Questions de société

"La Sorbonne est aussi une marque", par P. Assouline.

Publié le par Marc Escola

Sur le blog salutaire de Pierre Assouline, La République des livres, on peut lire sous ce titre un billet consacré à nos grandes institutions culturelles que le désengagement de l'État contraint à se comporter comme des marques commerciales : "Si elles veulent exister et tenir leur rang, elles doivent désormais être présentées et exportées comme telles. Il n'y a (presque) plus de honte à être une marque, c'est-à-dire un dire un signe constitué d'un logotype, d'une typographie, d'un graphisme, d'un nom, d'une signature et de cet immatériel qui fait la différence, l'image de marque."

"[…] les institutions culturelles sont engagées à négocier leur savoir-faire à l'instar du Louvre cité comme une expérience-modèle. Jean-Robert Pitte, le président de Paris IV, était déjà dans cette voie lorsqu'il exporta peu avant une réplique de la Sorbonne à Abu Dhabi, avec quelques menues différences : 170 élèves au lieu de 26 000, 6000 euros le semestre au lieu de 160, des professeurs français expatriés bien mieux payés qu'à Paris, pas de grèves…

Il s'agit certes d'humanités sous un label légendaire. Mais les savoir-faire de Normale sup, de l'Ecole Centrale et du lycée Louis-le-Grand, autres marques prestigieuses, ont été pareillement sollicités par le plus culturel des émirats. Quant à Jean-Robert Pitte, que son indépendance d'esprit autorise à se muer en haut représentant de commerce, en attendant d'implanter la Sorbonne en Asie et aux Etats-Unis, il a vendu un programme d'études master (droit, psychologie, relations internationales, communication) à la Grèce.

Son activisme hors les murs ne l'empêche pas dans le même temps de réclamer à son ministère de tutelle le statut de grand établissement (type Dauphine) avec les privilèges y afférent (sélection des élèves, augmentation des frais d'inscription, autonomie, réhabilitation des locaux) afin de relever le niveau, pour qu'on cesse de dire que de si bons professeurs ne méritent pas de si médiocres étudiants. On en arrive ainsi à cet étrange paradoxe : la réussite de sa prestigieuse université à l'étranger est inversement proportionnelle à sa croissance à Paris. Il serait temps de vendre la marque « Sorbonne » à la France !"

Lire ici l'intrégalité de l'article…

*  *  *

Fabula invite les curieux comme les jaloux à faire un tour sur le site officiel de Paris-Sorbonne à Abu Dhabi (désormais PSUAD), "un pont entre les civilisations" :

"Bienvenue sur le premier campus de l'Université Paris-Sorbonne à ouvrir hors de France. Vous allez découvrir notre nouvelle Université qui associe au haut niveau d'enseignement de Paris-Sorbonne les avantages exceptionnels d'Abu Dhabi…"

Les programmes et les tarifs, tout y est : vous pouvez même télécharger l'emploi du temps.