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La simplicité, une notion complexe?

La simplicité, une notion complexe?

Publié le par Marielle Macé (Source : Patricia Lojkine)

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La simplicité, une notion complexe ?

(littérature générale et littérature pour la jeunesse)

Journées scientifiques de Juin, 3eédition

Université du Maine

Jeudi 16 et vendredi 17 juin 2011

Composition du comité d'organisation :

Patricia Lojkine (PR lettres), Nathalie Prince (MCF littératurecomparée), Brigitte Ouvry-Vial (PR lettres), U. Maine

Composition du comité scientifique :

Le comité d'organisation ainsi que : Catherine Sellenet (PRPsychologie, U. Angers) et Hope Glidden (PR Langue et littérature française,Syracuse University, New York State, E.U., professeur invitée à l'U. Maine2010-11).

Équipes ou structuresimpliquées : Labo3L.AM (Université du Maine, dir. Franck Laurent) ; ANR Hermès(Histoires et théories del'interprétation, Programme blanc piloté par l'U. Denis Diderot,Paris VII, 2009-2012, dir. Françoise Lavocat) ; Région Pays de laLoire, CPER 10 LLSHS, action Enfance(dir. Catherine Sellenet).

La notion de simplicité connaît des emplois en linguistiqueet en littérature, et est même utilisée par les scientifiques. En littérature,elle ne renvoie pas uniquement à un fait littéraire, mais à un idéal où secroisent une dimension esthétique et une dimension axiologique.

C'était l'idéalpédagogique d'Erasme. C'est aussi l'idéal qu'illustre de manière exemplaire,mais non exclusive, le goût classique. La notion est propre à réconcilierAnciens (Boileau) et Modernes (Perrault), culture aristocratique mondaine etculture non lettrée, mais elle a aussi des résurgences modernes, avec leclassicisme des Romantiques dégagé par M. Bury, et dont les ramificationsvont jusqu'à la littérature contemporaine. La notion renvoie dès l'époqueclassique à une « posture d'enfance », avec Perrault demandant à« Mademoiselle » d'excuser « la simplicité de ces récits »indignes d'une personne de sa condition, et Mme d'Aulnoy évoquant, par le biaisd'un de ses personnages, le « caractère si naïf et si enfantin » decontes qu'on aurait tort de mépriser pour autant : car « je ne laissepas d'être persuadée qu'il y a de l'art dans cette sorte de simplicité ». La« naïve simplicité » d'histoires empruntées à des gens simples etprétendument destinées à des enfants peut ainsi prétendre à l'art et voudraittoucher une large audience, voire atteindre l'universalité.

Dans le cadre d'uneréflexion consacrée à l'histoire de l'interprétation (ANR Hermès), on sedemandera ce que recouvre l'art de la simplicité, hier comme aujourd'hui.Renvoie-t-il à un style : épuré, voire minimaliste, austère ? à laquête de « l'exactitude foncière de l'expression » (RaymondCarver) ? Renvoie-t-il plutôtà un ensemble de choix littéraires et à un horizon d'attente ? à un effetde réception ? à un mode de création ? à un ethos personnel ? Quelles variations de sens sefont-elles jour selon que la notion est appliquée à une forme d'expressionartistique ou à une autre – plastique par exemple ? Dans le discourscritique, à quelles notions cet idéal est-il associé (le naturel ? ledépouillement ?) ou opposé (le bel esprit ? le pompeux ?) selonles débats de circonstance, les polémiques et les époques ? A-t-on cherchéà répertorier les mécanismes, les procédés structurels et narratifs surlesquels il repose ; les genres qui lui sont associés au cours del'histoire littéraire, comme la nouvelle moderne qui refuse « l'embarrasde la construction » (Du Plaisir) et qui recherche la « clarté simpleet dépouillée » (R. Carver) ?

La simplicité paraîtêtre au principe même de la littérature d'enfance et de jeunesse : lesimple n'est pas le simpliste, et l'effort poétique mis en oeuvre chez certainsauteurs pour alléger l'oeuvre jusqu'à l'épure n'est pas la marque d'un défaut etd'une pauvreté, mais le gage d'une audace dont on peut chercher à noter lesprincipes (retour à l'oralité, importance accordée à l'image, travail sur fondd'archétypes familiers…).

Nous interrogerons lanotion de simplicité sur ces bases, sans exclusive culturelle, historique ougénérique.

Quelques références :

Mariane Bury, La nostalgiedu simple. Essai sur les représentations de la simplicité dans le discourscritique du XIXe siècle,Paris, H. Champion, 2004.

Raymond Carver, Les feux (1984), trad. fr., Paris, L'Olivier, 1991 (« Lesfeux » et « De l'écriture »).

Du Plaisir, Sentiments surl'histoire (1683), in Nouvellesgalantes du XVIIe siècle,éd. M. Escola, Paris, GF Flammarion, p. 472-503.

Camille Esmein (éd.), Poétiquesdu roman. Scudéry, Huet, Du Plaisir et autres textes théoriques et critiques duXVIIe siècle sur le genre romanesque, Paris, Champion, 2004.