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Le conte à l'épreuve de la scène contemporaine : entre théâtre didactique et théâtre de la cruauté

Le conte à l'épreuve de la scène contemporaine : entre théâtre didactique et théâtre de la cruauté

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Marianne Dubacq)

Le conte à l'épreuve de la scène contemporaine :

entre théâtre didactique et théâtre de la cruauté

MC 2 de Grenoble et université Stendhal-Grenoble III

Mardi 15 juin 2010

Colloque international et interdisciplinaire

organisé par Martial Poirson et Jean-François Perrin


Aujourd'hui, le conte, sous ses différentes déclinaisons (qu'il soit merveilleux, philosophique, libertin, oriental ou simplement actuel…), et ses proches parents, mythes, fables et légendes au long cours, occupent le devant de la scène théâtrale contemporaine (depuis au moins Antonin Artaud, et dans un tout autre ordre d'idées, Bertolt Brecht ou Benno Besson) : le constat est le même, qu'il s'agisse des nouvelles écritures, des expériences d'adaptation théâtrale et de mise en scène (Olivier Py, Joël Pommerat, Howard Barker, Christian Lepage, Laurent Pelly, Marie Potonet, parmi tant d'autres…), des manifestations collectives hors les murs d'un réalisme magique contemporain (dont est notamment emblématique le travail du Royal de Luxe depuis les années 1980) ou encore de la capacité des néo-conteurs à s'approprier ces répertoires et à les porter dans une dimension contemporaine avec l'art et la manière des conteurs traditionnels, sans compter les très nombreuses compagnies qui s'y attachent.

Ainsi, à partir des outils développés depuis des années par les spécialistes du conte de tradition orale, par les promoteurs des arts du récit et ceux du spectacle vivant, revenir aux sources dramaturgiques de ce répertoire à la fois fantaisiste, onirique et subversif peut s'avérer fécond pour notre temps. La théâtralité et l'oralité inhérentes au conte semblent en effet particulièrement prédisposées au dispositif spectaculaire susceptible de leur donner une forme adéquate ; cependant que l'imaginaire symbolique et parfois, la matière folklorique, mythologique ou anthropologique qu'ils véhiculent ou reprennent à leur compte constituent de véritables défis techniques pour la représentation théâtrale, même en sollicitant les moyens d'illusion de la scène actuelle et les effets de connivence avec un public plus que jamais averti.

En dépit de la concurrence accrue de nouvelles formes de médiation symbolique et de transmission culturelle telles que le cinéma (au moins depuis Georges Méliès, voire depuis les fantasmagories du début du XIXe siècle) ou les arts graphiques, la transposition théâtrale du conte n'en finit pas de réinvestir, recycler, reconsidérer notre patrimoine culturel, révélant l'actualité et la portée fictionnelle du matériau mythogène transmis par les traditions populaires et ancré dans notre inconscient culturel collectif. Qu'il soit merveilleux, réflexif, volontiers cruel, sanglant, anthropophage, engageant des questions sociopolitiques qui touchent de près à la sphère publique, à la sexualité, à l'inceste, à la violence ou à la mort, le conte n'en finit pas, par son pouvoir symbolique, mythique et initiatique, de peupler notre imaginaire collectif et de nourrir la création théâtrale contemporaine. Il lui offre l'opportunité d'expérimenter de nouvelles pratiques scéniques et de nouvelles formes dramaturgiques, de remettre en jeu les structures profondes de l'imaginaire et de réexaminer la fonction axiologique de la morale sociale, tout en mobilisant de nouvelles formes de production des affects de la part des publics les plus divers et en replaçant l'art du récit au coeur d'un vouloir vivre ensemble qui n'est pas toujours consensuel ni lénifiant.



Plusieurs pistes de réflexion, non exhaustives, sont proposées à l'occasion de ce colloque :

-          On s'interrogera notamment sur les modalités du passage du narratif au dramatique (et sur la rémanence du narratif au sein du dramatique, sous la forme de l'épique par exemple), allant de la simple adaptation à la réécriture, en passant par toutes les formes de la transposition d'art, le plus souvent parodique ou pour le moins, distanciée, afin de comprendre cette forme très spécifique de création continuée qui repose sur la captation et le détournement du patrimoine culturel du conte.

-          On envisagera également les enjeux techniques et le véritable défi scénique dont relève parfois la représentation sur le plateau d'une telle transposition, qui passe par la projection de structures imaginaires et la figuration ou pour le moins, l'évocation de l'immatériel.

-          On s'intéressera aussi aux expériences scéniques, non seulement d'actualisation de contes traditionnels, mais encore de déterritorialisation ou de transfert de contes issus d'autres aires culturelles ou régions du monde, vecteur d'une hybridation des sources de l'imaginaire et des systèmes de références, au carrefour d'influences les plus diverses.

-          On cherchera encore à comprendre les formes contemporaines sur lesquelles repose l'esthétique du conte dramatique, qu'on pourrait qualifier de « réalisme enchanté », affleurant aussi bien dans les nouvelles expériences d'écriture que de mise en scène.

-          On analysera enfin la portée esthétique et idéologique de cette production dramatique oscillant entre théâtre didactique, visant à travers le dispositif théâtral à mettre en oeuvre une pédagogie active, révélatrice de la fonction d'avertissement du conte ou encore, porteuse d'un contenu politique, voire militant à l'attention des masses ; et théâtre de la cruauté, se plaisant à exacerber la fonction initiatique du conte et son pouvoir de sidération du spectateur afin de mettre en oeuvre un espace scénique tantôt délibératif, tantôt oppositionnel de confrontation avec le monde comme il va et de mise en crise des certitudes les mieux établies.



Autant de points d'ancrage d'une lecture traversière et interdisciplinaire d'un domaine qu'on qualifie souvent rapidement par la catégorie de « théâtre jeune public », qui révèle à la fois, au moyen d'une lecture à plusieurs niveaux, son inquiétante étrangeté et son pouvoir fantasmatique.





Prière de faire parvenir vos propositions de communication, comprenant un titre, une page de présentation et votre affiliation institutionnelle, avant le 30 janvier 2010 à Martial Poirson (martial.poirson@yahoo.fr) et Jean-François Perrin (Jean-Francois.Perrin@u-grenoble3.fr).

Avec la participation de :

Centre Dramatique National des Alpes ; MC2 de Grenoble ; Arts du récit de Grenoble ;

UMR LIRE-CNRS ; Université Stendhal-Grenoble III ;

Maison des sciences de l'homme de Grenoble