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La représentation de l’adolescent/e au théâtre

La représentation de l’adolescent/e au théâtre

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Sandrine Le Pors)

« La représentation de l’adolescent/e au théâtre »
Journée d’étude organisée par Sandrine Le Pors et Marie Garré Nicoara. Université d’Artois – EA 4028 Textes et Cultures – Équipe Praxis et Esthétique des Arts. Le 26 avril 2017.

Cette journée fait suite à d'autres manifestations organisées par le groupe « Praxis et esthétique des arts » de l'équipe d'accueil Textes et Cultures EA 4028 de l'Université d'Artois : de la journée d’étude Figuration, dramatisation et point de vue de l’enfant dans le théâtre moderne et contemporain (organisée en 2012 par Sandrine Le Pors), en passant par  le séminaire interdisciplinaire Danse et enfance (organisé en 2015 par Aurore Heidelberger et Sandrine Le Pors) jusqu’à la journée d’étude Théâtre, adolescence et citoyenneté (organisée en avril 2016 par Marie Garré Nicoara et Brigitte St Georges).

La création pour les adolescents, depuis l’adolescence ou avec les adolescents, de même que la question de l’invention et du renouvellement d’œuvres destinées aux adolescents ne sont pas ici notre sujet, tout passionnants soient les enjeux qui leur sont associés. Sur les diverses relations que les écritures théâtrales entretiennent ou ont entretenu avec la question de l’adolescence, nous en retiendrons une autre : la façon dont les figures d’adolescents et d’adolescentes envahissent les scènes aujourd’hui et ce que cette intrusion nous apprend sur les écritures et sur les scènes.

Comment, au contact de cette figure, les écritures et les scènes, se trouvent-elles troublées, voire ébranlées ? A quels topoï se lie-t-elle volontiers ? Passage de l’enfance à l’âge adulte avec, notamment, la découverte des sens et de la sexualité (comme déjà L’éveil du printemps de Wedekind qui, en son temps, fit scandale), l’amitié adolescente (comme dans Elles deux d’Emmanuel Darley), le désir de fugue (concrétisé, réel ou fantasmé de Bouli Miro de Fabrice Melquiot à S’embrasent de Luc Tartar) jusqu’aux questions des amants fraternels (la relation incestueuse de Kurt et Olga dans Visage de feu de Marius von Mayenburg). Quels espaces (intimes, publics, fermés, ouverts, ruraux, urbains…) nous fait-elle traverser ?  Qu’en est-il de l’espace particulier de la chambre d’ado ? De celui du lycée (visité par son système d’entrée et de sortie géré par une caméra de surveillance dans Zone d’Education Prioritaire de Sonia Chiambretto) ? Selon quelles dynamiques et quelles esthétiques sont envisagés ces espaces (verticalité des poétiques du vertige et de la chute portées par les récurrences du gratte-ciel, de la montagne et du saut dans le vide comme dans Le Gratte-ciel de Lana Saric, par exemple). Quels états des corps met-elle en jeu ? Cela que les figures adolescentes transitent au plateau par des mannequins, des interprètes adultes ou adolescents : Gisèle Vienne (de Kindertotenlieder à Teenage Hallucinations en passant par Jerk), Fabrice Murgia (du Chagrin des ogres jusqu’à Notre peur de n’être), Alain Platel (avec Bernadetje) ou encore Lies Pauwels (Het Hamiltoncomplex).

En quoi la figure de l’adolescent/e – qu’elle soit centrale dans une œuvre ou au contraire fugitive mais laissant d’indélébiles empreintes visuelles ou auditives – permet-elle aux artistes de « donner à voir » de manière toute singulière, et le plus souvent de donner à voir la nature d’un système – la famille, l’école … – en y introduisant une rupture (vécue seul, à deux, ou en bande) ou en y révélant un dysfonctionnement (la famille en déroute dans Les Idiots de Claudine Galea, par exemple) ?  

Comment cette figure – présentée le plus souvent à la marge – déploie-t-elle une parole politique ? En quoi l’adolescent peut-il être aussi porteur d’histoire et d’Histoire ? Qu’est-ce que cette figure en somme déplace dans les discours et dans les corps ? Pourquoi cette figure séduit-elle autant les auteurs et les artistes ?

Les séductions liées à cette figure ne vont pas par ailleurs sans sécrétion d’angoisse. En tant qu’être de transition, l’adolescent nourrit une inquiétude : celle de la mutation, celle encore du renversement. L’adolescent fait trembler le réel, les structures imaginaires que nous habitons, celles que nous pensons stables, protectrices, conservatrices. On pourra par ailleurs inclure la question du jeune adulte (dans le théâtre de Christophe Honoré, notamment), dans nos réflexions. La question adolescente se définit en effet moins dans les œuvres comme une classe d'âge que comme une posture à activer ou à ré-activer. Ce sont ainsi principalement nos protocoles de simulacres, ce qui sépare le vivant de nos artifices, que la figure de l’adolescent ou du jeune adulte nous convie à observer, non sans violence souvent, non sans ironie aussi : de Days of Nothing de Fabrice Melquiot à Visage de feu de Marius von Mayenburg.

Il s’agira à terme d’envisager la figure adolescente sous un angle dramaturgique, autrement dit à la fois comme « ferment pour la pensée » (Lessing) mais aussi comme ce qui étaye la fonction critique de la pratique théâtrale dans nos sociétés.

La journée d’études se veut en deux temps : une matinée de communications scientifiques, suivie d’un après-midi d’ateliers réflexifs menés par des groupes de travail constitués de chercheurs et d’artistes.

 

Les propositions de communication (3000 caractères maximum, espaces compris) ainsi qu’une notice bio-bibliographique sont à envoyer à Sandrine Le Pors (leporssandrine@gmail.com) et Marie Garré Nicoara (marie.garrenicoara@yahoo.fr) avant le 20 février 2017.