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Le corps amoureux

Le corps amoureux

Publié le par Vincent Ferré (Source : Julien Milly)

LE CORPS AMOUREUX

 

 

 

« Je-t-aime, écrit Roland Barthes, n'est pas une phrase : il ne transmet pas un sens, mais s'accroche à une situation limite : celle où le sujet est suspendu dans un rapport spéculaire à l'autre ». L'auteur continue en ces termes : « Le désir est partout ; mais, dans l'état amoureux, il devient ceci, de très spécial : la langueur ». Définir la relation amoureuse impliquerait, à suivre ces quelques remarques, de saisir les entrelacements qui nouent le sujet à autrui, et d'examiner l'espace intersubjectif au fondement de la construction du soi. Face aux bouleversements et aux mutations à l'intérieur même de la sphère que certains qualifieront de tendre, nous souhaitons nous interroger sur les représentations artistiques du corps amoureux. De la légende instituée par Pline l'Ancien, qui situe une histoire d'amour aux fondements de la première image, aux iconographies renaissantes susceptibles d'examiner chaque posture de la passion ; des éprises chez Vermeer, comme phagocytées par des fenêtres à travers lesquelles on ne voit rien, aux Madeleines se consumant à la lueur d'un miroir sans visage, et jusqu'aux oeuvres romantiques – pensons par exemple à certaines toiles de David ou encore à d'autres de Constable -, nous avons été habitués à penser le corps amoureux en relation avec une certaine dépossession. Qu'en est-il néanmoins, aujourd'hui, de ces représentations qui ont trait, de près ou de loin, à l'amour ? Que reste-t-il, dans l'art actuel, du courant amoureux ? De ses figures et de ses retentissements ? Du corps épris, ou encore submergé par de violentes pulsions ? En quoi la création contemporaine a-t-elle réinventé de nouvelles érotiques, et en quoi ces érotiques parviennent-elles à circonscrire les territoires toujours instables du désir, du sujet, voire parviennent-elles à redéfinir les champs liés au verbe aimer ?

 

 

Nombreux sont les auteurs, déjà, qui ont souligné les incertitudes à même l'espace amoureux. Lorsque Freud remarquait que « la toute-puissance de l'amour ne se manifeste jamais plus fortement que dans ses égarements », d'autres théoriciens ont explicité les liens qu'entretient l'amour avec l'identité. Pensons, à ce titre, à Georges Bataille dans son rapport qu'il établit entre l'érotisme et la mort, à Michel de M'Uzan selon qui, « s'il est vrai que l'homme n'aime que lui seul, (…) il ne peut être lui-même que (…) s'il est capable de devenir aussi un autre », ou encore à Julia Kristeva qui souligne, dans ses histoires d'amour, un « oubli de son image » et, ce faisant, une « aliénation dans l'image de l'autre » ; songeons également à Joyce McDougall et à son plaidoyer pour une certaine anormalité. La création contemporaine a ainsi, nous semble-t-il, excellé à scruter les finesses de cette érotique, de sorte que de nouveaux modes amoureux sont bel et bien apparus.

 

 

Les propositions de communication, d'une longueur approximative de 500 mots, penseront les représentations – tant dans les arts plastiques qu'au cinéma, au théâtre ou encore dans la littérature – du corps amoureux et de ses multiples érotiques, principalement à travers la création contemporaine. Ces propositions devront être envoyées, ainsi qu'une notice bio-bibliographique, à Julien Milly (julien.milly@yahoo.fr), au plus tard le 5 octobre 2008. Les communications retenues (chacune d'environ 30 minutes) se tiendront dans le cadre d'un séminaire mensuel de deux heures à la Sorbonne Nouvelle, de novembre 2008 à mai 2009, les mardi de 18h à 20h (sous réserve de modification). Une publication, qui réunirait les actes de ces séminaires, est en projet pour le début de l'année 2010.

 

 

Julien Milly

 

Membre du Centre de Recherche sur les Images et leurs Relations http://crir.univ-paris3.fr

UFR cinéma et audiovisuel

 

Sorbonne Nouvelle (Paris III)