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La vocation au féminin

La vocation au féminin

Publié le par Vincent Ferré (Source : gerald.preher@icl-lille.fr)

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Colloque international : La vocation au féminin -- du 5 au 7 juin 2014 -- Institut Catholique de Lille

Appel à communications

S’adressant à une association de femmes en 1938, Dorothy L. Sayers fit une déclaration marquante : « La seule raison valable pour envisager quelque travail que ce soit est que c’est votre travail et que vous voulez le faire »[1]. Pourtant, comme elle l’indique, à travers le temps, les femmes ont été forcées d’endosser des responsabilités qui ne leur convenaient pas en raison des attentes sociétales définissant leur rôle. Si les porte-drapeaux du mouvement pour les femmes de la fin du XIXe siècle « ont mis l’accent sur l’humanité que partagent les hommes et les femmes »[2] et le droit de chaque individu à déterminer sa destinée, c’était non seulement en réaction contre ceux qui, comme Aristote, ont clamé que toutes les femmes étaient « globalement inutiles »[3] en temps de guerre mais également contre ceux qui, à l’instar de Coventry Patmore les ont glorifiées en les nommant « les anges dans la maison ».

Ce débat sur la vocation des femmes n’est certes pas nouveau. Les textes sacrés juifs acceptent qu’Esther soit « arrivée à la royauté ... pour une occasion comme celle-ci »[4], avec pour mission de sauver son peuple ; Paul Tournier, un penseur Suisse de la fin du XXe siècle qui se considère féministe, estime que toutes les femmes, sans exception, ont « [c]ette [même] mission de […] rétablir la primauté des personnes sur les choses »[5]. Etant donné que les milieux d’activités qu’ils soient professionnels ou privés ont changé de façon radicale ces 150 dernières années, l’équilibre entre les femmes comme individus ou comme genre s’est vu et se voit encore constamment modifié.

L’idée de vocation ou de mission implique également que quelqu’un ou quelque chose – Dieu, la nature, la destinée ou encore le sexe masculin – a créé ou doté la femme, comme individu ou représentante du genre, de capacités pour remplir certaines tâches ou intégrer des sphères d’influence. Toute discussion sur la vocation de la femme se doit donc d’inclure une réflexion plus large sur la notion même de vocation que ce soit dans un contexte professionnel, religieux, politique, racial, biologique ou par la force des choses.

De nombreuses déclarations explicites sur ces sujets sont régulièrement au cœur de débats publiques, de sermons et de discours politiques, qu’ils soient disponibles dans des magazines, des journaux ou sur des blogs. Il serait intéressant de regarder vers les arts, et en particulier la littérature, le cinéma ou encore la chanson populaire d’Helen Reddy à Whitney Houston, car ils constituent quelques-unes des plus profondes et stimulantes explorations du sens que revêt le mot « femme » et donnent à voir la nature de la mission qui revient à chacune mais aussi à toutes celles qui sont femmes. Pour Hélène Cixous, la femme « donne plus ; sans assurance qu’il lui reviendra de ce qu’elle donne un bénéfice même imprévu »[6]. Cixous soulève ici la question de la transmission, un autre élément constitutif de cette mission des femmes qu’il conviendra d’aborder.

Nous attendons des propositions en français ou en anglais traitant des multiples aspects de la vocation des femmes, qu’il s’agisse d’études sur des pionnières du mouvement féministe, des innovatrices ou des créatrices. On traitera de la vocation des femmes en littérature, dans les arts visuels et toute autre manifestation culturelle. Les approches philosophiques, théologiques, sociologiques ne sont pas exclues – tout comme les études sur des femmes qui ont tenté de suivre leur vocation dans des communautés particulières. Simone de Beauvoir écrit dans le Deuxième Sexe qu’en tant que « productrice, active, elle reconquiert sa transcendance ; dans ses projets elle s’affirme concrètement comme sujet »[7]. Dans quelle mesure la femme parvient-elle à affirmer son identité en démontrant qu’elle n’est pas un objet décoratif dans un monde régi par les hommes ?

Envoyez, s’il vous plaît, vos propositions de 300 à 400 mots aux organisateurs (ineke.bockting@neuf.fr, suzanne.bray@icl-lille.fr, gerald.preher@gmail.com ) avant le 30 janvier 2014. Même si la majorité des intervenants seront des chercheurs expérimentés, les propositions des doctorants et étudiants en Master 2 Recherche sont également les bienvenues.

 

Notes:

[1] Dorothy L. Sayers, “Are Women Human ?”, Eerdmans, 2005, p.30.

[2] Maude Royden, “The Woman’s Movement of the Future”, The Making of Women: Oxford Essays in Femininism, London, Victor Gollancz, 1917, p.129.

[3] Aristotle, Politics, Book II, ch.ix.

[4] Esther 4 : 14.

[5] Paul Tournier, La Mission de la Femme, Genève, Delachaux et Niestlé, 1979, p.179.

[6] Hélène Cixous, « Le Rire de la méduse », L’Arc, 1975, p. 54.

[7] Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe vol.2 : L’expérience vécue, Paris : Gallimard, 1949, p.597.

 

Organisateurs: Ineke Bockting (Paris Catholic University), Suzanne Bray (Lille Catholic University), Gérald Préher (Lille Catholic University)

Comité scientifique: Ineke Bockting, Suzanne Bray, Claude Cohen-Safir (Université Paris 8), Susan Donaldson (College of William and Mary, VA), Florentina Jubeaux (Lille Catholic University), Hélène Marquié (Université Paris 8), Carolyn Oulton (Canterbury Christ Church University), Gérald Préher

 

International Conference on Women and Vocation -- 5-7 June 2014 -- Lille Catholic University

Call for papers

Addressing a women’s association in 1938, Dorothy L. Sayers told those present: “The only decent reason for tackling any job is that it is your job, and you want to do it”[1]. Yet, as she acknowledged, throughout the ages women have been obliged to do work for which they were neither fitted nor inclined by societies with certain expectations of their role as a class. If the leaders of the women’s movement in the late 19th century “emphasized … the common humanity of women and men”[2] and the right of each individual to determine his or her own destiny, this was a reaction not only against those who, like Aristotle, had claimed that all women were “wholly useless”[3] in time of war, but equally against those, like Coventry Patmore who glorified them as “the Angel in the House”.

This debate about women’s vocation is hardly new. The Jewish Scriptures accepted that Esther had individually been “called to royal position for such a time as this”[4], with the clear calling to save her people, while the late 20th century Swiss thinker Paul Tournier, who considered himself a feminist, esteemed that all women, without exception, had “the same mission, the reinstatement of the primacy of persons over things”[5]. As professional and other public areas of activity for women have dramatically increased over the last 150 years, this balance between the individual women and the whole of her sex has been and is still being constantly readjusted.

Vocation, or calling, also implies that someone or something, God, Nature, Destiny or even the male sex, has created or fitted women, individually or as a class, for a particular activities or spheres of influence. Any discussion of the vocation of women must include some kind of reflexion on vocation in general, whether this is seen as mainly professional, religious, political, racial, biological or merely the call of random circumstances.

Although explicit pronouncements on these themes have been regularly heard in public debates, sermons and political speeches and read in every kind of essay, journalism or blog, we may also look to the arts, and in particular literature, cinema, and even popular song, from Helen Reddy to Whitney Houston, for some of the most profound or entertaining explorations of what it means to be a woman and the nature of any or every woman’s mission in life. According to Hélène Cixous, “women [give] more, with no assurance that [they] will get back even some unexpected profit from what [they put] out” [6], which introduces the issue of transmission, another element that is central to the idea of vocation.

We are looking for papers, in English or French, on all aspects of this topic. Studies on individual female pioneers and innovators are welcome, as are presentations of women’s vocation in fiction, film and other cultural manifestations. Philosophical, theological, sociological and other theoretical approaches to the question are not excluded, neither are analyses of women’s attempts to follow their vocation in specific societies. Simone de Beauvoir, in The Second Sex, observes that “when she is productive, active, woman [regains] her transcendence; in her projects she concretely affirms her status as subject” [7]. How do women succeed in asserting their identity by showing they are not mere objects in a world driven by men?

Please send proposals of 300 to 400 words to the organisers (ineke.bockting@neuf.fr, suzanne.bray@icl-lille.fr, gerald.preher@gmail.com ) by January 30th 2014. Even if the majority of the papers will be given by experienced scholars, proposals from PhD or Masters students are welcome.

 

Notes:

[1] Dorothy L. Sayers, “Are Women Human ?”, Eerdmans, 2005, p.30.

[2] Maude Royden, “The Woman’s Movement of the Future”, The Making of Women: Oxford Essays in Femininism, London, Victor Gollancz, 1917, p.129.

[3] Aristotle, Politics, Book II, ch.ix.

[4] Esther 4 : 14.

[5] Paul Tournier, The Gift of Feeling (original title La Mission de la femme), London, SCM Press, 1985, p.127.

[6] Hélène Cixous, “The Laugh of the Medusa”, tr. Keith Cohen and Paula Choen, Signs 1.4, Summer 1976, p. 893.

[7] Simone de Beauvoir, The Second Sex, translated and edited by H. M. Parshley, London, Vintage, 1997, p. 689.

 

Organising Committee: Ineke Bockting (Paris Catholic University), Suzanne Bray (Lille Catholic University), Gérald Préher (Lille Catholic University)

Academic Panel: Ineke Bockting, Suzanne Bray, Claude Cohen-Safir (Université Paris 8), Susan Donaldson (College of William and Mary, VA), Florentina Jubeaux (Lille Catholic University), Hélène Marquié (Université Paris 8), Carolyn Oulton (Canterbury Christ Church University), Gérald Préher.