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Le bon genre et le bel usage

Le bon genre et le bel usage

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À la suite de l'amende infligée au député Julien Aubert pour son obstination à dire « le président » en s'adressant à Sandrine Mazetier (qui occupe la vice-présidence de l'Assemblée nationale), l'Académie française vient de publier une "mise au point sur la la féminisation des noms de métiers et de fonctions". L'illustre Compagnie y rappelle qu'« aucun gouvernement n'a le pouvoir de modifier de sa seule autorité le vocabulaire et la grammaire du français », en ajoutant que « nul ne peut régenter la langue, ni prescrire des règles qui violeraient la grammaire ou la syntaxe : elle n’est pas en effet un outil qui se modèle au gré des désirs et des projets politiques. » L'Académie réitère la distinction entre la féminisation d'un nom de métier (pharmacienne par ex.) et celle d'un nom de fonction, ainsi que la valeur générique neutre ou "non-marquée" du genre grammatical masculin. Les Quarante précisent encore que si la langue accepte sans difficulté des féminisations qui sont passées dans l'usage (éditrice, exploratrice, etc.), on ne peut en revanche imposer de véritables barbarismes (comme professeure, auteure, chercheure, ou sapeuse-pompière).  L'Académie souligne enfin que, loin d'édicter des recommandations, elle entend, notamment dans l'édition de son Dictionnaire, "libérer l’usage, en laissant rivaliser des formes différentes sans chercher à en proscrire autoritairement aucune, jusqu’à ce que la meilleure l’emporte. C’est à cette attitude, conforme à la manière dont elle a exercé continûment son magistère depuis près de quatre siècles, qu’elle entend demeurer fidèle." Avant même la fondation de la Compagnie (1635), la chose avait été tranchée par le mot fameux de Malherbe à Henri IV, rapporté par Racan comme par Tallemant des Réaux: "Quelque absolu que vous soyez, vous ne sauriez, Sire, ni abolir ni établir un mot, si l'usage ne l'autorise".