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La Trace, L’Aura : Einstein on the Beach – 1976. L'enquête de la revue Agôn

La Trace, L’Aura : Einstein on the Beach – 1976. L'enquête de la revue Agôn

Publié le par Laure Depretto (Source : Barbara Métais-Chastanier)

 

« Si l’on entend par aura d’un objet soumis à l’intuition l’ensemble des images qui, surgies de la mémoire involontaire, tendent à se grouper autour de lui, l’aura correspond, en cette sorte d’objet, à l’expérience même que l’exercice sédimente autour d’un objet d’usage » (Walter Benjamin, « Sur quelques thèmes baudelairiens », Oeuvres III, Folio, p. 378)

 

A l’occasion de la première mondiale de la reprise d’Einstein on the Beach de Bob Wilson qui aura lieu à l’Opéra-Orchestre national de Montpellier en mars 2012, la revue Agôn a décidé de relancer la machine des « Mémoires du spectateur » par le biais de ce seul spectacle. Cette enquête, conduite sous la direction de Barbara Métais-Chastanier (ENS de Lyon - Montpellier III) et Edwige Perrot (UQAM/Paris III – Montpellier III) donnera lieu à une publication en février 2012 sur le site de la revue Agôn.

Manière d’éprouver par l’intermédiaire d’une autre mémoire, par l’entremise d’autres souvenirs et d’autres perceptions l’expérience de la reprise, nous souhaitons recueillir des textes-souvenirs, des lignes de mémoire, qui auraient pour assise la mise en scène d’Einstein on the Beach de Bob Wilson en 1976 en Avignon.  

La constellation de cette matière trouée permettra peut-être de faire se lever quelque chose qui serait comme une image – le spectre ? – de cette première fois. Ces textes, comme autant de preuves du travail du temps à l’oeuvre dans les corps, qu’ils soient sur scène ou en face d’elle, seraient bien évidemment libres de ton et de format, agrémentés de bribes, de strates, d’anecdotes, de commentaires, de brouillons, de descriptions, de schémas ou de caprices, agencés selon l’exigence que leur impose le souvenir : procès-verbal, arpentage géographique des lieux qu’a laissé la mémoire, récit des assoupissements et des absences, parcours mental, fragments et charpie, gravitation autour d’une image ou d’un motif à la présence térébrante, etc.

Nous espérons ainsi parvenir, par le biais de cette enquête, à dessiner une cartographie sensible des traces, des ruines et des persistances, retrouvant peut-être par-là même cette étrange épaisseur que confère l’aura : celle qui a fait de l’oeuvre un événement, celle qui à l’époque l’a hissée à la hauteur d’un appel destiné à être, aujourd’hui encore, reçu, entendu et répété. Si ce qui retient (et ce qui est retenu) est ce qui fait insistance, alors c’est le témoignage de cette insistance que nous cherchons à recueillir par le biais de cette enquête. Non pas pour momifier et pétrifier dans une image ce qui devrait rester de cette première fois, encore moins pour tenter d’établir un partage entre bons et mauvais souvenirs, mais pour faire jouer au sein de cet espace le libre retour des voix de ceux qui se sont tus, pour mesurer par l’écart ce qui se tient et ce qui s’effondre, ce qui a eu lieu et ce qui ne pourra pas dans la répétition elle-même faire réellement retour. L’expérience du temps restituée dans le dépôt dilué et diffus du temps de l’expérience.

Vous pouvez nous envoyer vos textes, brefs ou plus déliés, avant le 15 janvier 2012. Ils permettront de donner forme à un premier recueil de traces au sein de la revue Agôn.

Merci d’envoyer vos propositions au plus tard le 15 janvier 2012 à l’adresse suivante : einsteinonthebeach.agon@gmail.com