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La temporalité dans les épopées : structuration, fonctions et modes d’expression (Réseau Euro-Africain de Recherches sur les Epopées)

La temporalité dans les épopées : structuration, fonctions et modes d’expression (Réseau Euro-Africain de Recherches sur les Epopées)

Publié le par Marc Escola (Source : Président du REARE)

VIIe Congrès international du Réseau Euro-Africain de recherches sur les Épopées (REARE)

Paris, 22-23 septembre 2016

La temporalité dans les épopées : structuration, fonctions et modes d’expression

On sait depuis Ricœur que le récit est une manière de répondre à l’aporie du temps en l’enfermant dans la narration. Mais le récit épique complexifie cette relation dans la mesure où il réintroduit la narration dans le temps, et cela à trois niveaux :

 

  • d’une part, parce que l’épopée se donne pour discours de vérité sur le passé, elle situe ce qu’elle raconte dans la durée historique, quitte à s’y insérer d’une manière profondément différente de celle qu’emprunte le récit historiographique : que l’on compare à cet égard l’expédition de Charlemagne à Saragosse telle qu’elle est rapportée dans la Vita Caroli d’Eginhard et dans la Chanson de Roland ;

  • d’autre part la performance épique a lieu elle aussi dans le temps et implique par conséquent une relation particulière entre le temps historique dans lequel se sont déroulés les exploits qu’elle célèbre et l’événement chronologiquement situé en quoi consiste la récitation/le chant par l’aède/griot/jongleur en présence de son public (que cette performance ait réellement lieu ou qu’elle soit impliquée dans le discours épique lui-même par les indices énonciatifs d’une performance fictive/possible) : c’est ce que suggère l’emploi de la première personne du présent par Virgile au premier vers de l’Énéide, qui pose la distance entre le Ier siècle avant J.-C., temps du poète, et les lointaines origines de Rome – ce que Madelénat appelle le temps de l’épogénèse ;

  • enfin, l’épopée étant le plus souvent de tradition orale, sa tradition à son tour se trouve nécessairement affectée par le temps, de sorte que la même épopée, selon les époques, mais aussi par conséquent selon les lieux et les interprètes, pourra connaître des variations considérables, comme par exemple on le constate avec les traditions concernant la figure de Samba Guéladio selon qu’on les recueille dans le Fuuta Toro (Sénégal) ou dans le Fuuta Djalon (Guinée).

     

    La question de la temporalité se pose par conséquent au double plan de la poétique et de l’anthropologie.

    Au plan de la poétique, il conviendra d’examiner ce qui relève du rythme et de l’ordre de la narration, avec tous les procédés de ralentissement, d’accélération, de rétrospection, d’anticipation, de parallélisme ou encore de contrepoint entre les différents fils d’une narration plurilinéaire, procédés communs à tous les récits (cf. Genette, Discours du récit), mais dont il convient d’examiner comment ils sont exploités dans les diverses traditions épiques.

    Au plan anthropologique, il s’agira d’étudier les conditions d’inscription de la matière épique dans la conception du temps (temps linéaire, temps cyclique) et l’histoire propre de chaque culture, et le rapport entretenu par une collectivité avec cette histoire à travers la formalisation donnée à celle-ci par le récit épique.

    Ces différentes temporalités ne sont pas indépendantes les unes des autres, et l’un des enjeux de notre congrès sera de réfléchir aussi sur leur articulation.

     

    Telles sont les questions que nous souhaiterions aborder, dans une perspective résolument comparative et interculturelle, lors de cette rencontre, qui se tiendra à Paris et sera organisée conjointement par l’Université de la Sorbonne nouvelle – Paris 3, l’Université Paris-Sorbonne – Paris 4 et l’Inalco les 22 et 23 septembre 2016 vec la participation du centre de recherches « Textes et Cultures » de l’Université d’Artois.

    Afin de l’organiser dans les meilleures conditions, nous souhaiterions recevoir les propositions de participation, sous la forme d’un résumé d’une quinzaine de lignes accompagné d’un bref CV, avant le 31 mars 2015 à l’adresse suivante : jplj.martin@orange.fr. Les communications seront de 25-30 mn. Une publication est prévue, a priori en ligne.

    Les repas de midi des 22 et 23 septembre seront offerts ; les frais d’hébergement et de déplacement restent à la charge des participants ou de leur centre de recherche.

     

    Le montant des droits d’inscription, désormais exigés par toutes les Universités, sera indiqué ultérieurement.

     

    Comité d’organisation : Ursula Baumgardt (INALCO/LLACAN), Romuald Fonkoua (Paris-Sorbonne), Claudine Le Blanc (Sorbonne nouvelle), Jean-Pierre Martin (président du REARE, Université d'Artois)