Revue
Nouvelle parution
Le Banian n°8

Le Banian n°8

Publié le par Florian Pennanech (Source : Association franco-indonésienne Pasar Malam)

Le Banian n° 8, décembre 2009

Directeur de publication Johanna Lederer

Paris : Association franco-indonésienne Pasar Malam, 2009, 235 p.

Sommaire :


.Johanna Lederer Éditorial

.Henri Chambert-Loir Traduire l'Indonésie

.Rahayu Surtiati Hidayat Traduire : pourquoi et pour qui

.Elizabeth D. Inandiak Traduire c'est errer. Un exemple : le Livre de
Centhini 

.Monique Zaini-Lajoubert Les versions indonésiennes de La Dame aux  camélias
(1848)

.Étienne Naveau L'intraduisible nom de Dieu : L'interdiction des Bibles
indonésiennes en Malaisie

.Roger Tol Traduire la poésie bugis

.Georges Voisset Que restera-t-il de nos amours ?

.Gilles Massot De la traduction photographique

.Bertrand Malaud Sri Woelan, une Européenne “serimpi” des années Trente

.Mohammad Nanda Widyarta Ce qui a pu former la perception spatiale
vernaculaire indonésienne ; ou une esquisse première de la logique spatiale
des nomades marins

.Wening Udasmoro L' interprétation par les acteurs sociaux des lois sur l'
avortement en Indonésie

.Santi Dharmaputra Parler la langue indonésienne alors qu'il y en a tant d'
autres

.Jacqueline Camus Rubrique : L'indonésien, langue exotique ?

.Georges Voisset Rubrique : Compte rendu de lecture. L'ère de Caïn de Yann
Quero

.Georges Voisset, Henri Chambert-Loir Bibliographie(s)

.Nadine Albert-Ronsin Rubrique : Pages retrouvées. Yvan Goll, le poète
oublié

.Georges Voisset A propos de Manyana, quelques réflexions sur la traduction

.Yvan Goll Chansons de Manyana, jeune fille malaise

.Nicole Revel Chants d'amour Palawan

.Umar Kayam Rubrique : Les bonnes feuilles du Banian. Les Priyayi
Extrait traduit par J-M de Grave


Photographies & Illustrations
Sacha Jordis, couverture
Elène Usdin, p. 20
Ken Cheong, p. 101
Kurniadi Widodo, p. 107-111, 120-123
Ana Fer, p. 221
Jérome Siran, dernière de couverture



Éditorial :


Le plus vieux métier du monde …

Yvan Goll, poète alsacien né en 1891, disait qu'avoir deux langues, c'est
avoir deux vies. Beaucoup des lecteurs du Banian se retrouveraient
certainement dans ce constat : la plupart de ses lecteurs indonésiens, en
tout cas.

Mais, même dans un pays aussi « monolingue » que la France, combien sont
ceux qui, nés en Alsace ou au Pays basque, de parents italiens ou algériens,
ou venus « d'ailleurs », n'ont pas cette autre langue-ci, cette autre
langue-là, dans leur besace à mots ?
Un monde incertain où comptent l'habileté des relations diplomatiques, l'
utilité du commerce international, le grand choix des loisirs, voyages,
films, littérature, informatique, a, avant tous les autres métiers, besoin
de traducteurs, une catégorie bien souvent ignorée, voire peu estimée. Mais
avant tout : que traduit-on, ou ne traduit-on pas, oublions-nous,
évitons-nous peut-être, de traduire ? L'indonésien, par exemple ?
Traduire, transposer (ce que l'on voit en ce qu'on dit, ce que l'on entend
en ce qu'on dessine...), interpréter « son » réel pour en rendre compte à l'
autre,  de tout temps ces activités ont été nécessaires, en tout cas depuis
que les hommes ont abandonné la  construction de la Tour de Babel.

Mais au fait,  traduire, qu'est ce que c'est, au juste ? S'agit-il de
transposer des idées et de l'information d'une langue vers une autre, faire
passer du sens ? Est-ce une science, un métier, ou de l'art ? Comment
expliquer que la littérature indonésienne soit si peu traduite ? 

Il suffit de regarder les listes des oeuvres traduites (page 196) pour
constater avec regret qu'elles sont plutôt courtes.  Le Banian aimerait
combler un peu ce manque en proposant dans ce numéro une sélection de livres
inspirés par l'Indonésie et, à partir d'aujourd'hui, un compte-rendu de
lecture (page 193). Montrant en même temps par là qu'il ne serait peut-être
pas superflu de créer une  « Collection du Banian », dont le premier
objectif serait pour commencer la traduction et la publication en français
d'un ou  deux titres par an.

Les très bons traducteurs ne manquent pas en France … Voir les quelques
livres d'auteurs indonésiens disponibles dans l'hexagone, notamment de
Pramoedya Ananta Toer et Ayu Utami, les divers recueils de pantouns et de
nouvelles, ou même ici, les articles parus dans Le Banian. Nous avons tous
pu apprécier le haut niveau de formation, le grand talent de « nos »
traducteurs. Si ce numéro s'interroge sur le manque de traductions d'oeuvres
indonésiennes en français, il saisit également cette occasion pour rendre
hommage à leur travail exercé avec sérieux, talent et très souvent aussi
avec abnégation. Citons à cet égard Valéry Larbaud :
 « Le traducteur est méconnu ; il est assis à la dernière place ; il ne vit
pour ainsi dire que d'aumônes ; il accepte de remplir les plus infimes
fonctions, les rôles les plus effacés (...) L'ignorer, lui refuser toute
considération, ne le nommer, la plupart du temps, que pour l'accuser, bien
souvent sans preuves, d'avoir trahi celui qu'il a voulu interpréter, le
dédaigner même lorsque son ouvrage nous satisfait, c'est mépriser les
qualités les plus précieuses et les vertus les plus rares : l'abnégation, la
patience, la charité même, et l'honnêteté scrupuleuse, l'intelligence, la
finesse, des connaissances étendues, une mémoire riche et prompte, - vertus
et qualités dont quelques unes peuvent manquer chez les meilleurs esprits,
mais qui ne se trouvent jamais réunies dans la médiocrité » (Sous l'
invocation de Saint Jérôme).
Je termine en annonçant la création des rubriques : Compte rendu de lecture
qui propose une critique sur des ouvrages liés à l'Indonésie (ici L'ère de
Caïn  de Yann Quero) et Pages retrouvées … inaugurée dans ce numéro 8 par
Yvan Goll. Cette rubrique souhaitant présenter des oeuvres en liaison avec l'
Archipel,  anciennes, introuvables, ou rares, nous avons choisi douze poèmes
extraits de Chansons de Manyana, Jeune fille malaise, d'Yvan Goll. Ces
poèmes  -dont cinq traduits en indonésien avec un naturel élégant (comme s'
ils avaient été composés dans cette langue !) par Chrisvivany Lasut , grâce
à qui… Manyana retrouvera aussi la sienne ! - ont été mis gracieusement à
notre disposition par la Société des amis de la fondation Yvan et Claire
Goll.

Yvan Goll, poète franco-allemand, compagnon des surréalistes, fait partie de
ceux qui avaient besoin d'écrire dans plusieurs langues. A l'instar de Goethe
qui aimait faire des expériences avec la poésie anglaise, ou Eliot qui avec
talent faisait des gammes en français, tout comme Rilke en italien et en
russe. Ainsi, de nombreux poètes sont des traducteurs qui, à travers ce
travail si particulier -une montée lente, parfois pénible du grimpeur avec
l'immense joie de caresser du regard le chemin parcouru du haut de sa
montagne- recherchent une distance, une distraction, une discipline, une
nouvelle expérimentation, ou tout simplement, du repos. Comme si le fait d'
écrire dans une autre langue que la sienne procurait un amusement tel que la
difficulté parfois d'écrire s'en trouve récompensée.

La rubrique Les bonnes feuilles du Banian termine la revue avec un extrait
d'une oeuvre indonésienne inédite, ici un passage de Les Priyayi de Umar
Kayam, traduit par Jean-Marc de Grave

Enfin, à chacune et à chacun, à tous ceux qui font que Le Banian existe, à
tous ceux qui le lisent, à tous ceux qui traduisent opérant ainsi le miracle
de rapprocher nos deux pays,  je formule des voeux très chaleureux de santé,
de bonheur et de réussite. A Pak Joesoef Isak, éditeur et Pak WS Rendra
poète et écrivain, deux grandes figures du monde littéraire qui nous ont
quittés cet été, j'offre ce numéro, puissent-ils voyager en paix tout en
restant dans nos mémoires.

Prix : 8 € (+ frais d'envoi 3,02 euros), 235 pages, à commander par email afi.pasar-malam@wanadoo.fr,  chèque à l'ordre de Pasar
Malam, à envoyer 14 rue du Cardinal Lemoine.
Disponible aussi à la libraire Sudestasie, 17 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.