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Le démon de l'analogie

Le démon de l'analogie

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Il y a tout juste un an, P. Bayard prouvait de façon incontestable, dans Le Plagiat par anticipation, que Maupassant avait plagié Proust ; aujourd'hui, c'est au tour de M. Darrieussecq, dans son essai Rapport de police, de démontrer qu'Une Partie de campagne plagie Les Raisins de la colère (et réciproquement, ce qui est peut-être une circonstance atténuante). à croire que l'oeuvre de Maupassant, peuplée de personnages experts en imposture, hantée par la figure du double, et féconde en mystifications littéraires, n'est qu'une mosaïque de copiés-collés en tous sens. En attendant les compléments d'enquête qui ne manqueront pas de faire toute la lumière sur ces ténébreuses affaires, on suivra les réflexions de M. Darrieussecq, qui s'interroge, à partir d'une position manifestement borgésienne, sur le sens de la "plagiomnie", l'accusation calomnieuse de plagiat, laquelle fait fond sur toute une mythologie romantique quant à l'originalité, la singularité, l'unicité de chaque auteur â et méconnaît le grand principe de toute herméneutique littéraire, selon lequel il n'est aucun texte qui ne finisse, moyennant un peu d'ingéniosité ou de paranoïa, par ressembler à un autre.