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Langue et discours

Langue et discours

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Sandina Vasile)

Langue et discours

Constanta (Roumanie) 9 -12mai 2011

L'Association des Chercheurs enLinguistique Française (ACLIF) organise le XVIIIème Séminaire deDidactique Universitaire (SDU) à l'Université « Ovidius » deConstanta (Roumanie) du 9 au 12 mai 2011.

Conférenciersinvités :

Nelly Flaux de l'Université d'Artois

DanièleVan de Velde de l'Université Lille 3

Gérard Dessonsde l'Université Paris 8

Michèle Monte del'Université Lyon 2

Le thème proposé pour l'édition de cetteannée –Langue et discours– est assezlarge. Il reprend une note des manuscrits de Saussure : «La langue n'est créée qu'en vue dudiscours, mais qu'est-ce qui sépare lediscours de la langue, ou qu'est-ce qui, à un certain moment, permet de direque la langue entre en action comme discours?» (Saussure, Note sur le discours (Fonds BPU 1996). Cela permet detravailler à la fois les aspects subjectifs (énonciation), sociaux (formes etschémas hérités), sémiotiques (ordre du signe), syntaxiques et sémantiques(ordre de la phrase), ou encore poétiques (comme signifiance spécifique).

Sujets

Michèle Monte, Université Lumière - Lyon 2

1e conférence: la question de l'énonciation en poésie
La question de l'énonciation a été peu posée en France à propos de la poésie alors qu'elle a alimenté une bonne part des études narratologiques, notamment autour de la distinction narrateur/personnage qui, d'une certaine façon, fait écho à la distinction entre locuteur et énonciateur(s) (selon la terminologie de Ducrot). En Allemagne, la question du je lyrique a été très débattue, mais sans envisager de dédoublement des instances et/ou des points de vue. Je propose pour ma part, comme Jacques Dürrenmatt dans Stylistique de la poésie, de bien distinguer a priori le poète et le locuteur du poème tout en envisageant les cas, nombreux, où ils paraissent se confondre. Je propose également d'accorder la plus grande attention dans les poèmes aux phénomènes citationnels, aux discours rapportés et à l'hétérogénéité énonciative car ils sont significatifs d'une scénographie souvent aussi complexe que l'entrecroisement des voix romanesques. Je considère enfin que la négation et l'interrogation, fréquentes en poésie, sont de bons indices des conflits de points de vue sous-jacents aux poèmes. Pour illustrer ces questions, j'emprunterai mes exemples à plusieurs auteurs du XXe siècle (André Salmon, Saint-John Perse, Philippe Jaccottet, Lorand Gaspar notamment).

2e conférence : énonciation et textualité
J'envisagerai dans cette conférence la façon dont les choix énonciatifs contribuent à structurer un recueil et à en orienter l'interprétation. Je m'appuierai sur des recueils tantôt homogènes de ce point de vue, tantôt hétérogènes, en m'interrogeant sur les effets pragmatiques de ces choix énonciatifs. Ce sera également l'occasion de montrer à quel point ces choix sont faits en parallèle avec ceux qui affectent la structure textuelle, le rythme et le mètre. Je défendrai l'idée que la cohérence de ces divers niveaux de l'analyse textuelle des discours – pour reprendre le terme de Jean-Michel Adam – gagne à être reliée à la question de l'éthos et de la corporalité de la voix poétique. J'envisagerai cependant l'objection qui semble être apportée par des poèmes apparemment sans locuteur. Je m'appuierai pour cette conférence sur des exemples empruntés à Paul Verlaine, Philippe Jaccottet, Jean-Claude Renard, Jean Grosjean, Jacques Roubaud.

Atelier : énonciation, syntaxe et indétermination En m'appuyant d'une part sur la théorie de l'évocation élaborée par Marc Dominicy pour rendre compte de la singularité du régime sémantique en poésie, d'autre part sur des études précises de quelques poèmes d'auteurs contemporains, je proposerai aux participants de confronter leurs lectures et de mettre à l'épreuve la lecture pragmatique que j'aurai défendue dans les conférences. Ce sera l'occasion de travailler sur la syntaxe spécifique de la poésie et de nous interroger sur le type d'actualisation qu'elle met en oeuvre.



Danièle Van de Velde, Université Lille 3
La causalité au niveau lexical

Première séance
Il existe deux conceptions de la causalité : l'une large, selon laquelle la relation causale peut s'instituer non seulement entre deux phrases dénotant des faits (le fait que la température de la planète monte est la cause de l'abaissement du niveau des océans), mais aussi entre deux groupes nominaux dénotant des entités individuelles (l'architecte qui fait une maison est, selon Aristote, la cause de la maison). C'est cette conception large que je mettrai en cause en étudiant la classe des verbes transitifs causatifs de changement d'état physique (abîmer, casser, rénover). Ce sera l'occasion de réexaminer les rôles sémantiques généralement associés à la cause : agent et instrument en particulier, ainsi que les notions de manière et de moyen.

Deuxième séance
On reconnaît généralement deux classes de verbes psychologiques : à expérienceur sujet (aimer), et à expérienceur objet (irriter). Les seconds, qui sont des causatifs de changement d'état psychologique, sont généralement considérés comme non agentifs. Mais dans la perspective que j'adopte et qui est exposée dans la première séance, si un agent, pour être tel, n'a besoin d'être ni intentionnel, ni même humain, on peut soutenir que les verbes psychologiques transitifs à expérienceur objet, impliquant un changement d'état de l'objet (irriter vs s'irriter), ont un sujet agentif, même si ce sujet n'est pratiquement jamais intentionnel. Cependant ces verbes, à la différence des causatifs de changement d'état physique, peuvent avoir pour sujet une phrase ce qui suggérerait une véritable relation causale. J'essaierai de montrer que ce n'est pas le cas, et que le sujet de ces verbes est toujours un agent.


Nelly Flaux, Université d'Artois, Grammatica

Conférence n° 1: « Noms d'idéalités : temps, espace, interprétation »
Je me propose (à la suite de Flaux 2002, Flaux et Van de Velde 2000, Flaux et Stosic (à paraître a, b et c) d'établir l'existence dans le lexique (du français et probablement de nombreuses autres langues) d'une classe de noms appelés « noms d'idéalités ». Et d'en esquisser une sous-classification. Car si la classe des NId est, comme je le montrerai, très étendue, sa complexité est grande ; en effet, les idéalités mettent en cause des activités relevant du langage, de la musique, des arts plastiques et de nombreuses autres activités ou pratiques encore. Ontologiquement très diversifiée, la classe des NId est morphologiquement non homogène, syntaxiquement et sémantiquement aussi ; mais elle présente des caractéristiques formelles communes, faute de quoi elle ne pourrait prétendre au statut de classe linguistique. Et de même pour les sous-classes qu'on peut y distinguer ; du moins est-ce l'hypothèse sur laquelle je travaille : seules sont linguistiquement justifiées les distinctions sémantiques corrélées à des propriétés dites formelles : morphologiques, syntaxiques, éventuellement prosodiques.

J'essaierai donc de montrer qu'il existe une classe --très étendue- de noms dénotant non pas des objets matériels ou des événements, mais des objets d'un type spécial, que Husserl appelait des «idéalités», i.e.des entités pourvues d'une interprétabilité. Certaines sont inscrites dans l'espace, d'autres non mais ont un rapport crucial avec le temps : les idéalités « liées » selon Husserl ; d'autres encore ne sont en rapport ni avec l'espace ni avec le temps : les idéalités « libres ». Après avoir tenté de discerner au sein de la classe des NId « libres » et des NId « liées » les principales sous-classes, je m'efforcerai de préciser la notion d'interprétabilité commune à l'ensemble de la classe, et de déterminer comment cette notion varie ou doit être « modulée », selon qu'on a affaire à une idéalité « liée » de type spatial comme un tableau, ou à une idéalité « liée » de type temporel comme une sonate ou un mot ; ou enfin, à une idéalité « libre » comme un théorème.

Conférence n° 2 : Les noms d'idéalités spatiales.
Parmi les NId dites « liées », deux sous-classes se distinguent d'emblée : les NId « temporelles » mettant en cause le langage (oral ou écrit : mot, discours, roman) ou la musique (sonate, mélodie) ou les deux (chanson, opéra, comédie musicale), et les NId spatiales mettant en cause l'espace : portrait, gravure, tableau, photo (appelés « noms iconiques » par Milner 1982). C'est cette sous-classe que je me propose d'examiner.

Je commencerai par rappeler brièvement que ces deux sous-classes (qui n'épuisent pas l'ensemble de la classe des NId « liées » (vs « libres »)), ont des corrélats formels : propriétés morphologiques et syntaxiques, qui les distinguent des noms d'événements (sonate vs concert), et des noms d'objets matériels (portrait vs feuille blanche). Il arrive qu'un même nom ait les deux acceptions (description dans la description de la pension Vauquer est célèbre vs la description de cette guerre va prendre du temps ; ou encore, par métonymie : cette sonate est magnifique vs laisse la sonate sur la table).

Après avoir précisé, en m'appuyant sur ces propriétés, les principales différences entre NId « temporelles » et NId « spatiales », j'envisagerai la question de l'étendue de la classe des NId spatiales, laquelle, d'emblée, semble moins nombreuse que celle des NId de temps. Puis je mettrai en lumière quelques propriétés distributionnelles particulièrement révélatrices des relations que les NId spatiales entretiennent avec l'espace. Ensuite, je relèverai les principales caractéristiques du comportement des NId spatiales au sein des groupes nominaux complexes ; ce qui me conduira à m'intéresser à leur structure argumentale ou «pseudo» argumentale (le portrait de Marie par Paul). En conclusion, je reviendrai sur l'application de la distinction morpho-sémantique entre NId « primaires » et NId « dérivés » à la classe des NId spatiales.


Gérard DESSONS, Université Paris 8

Conférence 1. Langue, parole, discours:
Il s'agira de réfléchir aux positions de la linguistique et de la poétique à partir des concepts de langue, parole et discours. La linguistique moderne s'est construite à partir du couple langue / parole développé dans le Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure. Mais très vite la notion de discours est apparue comme une nécessité théorique pour penser non seulement les objets de langage «ordinaires», mais aussi (et surtout) ces objets singuliers qu'on appelle les « poèmes » (ou plus généralement la « littérature).

Conférence 2. Le sens et la valeur littéraires:
Traiter ce sujet revient à se poser la question : «comment signifie un poème ?» Jusqu'à la fin du XIXe siècle, on a pu croire qu'il suffisait d'expliquer le sens d'un poème et d'en exprimer, parallèlement, la beauté, pour rendre compte de la qualité littéraire d'un texte poétique. Mais avec l'avènement d'oeuvres « obscures » (Mallarmé, le Surréalisme…), la question du sens perdait sa légitimité scientifique. La notion de valeur (théorisée par Saussure) devenait alors un concept fondamental de l'analyse textuelle.

Conférence 3. Langage ordinaire et langage littéraire, mythe et réalité:
Alors que les Classiques considéraient la poésie comme un langage particulier, avec son lexique, ses codes spécifiques (versification), la littérature moderne et contemporaine, en ne respectant plus les frontières entre langage « ordinaire » et langage « littéraire », a placé cette question au centre de la théorie du langage. En nous appuyant sur des oeuvres littéraires et sur les travaux de linguistes, nous interrogerons la réalité, et la validité d'une telle opposition.

Pour s'inscrire, vous trouverezles informations sur le site de l'association ( www.aclif.org.ro

) : Appel à contribution,fiche d'inscription (onglet « inscription »), sujet des conférences(onglet SDU 2011)