« La Vitrine du libraire. Regards sur la littérature contemporaine »
Journée d’études organisée par Anne Réach-Ngô, Université de Haute-Alsace
Mulhouse, février 2014
Les définitions que l’institution universitaire s’attache à donner de la littérature contemporaine soulignent combien une telle notion s’avère complexe : problèmes de délimitation chronologique, non-pertinence de certains critères littéraires, notamment génériques, pour classer les œuvres, absence de recul pour évaluer leur portée, voire leur valeur, et plus généralement difficulté à circonscrire le champ même de la littérature contemporaine parmi l’abondance des publications qui saturent de nos jours le marché de l’édition.
Face à ces obstacles définitoires, on voudrait examiner ce que la sociologie des pratiques culturelles peut venir apporter à la conception que nous nous faisons de la littérature contemporaine. La contemporanéité impliquant une réception immédiate, il peut être fructueux de s’intéresser à la manière dont ces œuvres trouvent à s’inscrire dans la société et les médias, et en particulier au rôle des intermédiaires dans l’accessibilité des publics à cette littérature. C’est notamment dans cette lignée que s’inscrivent les études d’histoire et de sociologie littéraires qui étudient l’influence des réseaux éditoriaux sur les tendances de la production littéraire.
Le rôle de la librairie dans un tel processus définitoire n’a jusqu’à présent pas été abordé en ces termes. Lieu d’exposition et de valorisation commerciales, l’espace de la librairie, de la petite librairie de quartier à l’espace culturel de l’hypermarché, constitue pourtant un excellent observatoire pour analyser la manière dont les représentations de la « littérature d’aujourd’hui » (D. Viard) participent à sa définition. Déterminé par des contraintes de gestion de l’espace et des stocks, gouverné par des stratégies financières prenant en considération le succès potentiel des œuvres, le choix de l’assortiment et de l’aménagement spatial de la librairie offre un instantané très régulièrement mis à jour de ce qui se vend, et globalement aussi, peut-on supposer, de ce qui se lit, en matière de littérature « ultra-contemporaine ».
La vitrine proprement dite, où se trouvent mis en avant quelques livres choisis, parfois intégrés à une scénographie circonstanciée, de même que l’aménagement intérieur de la librairie, les espaces plus proprement consacrés à l’actualité littéraire, la disposition des livres sur les tables, en facing, à l’entrée de la librairie ou cantonnés en des rayons spécialisés, les lectures et signatures, les coups de cœur, les lettres d’information envoyés pour fidéliser la clientèle sont autant de manières pour le libraire de partager son regard sur la littérature contemporaine. Et en retour, ces manifestations constituent un reflet de l’identité de la librairie, permettant au client de s’y retrouver en terre familière, de s’y reconnaître. Les publications plus largement diffusées, telle Pages, « la revue des libraires », les émissions radiophoniques comme « À livre ouvert » sur France Info, le prix des libraires etc., tendent enfin à promouvoir ce regard, au-delà de l’espace même de la librairie et à faire de la communauté des libraires une instance autorisée à tenir un discours sur la littérature contemporaine.
Modalités
C’est à ce point de vue sur la « littérature au présent », celui que véhicule la « vitrine » du libraire, entendue au sens propre comme au sens figuré, que sera consacrée cette journée d’étude, qui se tiendra à l’université de Haute-Alsace, en février 2014 (date à préciser en septembre 2013), en partenariat avec la formation « Licence professionnelle Métiers du livre », option Librairie. Les propositions de contribution d’une demie-page, assortie d’un titre et d’une présentation bio-bibliographique de leur auteur sont à envoyer à Anne Réach-Ngô avant le 31 mai 2013 à l’adresse suivante : anne.reach-ngo@uha.fr. Les actes de la journée, associés à un ensemble de témoignages intitulé « Paroles de libraires », paraîtront aux éditions Orizons, dans la série « Culture des médias ».