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La représentation de la diaspora maghrébine et proche-orientale dans la littérature et le cinéma francophones 

La représentation de la diaspora maghrébine et proche-orientale dans la littérature et le cinéma francophones

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Patrick Saveau)

Il n’est plus besoin de souligner la contingence historique du modèle socio-culturel de l’intégration à la française, hérité d’un modèle républicain tenace, dans lequel s’inscrit la problématique de l’immigration dans l’Hexagone.  Si dans la société civile, le débat continu sur l’identité nationale (fondé sur une notion restreinte de laicité) ainsi que la campagne pour les présidentielles de 2012 a pu le montrer, témoignant d’une résistance à remettre en cause l’identité nationale telle qu’elle est considérée par les « souchiens » (Houria Bouteldja), qu’en est-il de la représentation de cette société « multiculturelle »  française et de ses « hôtes » d’origine maghrébine ou proche-orientale, telle que nous la donnent à voir  la littérature et le cinéma en ce 21ème siècle naissant? Sous l’effet des mouvements diasporiques, l’identité culturelle française (genre, ethnicité, sexualité, âge, religion …) telle que nous l’appréhendons à travers les oeuvres littéraires et cinématographiques de la fin du 20ème et du début du 21ème siècle se trouve-t-elle remise en cause par  l’Autre, donne-t-elle lieu à des identité hybrides ou transculturelles, voire à de nouvelles subjectivités ne s’inscrivant ni dans la culture d’origine ni dans celle du pays d’accueil mais les transformant (Fulvio Caccia) et dépassant le concept d’état-nation, comme le constate Appadurai? Selon certains penseurs, l’affirmation identitaire apparaît comme une nécessité de survie pour les non-souchiens dans un modèle républicain qui les déconsidère (Begag) tandis que pour d’autres elle doit se comprendre plutôt comme une volonté de permanence pour « trouver sa place dans un territoire jadis considéré comme ‘mécréant’ » (Bobineau).  Les discriminations actuelles et leur corollaire de revendications identitaires peuvent aussi résulter et être représentées comme le fruit de « guerres mémorielles » (Patrick Weil). Enfin la « protestation virile » islamique ou fondamentaliste qui heurte les organisations oeuvrant pour l’égalité des sexes peut-elle s’expliquer dans le cadre de la diaspora ? Par quels déterminants sociaux et psychiques l’identité masculine et le rôle des femmes se construisent-ils en référence à la religion dans l’imbrication des cultures résultant de l’immigration (Fethi Benslama et Nadia Tazi) ?

Si pour les auteurs issus de l’immigration la prise de parole par l’écriture s’affirmait comme une urgence,  conduisant à une littérature du témoignage, les motivations de la nouvelle génération d’écrivain(e)s ont-elles changé, donnant lieu à une expression plus réflexive et davantage axée sur la littérarité et la narrativité?  Comment les écrivain(e)s et cinéastes issu(e)s de l’immigration se perçoivent-ils/elles dans la société française actuelle?  Quel regard portent-ils / elles sur la génération précédente ? Quelles influences artistiques, philosophiques et politiques révèlent-ils/ elles ?  Quelles contraintes rencontrent-ils / elles face à l’ « establishment littéraire » ?  Par quel symbolisme littéraire et cinématographique, par quelles techniques narratives représentent-ils / elles les conflits identitaires et défis rencontrés par les fils et filles de l’immigration et les nouvelles subjectivités qui en résultent ? Les frontières visibles et invisibles qui distinguent les groupes susmentionnés spatialisent-elles ceux qui y vivent de part et d’autre, tout autant que ceux qui les traversent ? Sont-ils / elles prisonniers d’un exil (Edward Saïd) redoublant celui des générations précédentes ou s’en libèrent-ils / elles ?  Quelles issues réalistes ou utopiques offrent-ils / elles pour faire face aux divisions de la société française et en particulier aux problèmes rencontrés par les jeunes descendants d’immigrés ? De quels signes de reconnaissance ou au contraire de méconnaissance la société et la politique française font-elles preuve à leur égard? Enfin, la spatialisation des corps (masculins et féminins) renforce-t-elle les places assignées aux Français issus de la colonisation ou révèle-t-elle un métissage transculturel?  Comment ces corps font-ils l’objet d’une colonisation interne (Kristin Ross) ou la surmontent-ils et par quelles stratégies sociales, psychologiques, ou narratives?

Veuillez envoyer un résumé en anglais de 300 mots avec vos coordonnées et affiliation institutionnelle ainsi qu’une notice bio-bibliographique d’environ 100 mots, avant le 15 octobre 2012 à Patrick Saveau (psaveau@fc.edu) et Véronique Machelidon (machelidonv@meredith.edu). Le collectif, si accepté, sera publié par Cambridge Scholars Publishing.