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Le Cinéma Avant Après, entretien avec P.-D. Huyghe (revue la vie manifeste)

Le Cinéma Avant Après, entretien avec P.-D. Huyghe (revue la vie manifeste)

Publié le par Marc Escola (Source : La vie manifeste)

Référence bibliographique : Le Cinéma Avant Après, entretien radiophonique avec P.-D. Huyghe (revue la vie manifeste), , 2012.


Référence bibliographique : Le Cinéma Avant Après, entretien radiophonique avec Pierre-Damien Huyghe, , 2012.


Entretien radiophonique avec Pierre-Damien Huyghe, à propos de l’ouvrage Cinéma Avant Après, publié aux éditions De l’incidence éditeur. (Durée 100mn)

"Les films sont ou auront été des cas de conscience à chaque fois qu’en eux le lien aura été tenu avec quelque chose dont ils procèdent, à savoir la photographie dans sa capacité à engrammer mécaniquement quelque chose du monde au-delà de toute visée du sujet."

51386.jpg"«  Caméra   » est un nom générique pour une opération technique. Plus générique encore : appareil d’enregistrement. Ces appareils sont moins qu’on ne le croit et moins qu’on ne le dit, en français du moins, des « capteurs » et des instruments de captation. Ils existent en diverses espèces, au moins deux, puisqu’il est possible d’enregistrer d’un côté la lumière, de l’autre le son. Dans ces deux espèces, ce qui compte, ce qui est décisif, c’est la capacité d’être ouvert. Une caméra inerte tient en soi une disposition à l’ouverture, disposition qui sera mise en oeuvre – déclenchée à vrai dire – dans certaines conditions, à partir d’une certaine position. S’il est impossible d’exclure tout à fait que, s’agissant de ces conditions et de cette position, le sujet y soit pour quelque chose, en revanche, une fois que l’appareil est mis en oeuvre, une fois qu’il est ouvert, une fois qu’il tourne, ce sujet s’absente : il est exclu par la mécanique même de l’opération. C’est précisément de la résistance à cette absence et à cette exclusion qu’est faite l’histoire de la photographie et du cinéma. Je peux énoncer cette thèse d’une autre manière : si ces industries au vieux sens du mot, si ces savoir-faire (la photographie et le cinéma) relèvent d’une historicité singulière, c’est en ce sens que, dès leurs débuts, avant même qu’ils soient dotées de suppléments techniques et finalement technologiques, avant encore que leurs conditions d’usage soient véritablement entrées dans une économie, ils étaient venus heurter, par la nature même de leurs capacités, toute la culture installée du sujet. Cette dernière s’est défendue, elle a oeuvré pour que la subjectivité reprenne la main, elle a valorisé, parmi toutes les pratiques possibles, celles où un certain maniement permettait de rapatrier la production dans une aire de responsabilité subjective suffisante et crédible. "

Pierre-Damien Huyghe

Pierre-Damien Huyghe est professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses recherches impliquent la philosophie et l’esthétique, elles portent notamment sur les conditions d’ouverture des conduites artistiques à la technique et à l’industrie. Il a récemment publié "Modernes sans modernité - éloge des mondes sans style" (éd. Lignes, 2009).

Entretien à écouter dans la revue La vie manifeste