutte contre un vieux monde qui craquait en tous lieux et celui de l'exercice d'une capacité à opposer à l'avenir étriqué, aux connaissances bienséantes, au carcan moral, aux gouvernances satisfaites, à l'université poussiéreuse, une expérimentation sans limites associée à une solidarité universelle. Pendant quarante ans, ce sont aussi avec, autour ou en dehors de Vincennes devenue Paris 8, toutes les universités qui ont porté des transformations selon des voies diverses, et que le moment présent jette à leur tour au coeur de luttes décisives.

Car, pendant ce même temps, les anciennes dominations économiques et sociales et les rapports qu'elles entretenaient avec les universités ont été remplacés de façon aventureuse. Des logiques marchandes et guerrières mondialisées oeuvrent à l'ascension  contemporaine d'un égocentrisme aveugle et ivre de puissance qui détruit le droit de justifier également par lui-même le travail de la pensée et des cultures, d'organiser autour de ses normes et exigences une collectivité libre, d'accueillir quiconque choisit de s'y consacrer.

Cette offensive générale bouleverse tout particulièrement les compromis inégalement élucidés qui accordaient au travail universitaire la faculté de transmettre et de faire évoluer les savoirs et les compétences sur un mode critique. C'est pourquoi l'une des tâches urgentes des universités est-elle en même temps de réinterroger l'horizon de la critique, d'éclairer à nouveau la part des arrangements avec l'ordre social et politique qu'il abrite, de s'assurer des forces de résistance et d'émancipation qu'il autorise.

Pour une part, en effet, la critique dévoile. Elle montre la théorie sous le fait, l'archive sous le concept, le sens sous le problème, le discours sous l'idée, l'historicité transformatrice et conflictuelle sous les mots et les figures. Elle incite à prendre conscience des configurations instituées, ainsi qu'à exercer une responsabilité à leur égard. Sur un autre versant, la critique postule un continu qui traverse les faits, les vocabulaires, les disciplines, les rationalités locales, les langues, les cultures. Elle maintient, à la manière d'une théorie d'ensemble, une activité commune contre la fragmentation du champ culturel en domaines étrangers aux uns et aux autres. Elle en appelle à la multiplicité des points de vue, à l'invention de montages inédits entre eux, à une littérature ouverte et démocratique des destins du savoir. Sous sa double forme, la critique partage avec le travail et la transmission de la pensée une histoire, qui, parallèlement à ses pactes et combats avec les puissances d'ordre, expérimente des limites, des apories, des métamorphoses, des aventures. Les intervenants de France et d'étranger de ce colloque ont été invités à se réunir pour tenter d'en établir un bilan.

Sous le titre Le devenir de la pensée critique, le colloque propose successivement de se retourner vers la généalogie de la pensée critique, d'étudier ses usages et réceptions, d'évaluer ses devenirs et expérimentations, d'effectuer finalement une critique de la critique.

Avec notamment des interventions d'E. Balibar, M. Riot-Sarcey, A. Badiou, G. Dessons, J. Revel, etc.

Université Paris 8, M° Saint-Denis Université, Amphi X

Programme détaillé…