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La ville : identité(s), échanges et territoires esthétiques Amérique latine - Afrique - Asie

La ville : identité(s), échanges et territoires esthétiques Amérique latine - Afrique - Asie

Publié le par Marielle Macé (Source : J.Jones)

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Laville : identité(s), échanges et territoires esthétiques

Amériquelatine - Afrique - Asie

Les 22 et 23 juin 2010

Institut national d'histoirede l'art,

Salle Vasari

Galerie Colbert, 2 rueVivienne, 75002 Paris

Colloqueorganisé par l'association Instead ! enpartenariat avec l'HiCSA (Equipe d'accueil Histoire sociale et culturelle del'art), Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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Centraleou périphérique, capitale ou mégapole, la ville moderne est reconnue pour sondynamisme socioculturel, pour sa position géographique ou pour son importanceau sein d'un ensemble national ou international. Lieu de mémoire, de désir, delangage et d'échange, la ville est également le reflet de l'identité et de ladiversité culturelle de son territoire. Entre fascination et répulsion, elleexerce un sentiment différent chez chacun. De par leur nature visionnaire etgrâce à leurs démarches poétique, heuristique ou métaphysique, l'artiste etl'architecte offrent une image complexe de la ville qui synthétise et amplifiela perception parfois passive qu'en ont ses habitants.

Ouvertà tous les domaines des sciences humaines, ce colloque est consacré aux villesdes pays émergents d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie. Il s'agira deconfronter les regards de l'habitant, de l'artiste et de l'architecte face à laville contemporaine, entendue comme organisme vivant en perpétuelle mutation.Ces trois visions seront mises en perspective afin d'explorer les modalités deconstruction et de déconstruction des identités de l'espace urbain et de seshabitants. Ce processus sera éclairé à partir d'une compréhension de la villecomme matériau, comme laboratoire d'expériences, en insistant sur les notionsd'échanges physiques et culturelles. Ce colloque tentera ainsi d'analyser le territoireurbain comme détonateur de changements et de résistances et de révéler lesdiverses stratégies d'appropriation de l'espace public. Il aura également pourobjet de mettre en évidence les ressemblances et dissemblances que ces villesnouvelles entretiennent avec celles d'Europe ou des Etats-Unis, leur devenir etles enjeux qu'elles soulèvent à l'échelle mondiale dans la lignée desréflexions actuelles sur le Grand Paris.

Àl'initiative du groupe de recherche Instead ! (www.instead-art.org) travaillant sur les paysextra-occidentaux, ce colloque réunira des spécialistes de différents horizonsafin de dresser une cartographie artistique, culturelle et sociale de la villeen Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Lesinterventions s'articuleront autour de l'interaction de plusieurs axes touchantaux relations de la ville entre art et politique, entre histoire et migrationet entre imaginaire et utopie.



Cesthèmes et mots-clés orienteront le colloque :

1- Appropriation et documentation de l'espace urbain: l'image du flâneur et les stratégies artistiques urbaines

Stratégies artistiques urbaines : performances,happenings, événements ou toute autre forme d'actions et d'interventionsd'artistes dans l'espace public des villes

L'image du flâneur, du piéton, du marcheur

2- Imageset représentations de la ville : l'esthétique du paysage urbain

Art et urbanisme : dialogue entre architecte etartiste

Relation entre l'artiste et son environnement

Esthétique du paysage urbain

Utopie

3- Artet politique : la ville, un lieu de mémoire

Art, Histoire, politique

Question de la commande

4- Migration et résistance : la ville et sesprocessus identitaires

Notions de transit, de résistance

Urbanisme et identité culturelle

Mondialisationet urbanisation (centre/périphérie)

ORGANISATEURS
Julie Jones :Doctorante en histoire de la photographie.

ATER.Université Paris I : jjones@instead-art

OliviaSpeer :Doctorante en histoire de l'art contemporain.

Allocatairemoniteur. Université Paris I : ospeer@instead-art.org

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Mardi 22 juin 2010

9h00 :Introduction

1) Appropriationet documentation de l'espace urbain : l'image du flâneur et les stratégiesartistiques urbaines

Modération :Guitemie Maldonado. Maîtrede Conférences. Université Paris I Panthéon-Sorbonne

9h30

Mabel Tapia

Doctoranteen Sciences du Langage, spécialité Arts. EHESS, Paris / Universidad de BuenosAires, Argentine.

Interventions urbaines en Argentine et en Amérique Latine:paradigmes esthétique et politique en action dans l'espace public.

Depuis la fin des années 90, un nombre incontestable de collectifsartistiques s'organisent et agissent dans le paysage d'une décennie marquée, enArgentine, par la mise en place d'une politique néolibérale sauvage. Le travailcollectif est l'une des caractéristique fondamentale de ces groupes qui vonttenter de construire un espace de réflexion et d'action à la fois artistique etpolitique -renouant, par ailleurs, des liens avec des pratiques artistiqueslatino-américaines des années 60 et 70. Même si certains d'entre eux (ce nesera pas le cas de tous) ont un souci particulier de déplacement contextuel descodes et des contenus, l'espace public devient, pour ces collectifs, la sphèred'action privilégiée. Collectifs comme Etcétera..., le GAC(grupo de artecallejero), Por un arte de la resistenciaou le Taller popular de serigrafía,entre autres, vont brouiller les frontières entre activisme et pratiqueartistique. Certains de ces groupes, tel est particulièrement le casd'Etcétera... du GAC, participent activement avec le groupe H.I.J.O.S (Enfantspour l'Identité et la Justice contre l'Oubli et le Silence), à l'organisationdes "Escraches". Les "Escraches" sont des pratiquesconsistant dans l'organisation de performances et d'actions symboliques poursignaler publiquement des tortionnaires de la dictature militaire restésimpunis. C'est ainsi que ces collectifs établissent leur pratiques dansl'occupation et ré-appropriation de l'espace public. Ces collectifs argentinsne sont nullement les seules en Amérique Latine. De groupes comme Mujerescreando en Bolivie, MAM (Mujeres Artistas en Movimento) en Uruguay, SociedadCivil au Perú, pour ne mentionner que quelques uns, inscrivent leur actionsdans la complexité des flux de la ville.

Quelles sont les caractéristiques spécifiques de ces occupations?Comment ces occupations et ré-appropriations re-façonnent nos expériencesphysiques, sociales et politiques? Comment est-ce qu'ils sont activateurs desdiscours et producteurs des savoirs collectifs?

10h10

Alain Alberganti

Docteuren Esthétique, Sciences et Technologie des Arts. Université Paris VIII

De l'art de l'installation à l'espace urbain (Brésil)

L'artde l'installation, sous sa forme immersive, propose une pratique inédite del'espace de l'oeuvre d'art. Pour la première fois, dans l'histoire de l'art, lespectateur se fait visiteur. Il voit et il contemple l'oeuvre d'art « en la marchant ». Alors quel'espace urbain contemporain, héritier de l'extensio cartésienne, est devenu unespace abstrait, l'art de l'installation immersive propose d'expérimenter unespace absolu, en reprenant la terminologie d'Henri Lefebvre. Le corps duvisiteur, par son mouvement, dans et avec l'installation,invente des trajectoires, des immobilités, des hésitations « cheminatoires » etdes rythmes déambulatoires. Sa marche se fait danse. Il se métamorphose enflâneur : l'espace se met à exister d'une vie propre et les lieux sefluidifient en lieux de passage. La Figure du flâneur relie le visiteur d'une installation immersive aupassant de l' «après- ville ». Le flâneur est un urbain dont le corps estimpliqué dans la foule mais dont l'esprit est ailleurs. Il maintient entre luiet le monde une distance esthétique qui en fait un étranger passionné par cequi l'entoure. L'art de l'installation sera considéré comme une initiation à unart de flâner d'un pas attentif et d'une pensée légère. Le dispositif immersifde l'installation induit chez le visiteur des tactiques d'appropriation d'unespace autre qu'il peut exporter dans l'espace urbain abstrait pour lesubvertir. Ces tactiques constituent des ressources de subjectivation quirésistent aux dispositifs d'homogénéisation inhérents à la globalisation. Elles sont desréponses micro-politiques aux fausses questions macro-politiques de plus enplus totalisantes. Elles permettent d'injecter du local dans le global, desuperposer le lieu et l'espacepour construire des lieux de passage habitables, des « espaces-lieux ». A lalumière des pensées pionnières d'Henri Lefebvre et de Michel de Certeau, nousnous proposons de dégager les enjeux esthétiques au croisement de l'art del'installation et de

l'espaceurbain contemporain. Nous les illustrerons par le travail de certainsplasticiens brésiliens tels que Helio Oiticica ou Ernesto Neto.

10h50 Pause

11h20

Erika Thomas

Enseignant-chercheurà la Faculté Libre des Sciences Humaines, Lille. Membre IRACAV Université ParisIII

Rio de Janeiro, Brésil 2000 : Le territoire,l'alliance et le lien dans Minuit de Walter Salles et Daniela Thomas

En1998, la chaîne franco-allemande ARTE demande à dix réalisateurs du monde departiciper au projet cinématographique « 2000 vu par…» en donnant une visionpersonnelle du passage à l'an 2000 et en intégrant, dans la narrationcinématographique, la nuit du 31 décembre. Parmi ces dix films de soixanteminutes diffusés à l'antenne en 1998 et en 2000, les Brésiliens Walter Salleset Daniela Thomas ont réalisé Minuit1 mettanten scène la capitale culturelle brésilienne, Rio de Janeiro avec ce que cetteville, à l'image du basculement vers l'an 2000, suscite de fascination,d'espoir et de peur. Dans ce film, qui raconte l'histoire d'un évadé de prison,d'une jeune femme suicidaire et d'un ami en cavale, Rio de Janeiro se dévoilecomme l'espace-temps révélateur des alliances offensives et défensives, descontrats et des pactes qui se construisent, à l'écran, au travers du parcourstopographique et métaphorique des personnages en présence. La déambulation, lacavale, la traversée des uns et des autres finissent par rendre compte d'unefonction essentielle de la ville : envelopper géographiquement, physiquement etpsychiquement celui qui s'y trouve. Je me propose dans cette communicationd'analyser – au travers de 3 extraits d'une minute - la mégapole brésilienne comme espace fragmenté faisant échoà la construction des personnages issus de cet espace et dont les parcours sontinvestis par des figures élémentaires du déplacement urbain.

12h00

Alberto Bejarano

Doctoranten philosophie. Université Paris VIII

Figures du flâneur dans Sonora (Mexique). Espinoza, unflâneur Infra-réaliste dans « 2666 » de Roberto Bolaño ?

« Sujet »esthétique depuis fort longtemps (voir p.e. le western), la frontière nord duMexique est devenue, depuis ces dernières années, particulièrement« célèbre » pour les assassinats de femmes commis aux alentours deCiudad Juarez. Nous proposons d'étudier cette question à travers une analyse duroman de Roberto Bolaño « 2666 ». Quel est le regard d'un étrangersur le désert et la frontière ? Comment la transformation du paysage« meurtrier » détermine-t-elle la vision d'un flâneur, à l'occasion,le personnage de la première partie du « 2666 », Espinoza, uncritique littéraire ? Il s'agit de penser avec Bolaño, à travers lui, oucomme le remarque Vila-Matas, « voir à partir de (sa) littérature ».Il s'agit de penser avec luile sens de cette nouvelle « flânerie » chez Espinoza. Tout cela, ennous inspirant de la voie suggéré par Rancière : « pour moi, lacritique littéraire ou cinématographique, ce n'est pas une manière d'expliquerou de classer les choses, c'est une manière de les prolonger, de les fairerésonner autrement », (Rancière, « Et tant pis pour les gens fatigués »,p. 482.)

12h40 : Discussion

13h00-14h30 : Pause déjeuner

14h30 :Introduction

2) Images etreprésentations de la ville : l'esthétique du paysage urbain

Modération :Michel Agier. Anthropologue,Directeur d'études, EHESS, Directeur de recherche à l'IRD.

15h00

Gérard Monnier

ProfesseurEmérite Université Paris I

Attendre : piétons & cyclistes; esthétique d'unepratique ordinaire (Chili, Brésil, Chine)

Enm'appuyant sur un corpus de photographies en couleur, de format panoramique, maproposition consiste à montrer que la vision photographique peut dévoiler etfixer une esthétique du groupe qui se constitue, de façon aléatoire, dans lesconditions de l'attente dans l'espace urbain contemporain, sous le double effetde la mobilité et de la densité urbaine. Bien que, d'un point de vue social,les groupes en question soient hétérogènes ou homogènes, selon les lieux et lesmoments, les attitudes corporelles des uns et des autres se rapprochent, ladurée de l'attente fixant des postures de stabilité assez évidentes, quiparticipent à l'esthétique de l'immobilité, dans un contexte scénographique quefavorise le mobilier urbain, et qui rejoint les problématiques du théâtre.

Ense limitant à l'observation de ces figures immobiles dans l'espace de la rue, ondécouvre qu'elles composent, sur une scène virtuelle, un spectacle spontané,involontaire et cependant souvent raffiné. Un spectacle à demi-écrit, informépar le code des espaces publics organisés, où le trottoir devient un podium, oùla mince structure de l'abri-bus fixe un centre, dessine un fond et des côtés.Un spectacle qui prend quelquefois la forme d'une frise hiératique, dont lanoblesse prolonge une tradition artistique séculaire. Ici et maintenant, dansles villes du monde entier et dans leurs banlieues. Des conventions et unrituel alimentent cette création urbaine, disciplinée et consentie. Lequestionnement exprimé sur la durée de l'attente représente une variablesaisissante, dans une gamme qui va de la sérénité à l'inquiétude, et participeà la production du sens de ces compositions en frise qui sont quelquefoisfixées par la prise de vue frontale comme des monuments instantanés.

Chili: Santiago du Chili ; Brésil : Campinas, Sao-Paulo, Rio-de-janeiro,Florianopolis, Juiz de Fora ; Chine : Pékin, Shanghai.

15h40

Benoît Pivert

Maîtrede conférences en allemand. Université Paris XI

Membrede l'Institut des Mondes Anglophone, Germanique et Roman. Université Paris XII

L'immeuble Yacoubian ou Le Caire en miniature

Premierroman de l'Egyptien Alaa Al-Aswani, L'immeuble Yacoubian (2002) a pour décor un immeublecairote art déco construit en 1934 et qui tombe lentement en décrépitude.Vestige de ce que fut la ville, il est aussi le reflet de ce qu'elle estdevenue. En faisant se croiser dans cet immeuble des personnages de tous âgeset de tous milieux sociaux, Al-Aswani offre une image du Caire en miniature,avec ses nostalgiques du Caire d'antan, ses politiciens corrompus, ses pauvresdébrouillards, ses jeunes idéalistes déçus qui se tournent vers l'islamisme,ses homosexuels qui se dissimulent et ses jeunes filles à la vertu compromisepar l'indigence. A travers l'immeuble Yacoubian, la ville peut-être étudiéecomme lieu de mémoire dans lequel se sont gravés l'art, l'histoire et lapolitique. Elle peut être abordée aussi comme confluent de migrations (Abdou lejeune conscrit qui prodigue ses faveurs sexuelles est un saïdi, originaire du Sud de l'Egypteet qui recherche au Caire ses semblables, le Hadj Azzam a débarqué de sacampagne pour commencer comme cireur de chaussures). L'immeuble Yacoubianreflète donc les mouvements de population à l'intérieur de l'Egypte. Il peutêtre vu aussi comme le miroir du présent et des conflits qui agitent la sociétéégyptienne (corruption, montée du fondamentalisme musulman). Nous pourrons enconclusion suggérer des parallèles avec la représentation du Caire dans Lepassage des désirsde Naguib Mahfouz ou la représentation de Tel-Aviv dans Le retour des amoursperdues deYehoshua Kenaz.

16h20 

Diego Arango Lopez

Master2, Mention Territoires, Espaces et Sociétés. EHESS, Paris.

Le Plan de Bogotá, 1947-1951. Lectures et imaginations dela ville.

Unprojet de transformation de la ville est une forme de représentation des idéauxurbains des acteurs qui le produisent. Entre 1947 et 1953 un processus deplanification urbaine qui rassemblait des acteurs internationaux, a eu lieu àBogotá. Dans un premier moment, Le Corbusier a dessiné les plans de la nouvelleville à construire dans la capitale colombienne. En suite, les architectes JoséLuis Sert et Paul Lester Wiener, en collaboration avec Le Corbusier et desspécialistes locaux comme Carlos Arbeláez, devaient mettre en place les dessinsde l'urbaniste franco suisse. Dans ce travail nous proposons une lecture de lamanière dont ce processus de planification a été reçu, à la fois par latradition architecturale et urbanistique colombienne, et par les autorités dela ville. Or, même si le plan n'a pas été construit, toute une série dessources nous montrent qu'un processus de représentation sociale s'est mis enmarche avec une grande force en produisant des conséquences réelles dans legouvernement de la ville. Ce processus de représentation commence avant que leplan même existe. Les conférences faites à Bogotá, ainsi que la profusiond'articles dans la presse généraliste et dans la revue spécialisée : Proa, ont joué un rôle dans la préparation pour la réception duproduit final, le Plan de Bogotá.

Malgréla grande quantité de sources et l'importance de ce plan pour l'historiographieurbaine ce plan a été peu étudié. D'ailleurs, une configuration internationaleavec des idées parfois divergentes, comme celle qui a eu lieu à Bogotá, montreune manière d'imaginer la ville très intéressante pour comprendre l'histoire dela ville de Bogotá et l'histoire des idées de l'urbanisme dans le monde. Il nes'agit pas seulement de interpréter la manière dont un architecte a lu etimaginé une ville, mais de comprendre la convergence, dans un projet concret,des lectures des acteurs avec des notions différentes sur ce qui était et cequi devait être la ville capitale de la Colombie.

17h00 : Discussion et bilan de la journée


Mercredi 23 juin 2010

10h : Introduction

3 ) Art et politique : la ville, un lieu de mémoire

Modération :Claude Massu

Professeuren Histoire de l'architecture contemporaine. Université Paris IPanthéon-Sorbonne

10h30

Hiromi Matsugi

Doctorante. Ecole doctorale esthétique, sciences ettechnologies des arts. Université Paris VIII

Hiroshima, projet du parc mémorial de la Paix(1949­1955)

L'intervention portera sur l'originalité et l'importancehistorique du parc mémorial de la Paix de Hiroshima, projet de constructionmené par l'architecte japonais Kenzo Tange (1913­2005) et assisté par lesculpteur américain Isamu Noguchi (1904­1988). Dans l'immédiat après­guerre duJapon sous l'Occupation américaine, il a été décidé de construire un parcmémorial sur l'île située au centre ville de Hiroshima, à côté de laquelle labomb atomique avait explosé. Tange gagne la compétition, et propose à Noguchi,métis et figure emblématique de la réconciliation américano­japonaise, decollaborer sur quelques endroits stratégiques du site : les deux ponts et lemonument dédié aux morts. Autant la ville de Hiroshima est dépourvue de repèreshistoriques substantiels, à cause de la table rase la plus complète possible,autant elle est riche de symbolisme d'urbain moderne. L'analyse du projet duparc montrera que cette richesse est dûe, au moins en partie, au travail de cesartistes dont le vocabulaire formel universel tend à trouver son applicationlocale adaptée à ce lieu unique au monde. Ainsi, l'inspiration lecorbusiennechez Tange sert à monumentaliser le site, avec jeu de regards complexe.Noguchi, quant à lui, exploite ses répertoires formels d'avant­garde pourrendre l'espace public théâtral et significatif, lorsqu'un visiteur entre danscet endroit. Les deux artistes sont bien conscients que leur monumentcommémoratif est non seulement pour les victimes, mais surtout pour les survivantset pour la génération du future. Ce projet permet également d'interroger surdes questions telles que l'impact des circonstances politiques sur l'artpublic, l'interaction entre la politique locale, nationale et internationale,et le rapport entre l'architecte et le sculpteur. Une analyse approfondieportera sur le changement du climat politique anti­américain vers 1952, lemoment où le monument de Noguchi est brutalement annulé et est repris par Tangesous une autre forme. Elle montrera la complexité dans laquelle se configureune identité culturelle nationale dans un lieu concret.

11h10

Maureen Murphy

Docteur en histoire de l'art. Université Paris I

Chargée de mission pour les expositions et les collections d'artdu XIXe et du XXe siècle à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration àParis

Art, mémoire et politique àDakar

En 2004 était inaugurée à Dakar une sculptureproche, dans sa facture, de l'art colonial des années 1930 représentant unsoldat français aux côtés d'un tirailleur sénégalais. La main sur l'épaule dece dernier, le soldat semble guider le tirailleur avec une bienveillance nondénuée de paternalisme. Quatre ans plus tard, à quelques rues de là, un artisteréalisait une peinture murale évoquant le massacre de tirailleurs africainsperpétré par des militaires français au camp de Thiaroye, en 1944. Intitulée« Thiaroye 44, une histoire inoubliable », cette peinture signée« Christophe Colomb » répondait avec violence au monument public, enrappelant un des événements sanglants de l'histoire liant le Sénégal à laFrance. Contradictoires dans leur portée symbolique, relevant pour l'une d'ungeste public, pour l'autre d'une expression individuelle, ces deux oeuvres sontà l'image de la capitale sénégalaise : pleines de contradictions, oscillantentre la volonté de faire table rase du passé et le désir de mémoire.Aujourd'hui, à l'heure où différents événements culturels sont organisés enFrance comme en Afrique pour commémorer les cinquante ans des Indépendances,une sculpture suscite la polémique. Il s'agit d'une oeuvre conçue par lePrésident sénégalais, intitulée « Le Monument de la Renaissanceafricaine », réalisée en Corée du Nord et dont l'inauguration est prévuepour le mois d'avril 2010. Cette sculpture de cinquante mètres de haut s'inscritdans la volonté du Président de renouer avec le panafricanisme de Léopold SédarSenghor, tandis que se prépare le troisième Festival mondial des artsnègres. En s'inspirant d'étudesrécentes menées à Dakar, cette intervention tentera d'évoquer la complexité dela situation contemporaine dakaroise en croisant une analyse de lapolitique culturelle sénégalaise en matière de monuments publics avec celle desinterventions d'artistes dans la ville ainsi que les réactions éventuelles dupublic local.

11h50 

Françoise Dasques

Docteuren histoire-histoire de l'art. EHESS, Paris

Chercheuseassociée au CEMCA, Mexico, Mexique

Mexico, capitale haussmanienne ?

Pourcomprendre l'urbanisme de Mexico, il faut oublier Paris. Comme les capitales du XIXe siècle, laville aura été soumise au modèle urbain cosmopolite, établi entre Londres etParis, dont elle ralliera quelques prescriptions réglementaires, mais sansrelever de ses schémas d'organisation. La force des modèles et desreprésentations explique le devenir "diagonal" de la trace, résolucomme dans nombre de villes américaines par superposition d'un maillage obliquesur la trame en damier. Les discours se chargent de "colmater lesdiscrépances" entre le désir d'une ville aérodynamique et la réalitéorthonormée, que formalisent les permanences coloniales. Le reste est affairede négociations. On voit dans les plans combiner les logiques orthogonales dessystèmes traditionnels aux schèmes obliques de la nouvelle architecture, pourdes réalisations vues nulle part ailleurs. Les architectures angulairesdéclamatoires, notamment les dépliements en accordéon particulièrement estimés,participent des nouvelles prises de vue urbaines et contribuent à fixerl'étiquette scénographique des quartiers neufs, agencés autour de ronds-pointsou glorietas qu'ilfaut bien circonscrire. Pour conjurer ces simulations, on aura tenté d'accuserles perspectives par la photographie, projetant le scénario d'une villeprofilée que rien dans la réalitédes faits ne viendrait cautionner. La planimétrie urbaine restera inapte à fournir aux architectures lesopportunités de "points de vue" qui participent des embellissementshaussmanniens. À l'École des beaux-arts, ancienne Académie de San Carlos deNouvelle Espagne, dirigée par Antonio Rivas Mercado (1903-1912), un ancienélève de l'EBAP, les nouveauxmodes de composition stimulent les cogitations estudiantines, tandis que lesarchitectes se plient aux lois du terrain. On débusquerait en suivant dans lesderniers temps du Siècle de l'Indépendance, notamment sous le Porfiriat (régimelibéral-autoritaire de Porfirio Diaz, 1877-1910) les rémanences de la sociétéancienne sous les affectations de modernité, de l'architectonique au politique.

12h30 : Discussion

13h-14h30 : Pause déjeuner

14h30 :Introduction

3) Migration etrésistance : la ville et ses processus identitaires

Modération :Olivia Speer. Allocatairemoniteur. UniversitéParis I Panthéon-Sorbonne

Julie Jones. ATER. Université Paris I Panthéon Sorbonne

15h00

Pascale Nirina Ratovonony

Doctoranteen Histoire de l'art contemporain. Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm /Université Paris I

Ville destructrice, ville créatrice : l'exemple desMaîtres fous (Jean Rouch, 1955)

Lagrande ville naît en Afrique au cours des années 1950, alors que se fissure lasituation coloniale. Cette émergence ne pose pas la question de la rencontreentre « tradition » et « modernité », mais des réactionssuscitées, au sein des sociétés africaines, par la greffe brutale d'un corpsétranger : la ville moderne est en effet une création solidaire du projetcolonial, et son implantation accélérée provoque, comme le note GeorgesBalandier en 1957, des effets de collision des espaces spatio-temporels et unsentiment d'aliénation généralisé qui se manifeste par l'émergence de religionsnouvelles, signes de l'ambiguïté qui frappe désormais toute la culture. LesMaîtres Fous,film documentaire réalisé en 1955 par Jean Rouch, est ainsi un tableau desconséquences culturelles du mouvement massif qui fait passer les hommes« du silence des savanes au vacarme assourdissant des villes ». Ilprésente une cérémonie de possession de la secte des Haoukas dont les membres,des Songhay du Niger, ont un emploi saisonnier à Accra. D'une grande violence,cette cérémonie fait intervenir des « dieux nouveaux », instances dupouvoir moderne tels que le conducteur de locomotive, ainsi que des éléments dupaysage urbain. Les images des corps écumants, de la consommation d'un chien,sont renforcées par le choix du montage faisant alterner les images du rituelet celles de la vie quotidienne à Accra. Le culte des Haoukas est le miroir dela vie urbaine : loin de toute utopie civilisatrice, la ville apparaîtcomme le lieu de la sauvagerie ultime. Au-delà de la critique du systèmecolonial, le film donne chair à la notion d'acculturation qui prend la formed'une appropriation des dynamiques urbaines. La concession hébergeant le rituelen est la scène, mais c'est le corps des possédés qui sert de creuset à unenouvelle identité culturelle, voire, comme le pressent Michel Leiris dans unessai de 1958, à une redéfinition esthétique.

Que crée et que détruit la villequi se reflète dans les Maîtres fous ?

15h40

Isabelle Lausent-Herra 

Chercheur CNRS, laboratoire CREDAL (Centre de Recherche et deDocumentation sur l'Amérique latine).

Les quartiers chinois n'ont pas tous la même mémoireni la même histoire : le casde La Havane et de Lima.

L'importanteimmigration chinoise qui a permis à Cuba et au Pérou de devenir au XIXème lesplus gros producteurs de sucre des Amériques a laissé ses traces non seulementdans le métissage mais aussi dans leur capitale respective, La Havane et Lima. Dans ces deux villescoloniales, le quartier chinois, enclave bouillonnante avec ses commerces, sesassociations et ses temples devient également au début du XXème siècle un lieu de récréation etd'inspiration pour les artistes, aussi peut-on dire que l'histoire de cesquartiers chinois est intimement liée à celle de leur pays. Après s'être longtemps ressemblé, ils ont aujourd'huiun destin très différent. A La Havane, après que les descendants de Chinoissoient parvenus en obtenant une certaine autonomie à redonner vie à leurquartier, à réveiller son identité culturelle et à l'intégrer dans un projettouristique, l'Historien de la Ville a pris le contrôle de cetteexpérience réussie afin de mieuxl'encadrer. Non dénuée de caractère politique cette décision a permis, grâce àdes investissements municipaux, de restaurer l'architecture du quartier.Reconnue patrimoine de l'humanité, la ville de Lima n'a pas fait le mêmechoix ; le quartier chinois n'est pas intégrable dans son projet de réhabilitation de la ville historique. Eneffet, les autorités municipalesne lui reconnaissent qu'une fonction commerciale et ignorent volontairement saplace historique et le patrimoine culturel qu'il abrite. Cette position estpartagée par les nouveaux migrants pour lesquels le quartier chinois ne fait nipartie de leur histoire ni ne représente leur identité (groupe dialectaldifférent des primo-arrivants). Quant aux sino-péruviens pour lesquels cequartier est un lieu de mémoire, ils laissent temples et associations se dégrader. Dans le cas de La Havanela décision de faire revivre le quartier chinois répondait d'abord à lanécessité de rappeler une différence et de l'utiliser afin de «  mieuxvivre » en obtenant certains privilèges. Dans le cas du Pérou la situationétait différente. Le quartier chinois du fait de sa constante activité commercialea survécu à toutes les crises politiques et économiques. Cependant, depuis lesannées 1980, on a assisté à l'effacement de la fonction culturelle et identitaire de ce quartier, ceci dansl'indifférence de la communauté chinoise. Quel avenir auront ces deux quartierschinois ? Celui de La Havane a déjà réussi sa « résurrection »mais il est « artificiellement chinois tant les Chinois d'origine sont peunombreux. Celui de Lima, recolonisé par les nouveaux migrants a t-il encore un avenir ? Dans cesdeux cas le quartier chinois est-il encore réellement une enclave identitaireou simplement un quartier à haut rendement commerciale ?

16h00 : Pause

16h20

Nicolas DOUAY

Maître de conférences en urbanisme. UniversitéParis VII

Ancien post-doctorant du Centre d'études françaissur la Chine contemporaine (CEFC) - Hong Kong

Antoine Duhamel

Photographe, spécialisé en architecture eturbanisme

Territoiresphilippins : Relégation et appropriation dans les espaces publicshongkongais

Cette proposition de communication croise le regard d'un urbaniste etd'un photographe et vise à mettre en avant la présence des immigrants d'originephilippine dans l'espace public hongkongais. Alors que l'ancienne coloniebritannique a toujours su profiter d'une situation de carrefour, elle apparaîtmaintenant comme une des grandes métropoles asiatiques. À cet égard, sadynamique sociale s'inscrit dans les logiques d'une global-city (Sassen, 1991) avec une forte polarisation sociale et uneintensification des phénomènes migratoires. Les expatriés qui travaillent dansla finance ou dans la logistique voisinent donc avec une immigration pluspopulaire et plus souvent d'origine asiatique, notamment avec la communautéphilippine majoritairement féminine. L'exiguïté du territoire hongkongais, avecdes logements de taille souvent modeste et des espaces publics plutôt rares,contribue alors à une mise en scène particulière de cette communauté avec laconstitution d'éphémères territoires philippins. Ainsi, le dimanche quiconstitue souvent le seul jour de congé des travailleurs les plus modestesdonne l'occasion à des rassemblements d'importance. Des dizaines de milliers dejeunes Philippines, employées souvent comme domestiques, se rencontrent dans lecentre ville (la plus grande concentration étant à Central). Généralement assises par terre, sur des cartons ou des bâches, àl'abri du soleil, la communauté philippine s'approprie ce territoire en ydéveloppant différentes formes de sociabilité : on mange, on joue auxcartes, on bavarde (en tagalog), on lit le journal, on se fait manucurer, ontéléphone au pays, on danse, on regarde un DVD, on dort,…Cette transformationde l'espace fait partie de l'identité hongkongaise, ajoutant aux symboles del'héritage britannique et du retour à la Chine, une touche multiculturel global. Cet événement dominical est même mentionné dans la plupart des guidestouristiques afin de bien saisir l'esprit contemporain de la ville. Cesterritoires philippins renvoient d'une part aux phénomènes de ségrégationsociale d'une communauté immigrante et à sa relégation dans un espaceparticulier, illustrant ainsi une partie de la violence symbolique et réelleque l'on peut associer à la globalisation de l'économie et à la métropolisationdes territoires. D'autre part, cette transformation de l'espace révèle uneappropriation et une transformation de l'espace qui participe à l'affirmationsociale et politique de cette communauté illustrant ainsi l'évolution des modesde régulation publique à Hong Kong.

17h00

Charles Joseph

Allocataire-moniteur.Université du Maine.

Los Angeles : Regards croisés sur la ville où laconstruction d'une identité extraordinaire.

Véritableplaque tournante du Sud des Etats-Unis, la ville de Los Angeles se trouve à uncarrefour entre l'Amérique du Sud et le Pacifique. Cette porte d'entrée versl'Amérique du Nord n'est cependant pas restée hermétique à ces flux migratoireset à ses passagers, clandestins ou non. Dotée d'un héritage hors du commun depar son histoire et sa construction, la ville de Los Angeles était presqueprédestinée à une politique identitaire de la pluralité. L'image construitetout au long de son développement incita également de nombreux artistes à s'yinstaller, en faisant ainsi une véritable capitale de l'art de la côte Ouest desEtats-Unis, drainant vers elle une multitude d'artistes des Amériques du Sud,des archipels du Pacifique ou de l'Asie. Les communautés noires occupentégalement une place prépondérante au sein de la cité, et elles ont su, au fildes années, faire évoluer le paysage urbain en laissant une marque indélébilesur l'asphalte des rues angelenas.

Sides mots politiquement corrects et très à la mode comme« multiculturalisme » ou « pluralisme ethnique » sontdevenus ordinaires lorsque l'on aborde la ville de Los Angeles en particulier,il est cependant rarement noté et expliqué que c'est cette position auxconfluents des Amériques et de l'Asie qui lui confère une identité radicalementdifférente de la ville américaine telle que nous la connaissons ou l'imaginons.Ce sont ces hommes et ces femmes, ces artistes venus d'ailleurs, qui se sontimprégnés et ont imprégnés la ville de leurs identités, insufflant auterritoire angeleno une dynamique différente, nouvelle, faisant de cette régionune bizarrerie urbaine fascinante et foisonnante. Cette particularité de lamégalopole fut largement exploitée par des artistes du monde entier, donnantainsi à voir une ville façonnée par des groupes ethniques s'étant appropriés unterritoire et le faisant évoluer vers une identité plurielle, mais une identitépropre et qui leur appartient. Nous verrons que ces mécanismes d'appropriationdu territoire sont souvent, voire toujours, passés par l'expression artistique,permettant à chacun d'apporter sa pierre à l'édifice vers l'élaboration d'uneidentité urbaine hors-normes.

17h40 :Discussion et bilan de la journée

18h00 :Pot de clôture